Famille d'Ardennes et successeurs : Ardennes eut dès le XIIème siècle ses seigneurs particuliers portant son nom et ayant pour armes : d'argent semé d'ancolies d'azur, à la bande chargée de feuilles de houx. Dom Morice, dans Preuves de l'Histoire de Bretagne, nous indique qu'en 1150 Juhel d'Ardennes signa la grande charte d'Henri de Fougères en faveur de l'abbaye de Savigné. En 1163 il donna à l'abbaye de Rillé une terre, avec l'assentiment de ses fils Robert, Olivier et Jacques, et celui de ses petits-fils Raoul et Rogon, fils d'Olivier. Ce Raoul est le dernier des seigneurs d'Ardennes de cette époque, dont on trouve la trace à l'occasion d'une enquête faite en 1210 touchant les droits du baron de Fougères sur la forêt d'Ardennes. Potier de Courcy quant à lui rattache à cette famille d'Ardennes un écuyer du combat des Trente, Guillaume d'Ardaine, qui y fut tué en 1351 du côté des Anglais. Maupillé, dans ses Notices historiques sur les paroisses du canton de Louvigné nous informe que lors du démembrement de la vairie de Louvigné au XIVème siècle, la terre d'Ardennes fut mise en possession du titre de vairie et de sergenterie pour le bailliage de Saint-Georges dépendant de Fougères, avec tous les droits et prérogatives attachés à cet office, consistant principalement dans le droit d'exiger chaque année une gerbe de blé de chaque laboureur du bailliage, une poule de tous ceux qui y faisaient feu et fumée et dix pots de vin. En raison de son office l'obligeant à recueillir les 496 boisseaux d'avoine dus à la baronnie de Fougères, le seigneur d'Ardennes devait lui-même à cette baronnie un quart de muid de vin (environ 205 litres), moitié vin d'Anjou, moitié vin du Maine, conduit au château de Fougères. Le 21 mars 1434 Jean du Houme, chevalier, et Marguerite Bardoul sa femme rendirent aveu au baron de Fougères pour leur terre seigneuriale d'Ardennes et pour la sergentise de Saint-Georges qui s'y trouvait attachée : en 1456 cette dame devenue veuve renouvela son aveu. Mais Marguerite Bardoul convola en secondes noces avec Jean III de Romilley, seigneur de la Chesnelaye en Trans, et lui apporta la seigneurie d'Ardennes pour laquelle ce seigneur ou son fils rendit aveu en 1463. Jean IV de Romilley succéda à ses père et mère dans les seigneuries de la Chesnelaye et d'Ardennes que conservèrent ses descendants. Vice-chancelier du duc François II, il épousa Marie du Buat et mourut vers 1480. Son fils Jean V de Romilley fournit au duc en 1482 le minu de sa terre d'Ardennes ; capitaine de Fougères, il épousa Jeanne de Beaulieu dont il eut Jean VI de Romilley. Jean VI de Romilley, seigneur d'Ardennes et gouverneur de Fougères, mourut en 1516 ; il avait épousé : - 1° en 1485 Marie du Pontglo, - 2° en 1509 Guillemine de Sahur, veuve de Charles de Montecler ; il eut du premier lit un fils nommé Jean qui mourut avant lui, le 18 juin 1515, laissant veuve Gillette de Romilley avec un fils nommé Georges. Ce Georges de Romilley succéda à son grand-père et s'unit : - 1° en 1509 à Renée de Montecler, fille de la seconde femme de ce grand-père (nota : En 1509 Georges de Romilley ne pouvait être qu'un enfant, mais son grand-père stipula son alliance dans son propre contrat de mariage du 3 mai 1509) - 2° à Magdeleine du Han. En 1541, Georges de Romilley se présenta à la montre militaire, « monté et armé en estat d'homme d'armes, accompagné d'un homme monté en estat d'archer, d'un aultre monté à cheval pour coustilleux et d'un page » ; il déclara posséder un revenu noble de 886 livres, mais on lui enjoignit d'avoir « un meilleur cheval et mieux enharnaché » (Mss. de Missirien, Bibliothèque de Rennes). Georges de Romilley rendit hommage au roi en 1548 pour sa terre d'Ardennes dont il fit la déclaration en 1556. Charles de Romilley, seigneur d'Ardennes, fils de Georges et de Renée de Montecler, épousa : - 1° en 1541 Françoise de Couvran ; - 2° en 1558 Esther de la Marzelière. Cette dame était veuve de lui, en 1598, lorsqu'elle rendit aveu au roi pour Ardennes au nom de son fils César dont elle se trouvait tutrice. César de Romilley, seigneur d'Ardennes et chevalier de l'Ordre du roi, contracta alliance avec Françoise d'Orglandes, mourut à Paris et y fut inhumé aux Petits-Augustins, le 11 janvier 1633 ; sa veuve lui survécut jusqu'au 16 avril 1654. François leur fils aîné, premier marquis de Romilley et comte de Mausson au Maine, fit hommage au roi pour la terre d'Ardennes en 1657 ; il avait épousé en 1637 Charlotte de Poilley, fille du comte de Poilley, qui lui survécut et mourut âgée de 80 ans le 4 mars 1703 (Moréri, Grand Dictionnaire historique). Louis marquis de Romilley et comte de Mausson, né des précédents en 1645 et filleul de Louis XIV, fut gouverneur de Fougères et colonel de la noblesse de l'évêché de Rennes ; il épousa : - 1° le 21 avril 1670, Françoise Bon de Meuillon, fille du comte de Montbel ; - 2° le 1er août 1682, Elisabeth de Bellefourière, fille du marquis de Soyecourt (Moréri, Grand Dictionnaire historique). Ce seigneur mourut en août 1695 et sa veuve se remaria à Joseph du Matz, seigneur du Brossay. Adolphe-Charles marquis de Romilley, et comte de Mausson, naquit du premier mariage de Louis. Gouverneur de Fougères, chevalier de Saint-Louis et brigadier d'infanterie, il épousa, le 26 juin 1713, Louise Ranchin et fit hommage au roi pour son marquisat en 1730 ; il mourut à Paris en juillet 1767, âgé de 82 ans. Sa succession fut recueillie par des arrière-neveux Raymond de l'Hospital, comte de Sainte-Mesme et Benoite Aymard de Ravannes, comtesse de l'Hospital (nota : en 1688 Marie Charlotte de Romilley, fille du marquis Louis de Romilley, avait épousé Guillaume de l'Hospital, marquis de Sainte-Mesme). Ceux-ci vendirent le marquisat de Romilley à Emmanuel marquis du Hallay et comte de Montmoron, qui en prit possession à la fin d'octobre 1771 et en fit hommage au roi le 5 décembre suivant. Il paraît toutefois que le marquis du Hallay n'acheta qu'une partie du marquisat de Romilley, car nous voyons en 1776 Joseph vicomte de Saint-Gilles, époux de Thérèse du Fresne, prendre également le titre de marquis de Romilley avec celui de châtelain du Ferré ; plus tard en 1807 le château d'Ardennes fut vendu par l'Etat conjointement avec M. Bertrand de Saint-Gilles et ce château n'avait pas figuré, en effet, parmi les biens confisqués par la Nation sur le marquis du Hallay émigrés. Le marquisat de Romilley : Ardennes avait peu d'importance à l'origine ; en 1597 sa moyenne justice fut même supprimée et l'on combla les fossés entourant le manoir. Mais par lettres de juillet 1633, Louis XIII rétablit cette juridiction, qu'il érigea l'année suivante en haute justice, unissant alors la terre de la Rouaudière en Le Ferré à celle d'Ardennes (Archives du Parlement de Bretagne, 17e reg. 165). Peu d'années après, le même roi, voulant récompenser François de Romilley, unit à ses seigneuries d'Ardennes et de la Rouaudière, celles des Loges, de la Grande Vairie du Ferré et de Moulines, et érigea le tout en marquisat sous le nom de Romilley, par lettres patentes du 11 juillet 1642. Toutefois ces lettres royales ne furent publiées qu'en 1679 à la prière de François de Romilley et de Louis de Romilley son fils « demeurant ensemble à leur château de Romilley en Saint-Georges ». Louis XIV, en décembre 1678, unit à son tour au marquisat de Romilley qu'avait reçu par contrat de mariage son filleul Louis de Romilley, les seigneuries du Plessix-au-Breton et de la Bazouge-du-Désert ainsi que certains fiefs de Poilley ; le roi créa en même temps à la Bazouge un marché tous les vendredis et quatre foires par an aux fêtes de saint Etienne (26 décembre), saint Philippe (1er mars), saint Louis (25 août) et saint Simon le 28 Octobres (Archives du Parlement de Bretagne, 24e reg. 128). Outre ces foires et marchés le seigneur d'Ardennes avait encore une foire et un marché au Ferré et une foire à la Saint-Michel à Ardennes. Le marquisat de Romilley, relevant du roi s'étendait en sept paroisses : Saint-Georges de Reintembault, la Bazouge-du-Désert, Le Ferré, Landéan, Montault, Montours et Louvigné-du-Désert. Sa haute justice s'exerçait à La Bazouge. Au seigneur de Romilley appartenaient dans l'église de Saint-Georges de Reintembault : à cause de sa terre d'Ardennes, une chapelle voisine du chanceau du côté de l'évangile « avec balustres tant sur le chanceau que sur la nef » et renfermant enfeu, banc et armoiries en lisière, en raison de sa terre du Plessix-au-Breton (vendue en 1670 par Charles du Mars, seigneur du Brossay, à Louis de Romilley), un autre banc avec enfeu devant l'autel du Saint-Esprit et enfin à cause de la seigneurie des Basses-Moulines (vendue vers 1600 par Christophe de Lassy, seigneur de Beauvais, à Esther de la Marzelière dame de Romilley), des prééminences avec banc à queue et enfeu dans le chanceau même. En l'église de la Bazouge-du-Désert le marquis de Romilley avait, comme possesseur du Grand fief de la Bazouge les droits de seigneur fondateur avec banc et enfeu armoiries ; il jouissait des mêmes droits et prééminences au chanceau de l'église du Ferré à raison de sa seigneurie de la Rouaudière (vendue vers 1536 par François d'Orange, seigneur de la Feillée, à Georges de Romilley) et de quelques prééminences en celle de Landéan à cause de sa seigneurie de Montdésir. La chapelle d'Ardennes fut bâtie près du manoir par Esther de la Marzelière, veuve de César de Romilley, seigneur de la Chesnelaye, et consacrée le 22 mai 1609 par Mgr Larchiver. Ce jour-là, César de Romilley, seigneur de la Chesnelaye et d'Ardennes, fils de la fondatrice et demeurant à Ardennes, y fonda deux messes hebdomadaires pour chaque dimanche et vendredi, et dota cette chapellenie de 12 livres de rente. Plus tard, on y desservit aussi une fondation de messes faite à l'origine en l'église de Trans par Gilles de Romilley, seigneur du Pontglo. Julien des Granges fut remplacé en 1748 par Pierre Chesnel en qualité de chapelain d'Ardennes. Cette chapelle était en « très mauvais état en 1781 ». Le logis actuel a probablement été construit au 17e siècle, sur des bases plus anciennes dont il reste notamment une tour d´escalier hors oeuvre.
- inventaire topographique, Louvigné Communauté
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Pays de Fougères - Louvigné-du-Désert
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Commune
Saint-Georges-de-Reintembault
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Lieu-dit
Ardennes
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Dénominationschâteau
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Période(s)
- Principale : 15e siècle , (incertitude)
- Principale : 16e siècle , (incertitude)
- Principale : 17e siècle
- Principale : 18e siècle
Ce château était doté à l´origine de douves avec pont-levis, dont il ne reste plus qu´une tour carré hors-oeuvre sur la façade postérieure. Paul Banéat évoque un corps de logis avec un pavillon Renaissance, doté au rez-de-chaussée d'une longue galerie aboutissant à un oratoire. La tour d'esaclier possède les seuls éléments défensifs encore présents sur le site, à savoir deux meurtières au nord et une à l'est. Le bâtiment est aujourd´hui occupé par une ferme, ce qui a entraîné les modifications observées sur la façade de l´ancien logis. On compte un étage carré percé de huit travées de fenêtres. Celles de l´étage ont parfois été bouchées puis dotées de fenêtres plus modestes. Le rez-de-chaussée est marqué par quatre arcs en plein cintre dans lesquels s´inscrivaient des portes, il n´en reste à ce jour que deux. Une porte charretière a été percée sur la partie orientale de la façade. L'ancienne chapelle était un simple rectangle avec fenêtre ogivale au chevet et porte cintrée surmontée d'un écusson en bannière. Construite dans le style de la Renaissance, la chapelle d'Ardennes était enveloppée de lierre d'une pittoresque façon et servait encore à la fin du 19e siècle de station aux processions des Rogations (Pouillé de Rennes).
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Murs
- granite
- pierre de taille
- moellon
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Toitsardoise
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Étages1 étage carré
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Élévations extérieuresélévation à travées
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Couvertures
- toit à deux pans
- croupe
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État de conservationmenacé
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Statut de la propriétépropriété privée
- (c) Conseil général d'Ille-et-Vilaine
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
Documents d'archives
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A. D. Loire-Atlantique. Série B : Cours et juridictions : B 993.
p. -
A. D. Loire-Atlantique. Série B : Cours et juridictions : B 1009.
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A. D. Ille-et-Vilaine, Série P, 9 P 40.
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A. D. Ille-et-Vilaine, Série Q, I Q 62.
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Bibliographie
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BANEAT, Paul. Le département d'Ille-et-Vilaine, Histoire, Archéologie, Monuments. Rennes : J. Larcher, 1929.
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Documents figurés
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Saint-Georges-de-Reintembault. Section C dite d'Ardennes, en deux feuilles, 2e feuille, par MM. Piedvache et Farnègue, géomètres du cadastre. [1834], échelle 1/2500 e. (A.D. Ille-et-Vilaine).
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