La découverte du filon
En 1628, le marquis de Beausoleil, surintendant des mines de Louis XIII, découvre « à Pontpéan (...) une bonne mine de plomb, contenant de l´argent, du vitriol, du soufre, du zinc, de l´arsenic, du mercure »
L´exploitation
1730-1761
Un siècle plus tard, la mine est exploitée. En 1730, la concession est octroyée à Noël Danycan de l´Epine, riche armateur de St Malo qui s´installe au manoir de Carcé, sur la commune de Bruz.
En 1732, 300 ouvriers travaillent à la mine dont 80 mineurs de fond. A cette date, le puits le plus profond atteint 42 mètres. Malgré un bon fonctionnement la société de la mine fait appel à Paris Duverney pour un apport financier supplémentaire. Le problème le plus urgent à traiter est celui de l´eau ; la Seiche, très proche du site inonde sans cesse l´exploitation et les besoins de pompage s´accroissent au fil des années. Joseph Laurent, technicien célèbre pour l´assèchement du marais de Flandre entreprend en 1755 les travaux de détournement de la Seiche.
Un conflit latent entre le financier Duverney et la famille Danycan abouti à la fermeture de la mine par un arrêté du conseil du Roi, le 23 juin 1761.
1765-1794
La concession est rachetée, dès 1765, par la compagnie des mines de Poullaouen à Huelgoat qui l´exploite jusqu´à la Révolution. Le problème de l´eau continue, alors que l´hiver elle abonde et envahit les puits, l´été elle manque pour le nettoyage des minerais. L´ingénieur François Blavon-Duchene réalise alors une dérivation sur l´Ise, un canal de 20 km est crée pour amener l´eau nécessaire. Mais l´énergie hydraulique est insuffisante et en 1794 on décide d´installer une « pompe à feu » alimentée par de la houille.
Durant cette période, le puits du Chapelet descend jusqu´à 117 mètres tandis que les nouveaux puits de St Joseph, La Boulangère et l´Orme sont creusés. La production dépasse alors les 650 tonnes de minerai concentré par an.
Dans les années 1790 le filon, profond, est souvent noyé (3 à 4 mois par an), afin de remédier à ce problème de nouvelles recherches sont entreprises.
En 1794, on décide le creusement du Puits des Républicains qui atteindra 70 m de profondeur en 1796. C'est, paradoxalement, le moment de grandes difficultés pour la mine notamment en raison des troubles révolutionnaires. Les dirigeants sont contraints d´abandonner l´exploitation..
1827-1891
En 1827, la production reprend. La direction est assurée par Aristide Couannier. Il s'associe à la marquise De Brehan.
En 1829, celle-ci obtient par ordonnance royale une nouvelle concession et une association est crée avec pour partenaires Aristide Couannier, la marquise de Bréhan et M. Andelle, homme d'expérience industrielle et banquier à Paris. Cette reprise est un échec, puis que dès 1834 la société de la mine est mise en faillite.
En 1844, les travaux reprennent en surface sous l'impulsion de l'industriel anglais John Hunt ; il s'aperçoit que des milliers de tonneaux de rebuts sont en fait de la galène exploitable et que la blende de la mine contient de l'argent en quantité non négligeable. Hunt apporte à la mine sa compétence technique et ses relations commerciales. Des ouvriers sont engagés et même si les travaux en profondeur tardent, les travaux en surface dégagent de bons bénéfices.
En 1851, des anciens puits sont rouverts. Les années 1860 sont marquées par de considérables profits, la production augmente encore dans les années 1870 avec l´arrivée de l´ingénieur Charles Eloy, devenu directeur, c´est durant cette période qu´on creuse le puits de la République.
1891-1904
L´arrêt
A la mort d´Eloy en 1891, le nouveau directeur, l´ingénieur Maudet, entreprend de lourds investissements (laveries, bureaux, machines). Ces dépenses correspondent à la période de baisse du cours du plomb français, très concurrencé. Ces difficultés, ajoutées à l´inculpation pour détournement du président du conseil d´administration Gicquel, provoquent en 1903 la liquidation de la société. Mais c´est l´ennemi originel de la mine, l´eau, qui aboutit à l´arrêt de l´exploitation lors de l´inondation du 2 avril 1904. Avec l´arrêt, la commune et les communes limitrophes perdent près du quart de leur population.
Entre 1907 et 1928, la société Delambre investit la mine et se spécialise dans les engrais et autres produits chimiques mais cette entreprise, modeste, subit une forte concurrence et est vendu à Jean Dufourg.
Entre temps, la « société bretonne d´études minières » rachète la concession en 1917, et désigne en 1929 Jean Dufourg en tant qu´administrateur. On entreprend alors la construction d´une centaine de maisons destinées à loger 600 mineurs. On décide également l´édification d´un chevalement de 32 mètres, ainsi que la mise en place d´une machine d´extraction et enfin l´installation de pompe de dénoyage. Le raccordement de l´usine au tramway, tout proche, est également prévu. Les puits de Caran, de Bas-Caran et de l´Ardais sont creusés au sud.
Mais seul le dénoyage est entreprit. Jean Dufourg se rend coupable d´une vaste escroquerie, ainsi le site des lotissements servait avant tout d´appât pour inciter les petits épargnants à investir des actions dans la mine. Jean Dufourg est condamné en mars 1934 à 4 ans de prison ferme et 3000 francs d´amende pour escroquerie et abus de confiance.
Le site aujourd'hui
Aujourd´hui la plupart des grandes installations ont disparues, les témoins, les plus ostensibles demeurent les bureaux, le vestiaire des mineurs transformé en église paroissiale, et les logements des différents membres et salariés de l´usine, maison du directeur, maison des ingénieurs, maison d´ouvriers et de contremaîtres. Deux puits pourraient encore être accessibles, celui de la République et celui du Midi. Ils ont été toutefois recouverts, pour des raisons de sécurité, d'une dalle de béton empêchant leur accès. Ces deux sites gardent à leur proximité immédiate des marques de l'activité minière, comme le réservoir à eau, au puits du Midi, qui servait à refroidir les machines à vapeur, ou encore les fondations du chevalement de 1929, au puits de la République. L´inscription en 1985 au titre des Monuments historiques des bâtiments administratifs construits en 1890 a permis de relancer des rêves de mise en valeur du site, mais ces projets soutenus par l´association Galène demeurent toujours à l´état d´étude. Le lotissement ouvrier construit à la veille de la fermeture de la mine est également à signaler car il est significatif de l´architecture de la ville, il en coordonne l´urbanisme et demeure le témoin éloquent d´une reprise industrielle annoncée qui n´aura pourtant pas lieu.
Photographe à l'Inventaire