La fondation de la paroisse et le fief épiscopal de Rannée
La date de fondation de la paroisse n´est pas connue, le chanoine Guillotin de Corson fait remonter sa création au 10e siècle. Elle renfermait sur son territoire le château et la ville de la Guerche. Cette suprématie paroissiale a subsistée jusqu´à la Révolution, époque à laquelle elle est un temps rattachée à celle de la Guerche pour être de nouveau érigée en paroisse par ordonnance royale du 11 février 1820.
L a présence d´un fief épiscopal sur la paroisse de Rannée est suggérée par l´appellation de la Vigne aux Vêque situé à proximité du bourg. Armand Baron dans son histoire de Rannée nous remémore l´historique du lieu ou de la « régaire » épiscopale de Rannée. Cette histoire fort ancienne remonte à 1075. A cette date, Sylvestre, haut et puissant baron de la Guerche et de Pouancé, se fait homme d´église et est nommé, dès 1076, évêque de Rennes. De sa vaste baronnie, il se réserve pour lui et ses successeurs, un manoir dans le bourg de Rannée avec les terrains qui en dépendent, notamment une vigne dans un village qui fut appelé la Vigne aux Vêques. Ce manoir ou maison des champs, a été détruit et reconstruit à plusieurs reprises. Les sources indiquent une reconstruction pour Etienne de Fougères, évêque de Rennes de 1168 à 1178 puis en 1427 pour Monseigneur de Chantemerle. Ce logis nommé également le manoir des Salles a été de nouveau détruit pour faire place à une habitation élevée vers 1850 et qui a abritée jusqu´en 1951 les frères de l´école chrétienne.
L´église paroissiale saint Crépin et saint Crépinien
L´église de Rannée dédiée à Saint Crépin et Saint Crépinien est l´édifice majeur de la commune. Situé au coeur du bourg, elle a perdue depuis la fin du 19e siècle son enclos paroissial, mais conserve de beaux éléments de la période romane et reprend pour les périodes suivantes les modèles régionaux en vigueur, façades latérales à pignons multiples, pinacles décorés, portail latéral sculpté.
Reconstruite entre 1168 et 1178 suite à un incendie, elle a gardée de la période romane, la façade occidentale, la base de la tour du clocher et le choeur terminé par une abside. La façade occidentale très sobre est épaulée par quatre contreforts. De proportion modeste, le portail présente une mise en oeuvre particulièrement soignée, les claveaux qui forment l´arc brisé sont protégés par une archivolte à billettes. La façade nord remploie également des pierres taillées dont les décors gravés en dents de scie sont au moins de cette période. Le choeur conserve également du 12e siècle, l´arc triomphal, soutenu par des colonnes engagées à chapiteaux ouvragés. Les bas côtés ont été reconstruits aux 16e et 17e siècles. La façade nord est particulièrement intéressante et présente une succession de pignons de gabarits différents dont les gâbles décorés renvoient à l´ art gothique finissant. Le portail nord dans le style de la renaissance avec pilastres et chapiteaux composites est en pierre de taille de calcaire. Les deux contreforts qui l´encadrent sont munis de bas reliefs qui représentent à gauche un donateur agenouillé et à droite saint Crépin ou saint Crépinien. Les ducs de Brissac étaient seigneurs de la Guerche de 1562 à 1673 et la reconstruction de l´édifice est vraisemblablement due au largesse de cette puissante famille. L´abbé Guillotin de Corson mentionne également dans le pouillé historique de Rennes, la présence en 1685 des armoiries des ducs de Brissac, dans la maîtresse vitre, sur un banc seigneurial placé dans le chanceau, sur deux lisières faisant le tour de l´édifice et sur un poteau placé à l´entrée du cimetière.
Les équipements nécessaires
Hormis l´église paroissiale, ce sont les équipements publics, écoles, presbytère qui se détachent de la construction du centre bourg. Très peu d´édifices anciens ont été conservés. Les maisons mitoyennes qui bordent l´avenue de l´église ont été édifiées après 1827, date du premier cadastre. L´école privée des filles qui fait face à l´église a été élevée en 1866 –1867. A cette même date se construit sur la rue de Brétigné à l´emplacement d´anciens logis, une belle demeure bourgeoise avec une aile indépendante de communs. Le logis de l´instituteur de l´école communale qui borde l´avenue de l´Ardenne, en 1905, s´impose également sur la construction vernaculaire plus modeste.
Photographe à l'Inventaire