Canton de Tinténiac
Arrondissement de Saint-Malo
Superficie : 1140 ha
Population 1999 : 412 hab.
Nombre total d'édifices, d'édicules ou d'ensembles repérés : 137 dont 23 présélectionnés pour étude
Les conditions de l'enquête
Cet inventaire préliminaire a été effectué en juin 2006.
Le contexte historique et géographique
L'origine du nom de la commune proviendrait de saint Tugdual, fondateur du monastère de Tréguier et évêque de cette ville au 6e siècle. La paroisse mentionnée dans les sources dès 848 est sans doute de fondation plus ancienne. Enclavée dans le diocèse de Saint-Malo, elle dépendait à ses origines du diocèse de Dol. L´ancienne paroisse située au Vieux bourg a été abandonnée lors de la construction de la nouvelle église paroissiale dans le centre de la commune et la vieille église dédiée à saint Tugdual et à saint Samson a été malheureusement détruite. Le nouvel édifice, dessiné par Edouard Brossais Saint-Marc est dédié, quant à lui, à la sainte Trinité et rend compte de la production de cette époque et du style néogothique quasiment officiel.
La création du nouveau bourg vers 1872, plus au centre du territoire communal, n'a pas bouleversé le réseau des voies préexistantes qui sont mentionnées sur le cadastre de 1835. Le bourg s'intègre au coeur d'un réseau déjà constitué entre le Fort de la Lande et la Croix du Frêne. De nouveaux équipements suivront à l'édification de l'église paroissiale, une école en 1876, le presbytère en 1880 et enfin une nouvelle mairie en 1904.
Le patrimoine de la commune
Des édifices majeurs
Niché au coeur d'un massif boisé, le château du Logis ou encore nommé le château de Saint-Thual est une construction homogène de la deuxième moitié du 17e siècle. L'allure générale, le plan rectangulaire à étage, le rythme des travées et la haute toiture rappellent le style des malouinières dessiné par les ingénieurs du royaume. La façade d'une élégante austérité est quasiment dépourvue de décor, hormis les lucarnes à frontons. Cet édifice majeur a conservé également une partie de son environnement.
Le château de Tourdelin, inscrit Monument Historique dès 1943, est une construction remaniée en 1741. Le plan reprend celui des grands modèles de l'époque classique, un corps central cantonné de deux pavillons qui sont eux-mêmes encadrés de deux ailes plus basses en retour d'équerre. Les proportions amples mais pas ostentatoires évoquent celles du château de Truscat dans le Morbihan. S´y retrouve également le même art de vivre, des accès de plain-pied s´ouvrant sur de vastes jardins.
Un patrimoine rural bien conservé
Un des aspects fondamentaux et caractéristiques de l´habitat rural sur ce territoire consiste en une mise en oeuvre variée des matériaux associant du granite, parfois du schiste et de la terre. Cette mise en oeuvre mixte de la pierre et de la terre, utilisée selon la technique de la bauge, est différente selon les logis et parfois selon les époques. Plusieurs formules ont été rencontrées, parmi les plus récurrentes, soit la répartition des matériaux est irrégulière sur une même façade, soit la façade principale est édifiée entièrement en pierre tandis que les murs latéraux et arrière sont en bauge. Les façades levées entièrement en terre sur un solin de pierre sont plus tardives et datent du 19e siècle, comme la ferme, les Petits Bois. Cette mixité de mise en oeuvre se retrouve également dans l´agencement des portes et des fenêtres. Il n´est pas rare en effet de retrouver sur une même façade des linteaux en pierre et des linteaux en bois. Ceux-ci ne correspondent pas toujours à des modifications du bâti, mais bien à un parti originel privilégiant les conditions pratiques et économiques au détriment de principes plus esthétiques. Quelques cas de décors, portes, fenêtres, souches de cheminées, corbelets emploient du calcaire coquiller provenant des carrières voisines du Quiou en Côtes d´Armor. Cette pierre plus facile à tailler a permis de beaux décors sculptés et se retrouve toutefois dans les logis les plus notables de la commune, dans les châteaux de Tourdelin et de Saint-Thual, mais également à Trésoleil, à la Pommerais et à la Chapelle aux Grignards.
Parmi les autres particularités de l'architecture rurale ancienne, il convient de signaler, comme dans la plupart des communes du canton, le maintien au dessus du rez-de-chaussée d'un espace de stockage très important. Cet espace de grenier, dit en haut surcroît, a la valeur d'un étage habitable.
Les logis de fermes sont aussi très variés et similaires à ceux rencontrés sur le canton de Tinténiac, notamment ceux datés dès 17e et 18e siècles. La plupart de ces logis sont appelés dans nos commentaires, des logis à fonctions combinées car ils réunissent sous une même toiture des parties habitables et des parties agricoles, le plus souvent des étables à vaches ou des étables à chevaux. Parmi ces logis, celui de Tréléau daté de 1660 constitue un référentiel non transformé. A cet habitat mixte, logis et étable, surmontés d´une grange, parfois d´une chambre vient s´annexer parfois un logis supplémentaire, comme à la Chapelle aux Grignards. Ce dernier possède sa propre distribution et de ce fait peut-être autonome du corps principal tout en y étant annexé. Cette famille d'édifices a été notamment bien identifiée sur la commune voisine de Longaulnay. Quelques fermes construites au 19e siècle méritent aussi d´être remarquées, notamment celle de la Pironnais construite en 1823. En somme, le patrimoine rural de la commune demeure encore en place et de belles façades ont été observées.
Photographe à l'Inventaire