• enquête thématique régionale, patrimoine des sports
  • étude d'inventaire, Inventaire du patrimoine du Parc naturel régional de la Vallée de la Rance - Côte d'Emeraude
Hippodrome dit "de Marville" ou "de la Côte d’Émeraude", 9 rue Jean-Pierre de Triquerville (Saint-Malo)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne - Saint-Malo Nord
  • Commune Saint-Malo
  • Adresse 9 rue Jean-Pierre de Triquerville
  • Cadastre 2012 AT 89
  • Dénominations
    hippodrome

L’hippodrome de Marville accueille dès 2001 le Trophée vert, compétition de trot de haut niveau disputée en 14 étapes, d’avril à septembre, sur des pistes enherbe. Très réputé, ce « tour de France » sacre chaque année le meilleur trotteur français sur herbe. Au fil des années, le challenge s’est étoffé en proposant, à l’occasion de chaque étape, une course pour les apprentis et une autre pour les amateurs.

L'hippodrome accueille également chaque année la Fête des courses, créée en 2005 par la Fédération régionale des courses hippiques de l’ouest dans le cadre de sa mission de faire connaître le monde du cheval et des courses à un nouveau public. Gratuite pour les enfants, elle se déroule lors d’une journée de courses. C’est l’occasion pour les familles de découvrir un beau spectacle hippique et de profiter de nombreuses animations gratuites pour les enfants dans une ambiance festive et conviviale (structures gonflables, baptêmes de poney, maquillage, distribution de goûters et friandises, jeu du petit pronostiqueur pour découvrir le monde des courses etc.). Cette fête, très importante pour les sociétés des courses, a permis de renouveler la fréquentation des hippodromes en ciblant prioritairement un public familial néophyte. L’objectif étant de faire découvrir et apprécier l’environnement des courses de chevaux comme un beau spectacle à partager en famille ou entre amis, pas seulement réservé aux turfistes et professionnels avertis. C’est également l’occasion de découvrir les coulisses des hippodromes et les métiers qui s’y exercent.

L’hippodrome de Marville, situé à l’est de Saint-Malo, accueille plusieurs fois par an des courses de trot et d’obstacle. Les premières courses de Saint-Malo furent créées en 1840 à l’initiative de riches propriétaires anglais et locaux. Pour ces premières courses, le financement vint du roi, du ministre de l’Intérieur, du conseil général et du conseil municipal, ainsi que d’une souscription ouverte aux habitants, qui permit aux organisateurs de choisir deux hippodromes. Le 16 octobre 1840, à 13 heures, une première course aux clochers (steeple-chase) d’environ 2 km, jalonnée d’un vaste fossé et de vingt obstacles, fut organisée sur le marais Rabot du bas des Masses à Paramé et remportée en huit minutes par Fanny-Hill, montée par son propriétaire M. Darcy. Le lendemain, une seconde journée est organisée avec au programme une course aux barrières en partie liée (épreuve qui se court deux fois, voire trois fois s’il y a une belle), et une course de haies sur la grève du Sillon. Les courses de steeple-chase et de barrières étaient dotées de 800 francs de prix, tandis que la course de haie était récompensée de 400 francs.

Deux ans plus tard, le 15 juillet 1842, la société des courses de l’arrondissement de Saint-Malo est créée avec M. Louis Hovius, maire de la Ville comme premier président. Les 8 et 9 septembre étaient organisées deux réunions de courses. En 1857, deux réunions de courses sont organisées, les 23 et 24 août. La première comporte deux courses de steeple-chase sur la prairie de Marville tandis que la seconde journée comporte une course de trot en partie liée et une course de haies organisée sur la grève du Sillon. Le 16 août 1858, après un tirage au sort entre Rennes et Saint-Malo, c’est la cité corsaire qui accueille le Grand derby de l’Ouest sur la plage. En 1870, la guerre étant déclarée, les courses des 13 et 14 août n’ont pas lieu sur le nouvel hippodrome des grèves de Chasles. Il faudra attendre 1872 pour la reprise des courses. En 1876, les courses ont de nouveau lieu sur la grève du Sillon. De trains amènent les spectateurs de Paris. Par la suite, les courses se dérouleront sur la grève de Chasles.

Malheureusement, ce terrain se transforme en un vaste marécage dès qu’il pleut. La société des courses de Saint-Malo décide donc de déménager l’hippodrome. Les terrains convoités sont ceux de Marville appartenant à la famille Surcouf et dont la Ville a déjà acquis une parcelle. Le 9 janvier 1904, le Conseil municipal décide d’aider la Société, alors présidée par Arthur Leroux, afin qu’elle puisse acheter ce terrain. L’arrangement stipule qu’au terme de l’amortissement, soit à la fin des trente années de l’emprunt, la Ville de Saint-Malo en deviendra le propriétaire. L’inauguration du nouvel hippodrome a lieu le 15 août 1904. Un meeting aérien et trois courses sont organisés. Il est situé à proximité des terrains marécageux de la grève de Chasles, sur la prairie de Marville et sur l’enclos des Hauts-Sablons. On construit une tribune pouvant accueillir 660 spectateurs et 12 boxes. Une piste de 1 200 mètres est dessinée. En 1906, on construit une deuxième tribune avec 10 boxes aménagés sous les gradins.

En 1908, la Société des courses achète l’abattoir et la ferme de la Ville-Alis pour pouvoir agrandir le site et construire de nouvelles tribunes en béton armé à l’ouest de celles existantes. Au cours des années le nombre de réunion va augmenter. En 1925, cinq journées de courses sont organisées, l’année d’après compte une réunion supplémentaire. En 1929, une septième journée est ajoutée. En 1939, l’hippodrome de Dinard, créé en 1885, ferme, laissant ses courses à Saint-Malo. En 1970, les courses de Matignon sont organisées à Marville. Au début des années 2000, d’importants travaux de rénovation sont entrepris. Avec ces nouveaux aménagements l’hippodrome se classe en première catégorie et accueille des courses PMU (Pari mutuel urbain). Aujourd’hui, grâce à l’implication des bénévoles, la société des courses de Saint-Malo organise quinze journées de courses par an, dont neuf « Premium », en avril, mai, juin, juillet, août et novembre, en trot, galop plat et obstacle (haies).

[Philippe Bonnet, étude d'inventaire, 2014]

En 2021-2023, l'hippodrome est l'objet d'importants remaniements : la tribune est et ses 10 boxes est détruite en 2021, suivie en cela par la buvette et les anciens boxes au sud, remplacés par des immeubles de logement en 2022. Des boxes neufs, un nouveau rond de présentation sont projetés pour 2023.

[Lionel Besnard, étude d'inventaire topographique, 2023]

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle

L’hippodrome de Marville est constitué de plusieurs bâtiments destinés à l’administration et au contrôle des courses, ainsi qu’à l’accueil du public et des professionnels.

Au sud des pistes se trouvaient, en 2014, trois bâtiments :

- le premier (à l’ouest) regroupe la partie gestion et contrôle des courses avec le secrétariat, le bureau des engagements, le pesage, les bureaux des juges, commissaires et sociétaires, le local presse, etc. A l’étage se trouve un restaurant panoramique. Il est construit en béton armé et est décoré d’un bardage en bois.

- Au milieu se trouve une tribune avec à son extrémité ouest la tour de contrôle qui permet aux commissaires et juges, au photographe et au cameraman d’observer et de contrôler les courses. Elle fut construite en 1908 en béton armé. Derrière se trouvent les anciens boxes sous les gradins et les guichets des paris mutuels qui viennent se greffer à l’ouest sur la façade sud. Les anciens boxes sont construits en moellon de granit avec des encadrements de baies harpés en briques rouges. L’espace parieur est construit en béton de ciment avec un toit en tôle sur une ossature en bois. Un auvent en tôle et ossature en bois court le long de cette façade sud.

- A l’est se trouvait une deuxième tribune construite en 1906 en béton armé et protégée d’un toit à un versant également en béton. Au dos, sous les gradins, étaient aménagés 10 boxes. Elle a été détruite en 2021.

Au sud du site se trouvait une buvette construite en aggloméré de ciment et couverte d’un toit à quatre pans en ardoise soutenu par une charpente en bois. Elle a été détruite en 2022.

Au sud-ouest se trouvaient les boxes répartis dans quatre bâtiments. Les deux plus anciens étaient construits en moellon de granit avec des encadrements de baies harpés en brique rouge et une couverture à deux versants en ardoise. Les deux autres bâtiments étaient construits en bois et couverts d’un toit à un versant en tôles ondulées. Ils ont tous été détruits en 2022.

L’hippodrome en 1ème catégorie offre aux professionnels une piste de trot en sable de 1 325 mètres de long à la corde sur 20 mètres de large avec une ligne droite 300 mètre, ainsi qu’une piste en herbe de 1 471 mètres de long sur 18 mètres de large avec une ligne droite de 3000 mètre et la corde à droite.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
Date(s) d'enquête : 2013; Date(s) de rédaction : 2014, 2023
Articulation des dossiers