L´aspect actuel des bâtiments de la Bintinais est en grande partie le résultat de l´importante restauration effectuée par la famille Ramé autour de 1830. Les travaux récents, des années 1980, lors de l´installation de l´écomusée ont respecté au maximum cet état. Toutefois derrière cette apparence relativement moderne donnée surtout par l´alignement des baies en travées et leur calibrage en hauteur, les nombreux réemplois de matériaux anciens en particulier visibles dans les chaînages des baies révèlent l´ancienneté du lieu et des bâtiments. L´analyse de ces derniers, confrontée à la lecture des pièces d´archives du XVIIe et XVIIIe siècle, effectués lors des prises de possession par de nouveaux propriétaires, permet d´affirmer sans difficulté que l´emprise au sol des édifices a peu changé depuis le XVe siècle.
L´ancienne métairie, les étables et les soues à porcs situées à l´ouest du portail sont encore en bonne partie identifiables aujourd´hui. Le logement du métayer, qui ne comprend au XVIIe siècle qu´une pièce unique a seulement été doublé au cours du XVIIIe siècle. Les deux cheminées adossées visibles actuellement dans cette partie des Bintinais appartiennent à ces travaux d´amélioration, l´une d´elles porte la date de 1832 qui est celle d´une restauration globale par la famille Ramé. A droite se trouvait une étable ainsi que des soues à porcs.
Le portail, à droite de l´ancienne métairie, était surmonté jusqu´au XIXe siècle par un logis en pan de bois composé de deux chambres. L´une au-dessus du passage lui-même, l´autre au-dessus de l´étable voisine du logement du métayer. Ces deux chambres chambres hautes ont disparu aujourd´hui, mais leurs anciens conduits de cheminées encore visibles marquent les limites est et ouest de ce logis-porte. Ces chambres sur le portail font partie en 1625, avec le grand logis seigneurial du fond de la cour et le pressoir, de la retenue de la Bintinaye que se réserve alors la propriétaire Andrée Loret, veuve de René Bazin procureur au Parlement. Elles étaient accessible depuis la cour par un escalier de bois collé contre le mur conduisant à une galerie, c´est à dire à une coursière en encorbellement. Cet organe de distribution fréquent dans les manoirs au XVe siècle, conservé par exemple au reversdu manoir de Launy-bazoin à Saint-Anne sur Vilaine, était encore visible au début du XXe siècle au revers de l´ancien logis-porte de la Mandardière à Pacé, également construit en pan de bois. Ce type de logis-porte en pan de bois semble avoir été relativement répandu au XVe siècle dans le pays de Rennes. Bien peu d´exemples ont survécu mis à part celui du Plessis-Beaucé à la Chapelle des Fougeretz, et les vestiges, arasés juste au dessus des sablières de l´ancien manoir de la Rivière Hagoumar à Chavagne, en bordure de la Vilaine.
A droite du portail le volume de l´ancienne grange et du pressoir est conservé encore surmonté de son ancienne charpente qui peut remonter au XVIIe siècle. Une large reprise de maçonnerie dans la partie droite du mur garde la trace d´un bâtiment en retour vers le sud, encore visible sur le cadastre de 1812, mais déjà disparu sur celui de 1842. Si l´on en croit les inventaires anciens, dans cette partie entièrement détruite de l´ensemble des Bintinais se trouvait un des anciens fours à pain et sa boulangerie et immédiatement à côté de lui, logiquement placée à proximité du plan d´eau du vivier, la buanderie du manoir. Les termes d´un bail de 1625, un des premiers actes décrivant assez précisément les lieux font état de l´obligation faite au fermier de faire la lessive des propriétaires. Ce type de servitude assortie de la construction de bâtiments spécifiques semble aussi avoir été fréquent dans les manoirs de Rennes et des environs : on en trouve par exemple mention à Lillion ainsi qu´à la maison e retenue des Talus.
L´aspect ancien du logis seigneurial au fond de la cour n´est pas donné par les archives vues jusqu´alors qui concernent essentiellement la petite Bintinais. On peut toutefois reconnaître dans l´actuel édifice l´empreinte de l´ancien logis du XVe siècle. La plupart des pierres de taille des encadrements de baies en granite sont des remplois de cet ancien édifice construit soit dès le début du XVe siècle par la famille de la Bintinaye, soit plus tardivement vers 1470-1480 par la famille de Bourgneuf. La pièce du rez-de-chaussée, à gauche a conservé les piédroits remontés d´une ancienne cheminée à larges biseaux et congés sculptés qui la situent vers les années 1480. La cheminée de la pièce voisine au foyer simplement engagé bien postérieure, peut dater du XVIIIe ou du début du XIXe siècle. Enfin celle de la salle basse à l´est conserve directement peint sur son linteau de bois, un décor de guirlandes de fleurs, transposition naïve des décors du Parlement de Bretagne, qui pourrait remonter à la fin du XVIIe siècle.
En fait le logis actuel de la Grande Bintinais est surtout un intéressant exemple de logis de retenue des années 1830, partagé entre le propriétaire et le fermier. Parmi les quatre portes du rez-de-chaussée, la deuxième en partant de la droite ouvre sur un escalier qui conduit à l´étage vers le logement de retenue aménagé après l´acquisition du domaine en 1826 par la famille Ramé. Cette disposition est proche de celle que l´on retrouve à l´ancienne ferme du Grand Champeaux à Rennes, ancien manoir également transformé en retenue avec logis partagé dès le début du XVIIIe siècle. Au bas de l´escalier du logis de la Grande Bintinais, un sas en pan de bois a été dégagé de son torchis lors de la restauration récente du bâtiment afin de montrer les différents modes constructifs employés. Ce sas est à rapprocher d´une porte murée, à gauche qui devait communiquer avec la cuisine du fermier. En fait la pièce à droite de l´escalier, la seule du rez-de-chaussée dont la fenêtre n´est pas munie de contrevents mais d´une grille, devait dans le projet de retenue du début du XIXe, servir de cuisine occasionnelle pour le propriétaire.
L´étage se démarque totalement du rez-de-chaussée. Ses quatre pièces bénéficient d´une double distribution : celle d´un couloir arrière sur toute la longueur de l´édifice ainsi que d´une communication directe des pièces entre elles. Entre les trois pièces principales à ouest une enfilade de milieu en vis-à-vis de deux cheminées identiques, leurs tableaux et trumeaux à pilastres cannelés de style Louis XVI, les plafonds lisses recouverts de plâtre cachant la poutraison confèrent à l´ensemble une certaine solennité une certaine solennité, l´aspect d´un « appartement de campagne », image du goût et du mode de vie de la bourgeoisie rennaise sous la Restauration.