Nombre de dossiers maisons : 90
Nombre de dossiers fermes : 187
La maison paysanne s´intègre à son environnement par ses matériaux issus majoritairement du sous-sol local. Les logis construits antérieurement au cadastre de 1845 sont orientés au sud tandis que ceux construits postérieurement peuvent avoir une orientation différente, souvent sud-est. Ce qui est également notable, avant la première moitié du 19e siècle, c´est la présence de vaste espace de stockage au-dessus de la salle. Ces réserves accessibles par des portes hautes peuvent être emmagasinées sur deux niveaux. Ces greniers dits en haut surcroît sont moins nombreux au 19e siècle sauf dans les fermes situées au Nord du Meu qui possèdent une terre plus favorable à la polyculture. Le lin et le chanvre y étaient aussi cultivés jusqu´à la fin du 19e siècle. Enfin, de nombreux vergers rendent compte toujours de la production importante de pommes à cidre.
Aujourd´hui, comme partout ailleurs, les fermes se sont agrandies de nombreux bâtiments neufs qui sont destinés, pour la plupart, à l´élevage.
Les matériaux de construction
Le schiste
Le poudingue
Le grès
Le quartz
La terre
Le pan de bois
Les matériaux les plus couramment employés dans la construction sont le schiste et le poudingue. Ces pierres pourpres sont de coloration similaire, le poudingue est reconnaissable à son amalgame de petites roches coquillières. Le grès et le quartz sont des pierres plus claires qui sont parfois mis en oeuvre de façon très décorative. Ce qui apparaît de façon plus évidente et surtout à la fin du 18e siècle et au 19e siècle, c´est la combinaison de la terre et de la pierre. Ce phénomène est à signaler car la roche affleure en maints endroits et la terre nécessaire à la construction doit être une terre grasse et riche. La technique mise en oeuvre est celle de la bauge qui nécessite aucun coffrage. La terre est mélangée à de la paille par foulements humains ou animaliers. Des témoignages dans la commune nous relatent encore jusqu´aux années 1940, ces scènes du monde rural ou le voisinage était convié et se rassemblait pour la construction d´un bâtiment.
La conservation de quelques éléments en pan de bois datables du début du 17e siècle est également à noter dans quelques parties hautes de bâtiments. Les halles du château de la châsse, dont nous avons eu un refus d´inventorier, ont gardé une structure visible de pièces verticales, poteaux et potelets avec un remplissage en hourdis.
Les matériaux de couverture
La chaume
L´ardoise
L´ensemble des bâtiments est couvert aujourd´hui en ardoise mais il semblerait dans la plupart des anciens logis qu´elle est supplantée le chaume. La couverture végétale semble avoir disparu entre les deux guerres. Des traces de surélévation, surtout en terre, sont très visibles et indiquent un changement de parti d´élévation pour recevoir la charpente neuve. Ces changements sont attestés vers 1933 à Livriac et vers les mêmes années à la Ville-au-Vêque, la Griochais, la Croix Tertron, La Petite Barre et dans d´autres lieux encore.
De la petite à la grande exploitation, l´évolution du logis
Avant le 19e siècle, où l´on assiste à une évolution notable du mode de vie, une seule pièce abrite la famille. Cette vaste pièce à feu est agencée selon les besoins, les lits sont très souvent placés de part et d´autre du foyer.
Le logis de type élémentaire
Le logis de type élémentaire se définit à Iffendic par une pièce unique, de 30 à 40m2, en rez-de-chaussée éclairée par une seule fenêtre. Cette pièce de vie peut avoir néanmoins plusieurs accès. L´un principal en façade antérieure et l´autre secondaire en façade arrière. Cette deuxième porte mène au jardin. L´exemple présenté (figure 1) à Saint Ahan présente un gabarit type avec sa lucarne pendante qui éclaire le grenier. La pièce unique a été ici cloisonnée sommairement pour l´aménagement d´une chambre. Le cloisonnement de la salle est un phénomène fréquent, au Gacel, (figure 2) la pièce à feu est divisée sur un tiers du volume pour abriter non pas une chambre mais un cellier. Situé très souvent aux abords de village ou de hameaux, ce type de logis se rencontre jusqu´au 20e siècle, comme ceux de la rue de Monterfil (figure3).
Le logis à une seule pièce en rez-de-chaussée et à étage mixte
La présence d´une chambre à l´étage indique un changement de statut social. Le logis présenté au Bout (figure 4) daté de 1657 fait partie des plus anciens logis conservés de ce type dans la commune. A la Griochais, également du 17e siècle, la chambre abritait un prêtre comme le signale le calice sculpté dans la pierre. A la Motte Hénault (figure 5), le logis a subi plusieurs transformations, mais la cheminée de la chambre, datable aussi du 17e siècle, demeure en place. Cette pièce haute était accessible par un escalier en vis en bois. Le blason sculpté sur le linteau de la porte extérieure présente un décor, un coeur sommé d´une croix qui peut également indiquer, mais de façon moins certaine, un logis de prêtre ou de notable.
Le logis et les parties agricoles formant un seul bloc
Ce type que l´on appelle de façon plus courante, la longère regroupe sous un même toit le logis et les étables. Cette longère traditionnelle constitue le prototype courant de la maison rurale bretonne. Les fermes présentées du Haut-Mottay (figure 7) et de la Blosseraie (figure 8) constituent deux exemples caractéristiques. La ferme de la Blosseraie du début du 19e siècle est composée d´une pièce de vie suivie des étables et d´une porcherie en appentis. La fonctionnalité de l´ensemble est visible en façade. Un petit jour pour l´aération et la lumière est ménagé dans le gros oeuvre des étables. Une porte à double battant, d´un gabarit légèrement plus petit, permet l´entrée des bêtes. Un grenier en haut surcroît s´étend sur l´ensemble du bâti.
Le logis à deux portes en rez-de-chaussée et à étage mixte
Ce type de logis à deux portes rapprochées en rez-de-chaussée nécessite souvent une visite intérieure. La répartition des ouvertures extérieures n´indique pas forcément la distribution. Des cas souvent différents ont été répertoriés. Au châtel (figure 6), le logis du 17e siècle présente deux portes réunies au centre de la façade. La distribution a été refaite, mais semble indiquer une pièce de vie à gauche et une étable à droite. La présence de la chambre haute sur une partie de l´étage et d´un canal pour les latrines en façade arrière indique une maison de notable. A la Griochais (figure 10), les portes, d´un gabarit similaire, sont réunies par un linteau monolithique en bois.
L´alignement de plusieurs logis étables, un mode d´organisation communautaire (figures 9,11,12)
La commune est très étendue et de nombreuses fermes se trouvent éloignées du centre bourg. Cet isolement a pu faciliter un mode d´organisation de vie communautaire. La plupart des fermes présente plusieurs logis sur un même site. Ces logis ont la particularité d´être alignés les uns aux autres ainsi que leurs parties agricoles formant de l´extérieur une « rangée » de bâtiments. Ces fermes habitées par des familles souvent différentes disposent d´une cour commune ainsi que très souvent l´usage partagé du puits et du four à pain. Parfois, un premier logis précède l´ensemble, sur lequel viennent se greffer d´autres bâtiments, mais d´autres cas indiquent, dès l´origine, un parti multi-familial, comme au hameau de la Corderie, situé proche du bourg.
Des exploitations modèles
Le logis plus élevé entouré de ses parties agricoles
Les fermes de la Morinais (figure 13) et de la Pommeraie (figure 14) s´apparentent dans leur composition générale. Le logis plus élevé au centre est entouré de parties agricoles. Ces fermes du 19e siècle ont également en commun d´importants espaces de stockage au-dessus de la salle. Deux niveaux de greniers étaient autrefois utilisés pour les réserves. Le soin apporté à l´élévation du logis de la Pommeraie indique une ferme importante et riche
Le logis indépendant des parties agricoles
A partir de la 2e moitié du 19e siècle, se construisent de nouveaux logis de fermes qui respectent les normes de sécurité et d´hygiène prônées par les comices agricoles de l´époque. Le logis du Vaugrassin (figure 15) à l´élévation ordonnancée reproduit les modèles en usage. L´étage semble être, également ici, un niveau de stockage, comme le laisse entrevoir la porte haute centrale qui descend au niveau du plancher.
Les maisons du bourg et de sa périphérie
Sur les 73 maisons repérées dans le bourg, plus de 45% d´entre elles datent des 19e et 20e siècles et seulement 6,5% sont antérieures à cette période. Parmi les belles maisons, celle située, 19 rue de Montfort est datée de 1853 (figure 16). Son décor de frise et de bandeaux habilement mis en oeuvre allège la relative austérité de la façade. Les maisons situées boulevard de la Trinité (figure 17) sont quant à elles significatives de l´adaptation des entrepreneurs aux courants stylistiques. L´appareillage polygonal ou losangique avec des joints apparents est très couramment utilisé dans les années trente. De même la demi-croupe en façade latérale indique la reprise de modèles, diffusés par les revues d´architecture.
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.