Bien représentées sur la commune de Beaucé, les fermes de la seconde moitié du 19e siècle et des premières décennies du 20e siècle présentent des bâtiments organisés en alignement ou autour d'une cour et possèdent les caractéristiques architecturales propres à l’époque : grandes ouvertures réparties suivant une certaine régularité en façade (alignement des baies sur un même axe, symétrie…), usage important du granite taillé à la scie mécanique (encadrements d’ouvertures, chaînages d’angles, bandeaux), faible pente du toit...
Fermes classiques dans leur forme
Les fermes les plus simples dans leur forme adoptent un plan allongé, les différentes parties de l’exploitation se trouvant alignées (la Fumerais, Beaulieu). Conçues dans un esprit voisin, les fermes de Maison Neuve, du Bas-Plessis et de Bel-Air s’en distinguent par leur silhouette particulière : l’habitation à étage carré, surmontée d’un comble parfois habitable, domine fortement l’étable construite dans l’alignement. La ferme de Monvilliers qui présente une façade d’une parfaite symétrie est le seul exemple d’habitation édifiée au dessus de l’étable qui ait été recensé sur la commune. Une autre forme d’organisation des bâtiments dont la Hubaudière et la Blotière fournissent de bonnes illustrations consiste à ordonner les constructions autour d’une cour.
« Fermes modernes »
Plusieurs fermes présentent des dispositions qui les rattachent directement aux « fermes modèles » et « modernes » qui connaissent un fort développement en France entre 1850 et 1914. Ces exploitations visant à augmenter les rendements, à améliorer l’hygiène des logis et des étables sont en rupture avec la tradition. L’organisation rationnelle des fonctions occasionne la dissociation des différentes parties de l’exploitation organisées suivant un plan régulier. On renonce à la cohabitation des hommes et des animaux comme au stockage des fourrages dans l’habitation. De même, on augmente la dimension des fenêtres afin d’améliorer l’hygiène. Dans le Pays de Fougères, le comte Ferdinand de Lariboisière (1856-1931), qui fait figure de pionnier en matière d’agriculture, développe à Louvigné-du-Désert comme à Javené des fermes modèles spécialisées dans la production de lait. Une diffusion des principes modernes alors mis en oeuvre est perceptible dans quelques exploitations de la commune de Beaucé.
Ferme de la Haye
La ferme de la Haye est formée d’un ensemble de bâtiments organisés autour d’une cour. L’habitation (1906) se trouve séparée d’une ample construction adoptant un plan original en L. Ce bâtiment dont une pièce de charpente porte la date 1901 abritait étables, greniers réservés au stockage des fourrages et dépendances. On note la répartition régulière des importants jours aérant les étables comme celle des gerbières donnant accès aux greniers. Les vestiges d’une plate forme à fumier et de cabinets d’aisance sont encore visibles à proximité des bâtiments.
Une grange associée à cette ferme présente une très intéressante charpente datable du 17e ou du 18e siècle dont les poteaux reposent sur de fortes piles de granite.
Ferme de Villeneuve
Située à l’est du bourg, la ferme de Villeneuve est composée d’un ensemble de bâtiments organisés autour d’une vaste cour (plan en U) suivant les principes de séparation des fonctions.
De style ternaire, l’imposante maison à étage carré surmonté d’un comble habitable est très soignée dans sa forme : les murs sont élevés en moellons équarris de granite disposés en assises régulières, le granite taillé ayant été réservé aux encadrements harpés des baies, aux bandeaux, aux souches de cheminées et aux chaînages d’angles. Deux longs bâtiments se faisant face abritent les étables, granges et greniers, fermant la cour sur ses côtés. Les jours destinés à l’aération des étables (granite) et greniers (brique), les portes et gerbières se trouvent disposés à intervalles réguliers sur la façade.
La ferme qui a conservé toute son authenticité constitue sans doute le plus bel exemple de ce type recensé sur la commune. Moins homogène car fortement remaniée, la ferme de la Veslière présente des dispositions voisines.
Notons pour finir le nombre important d’étables conservées sur la commune (la Blotière, la Haye, la Quénoisière, les Hauts Arons…). Ces constructions influencées par les conceptions modernes présentent les mêmes caractéristiques : grandes dimensions, jours d’aération en granite ou en brique disposés à intervalles réguliers, grenier à l’étage.