Après la loi sur les congés payés de 1936, l’espace balnéaire n’est plus l’apanage des seules élites. Déjà, le krach boursier de 1929 avait provoqué la fuite de la clientèle aisée anglo-saxonne, et les recettes en berne des casinos ou les projets inachevés des Sables-d’Or à Fréhel ou de la Vicomté à Dinard avaient orienté les municipalités vers une ouverture des installations balnéaires à des clientèles moins fortunées. Le développement de l’hygiénisme et de l’enseignement du sport encourage la construction de piscines : sur le front de mer, la plage du Bon-Secours à Saint-Malo accueille une piscine d’eau de mer tirant habilement partie de la topographie et de la marée, et permet de prolonger la baignade lorsque la mer se retire. Son insertion dans le site naturel est particulièrement réussie : le bassin de natation forme une ligne brune supplémentaire dans le paysage, qui se confond avec les roches émergentes sans perturber la vue en direction du fort du Petit Bé.
[Véronique Orain, Lionel Besnard, étude d'inventaire topographique, 2023]
Photographe à l'Inventaire