Les légendes des saints fondateurs bretons ont largement dépassé le haut Moyen Âge qui les a vues naître, et se transmettent jusque dans des commandes contemporaines. En 1953, en effet, Xavier de Langlais (1906-1975) réalise le décor de l’église paroissiale Saint-Clément de La Richardais, endommagée pendant la Seconde Guerre mondiale. Entre expressionnisme et emprunts à la tradition, deux très grandes fresques encadrent le chœur et réunissent dans des compositions grandioses les prédications et miracles des vies de saint Lunaire et saint Malo. On y voit Lunaire baptiser un enfant, libérer une jeune fille du Malin et organiser, sous les auspices d’un oiseau qui lui avait apporté un épi de blé, le défrichement avec l’aide de douze cerfs des terres de son monastère. Malo, de son côté, accompagné de ses compagnons, redonne vie à un homme et favorise, par ses prières, des récoltes abondantes. Décorateur religieux prolifique (18 églises et chapelles décorées entre 1932 et 1972), Xavier de Langlais est rappelé deux ans plus tard en 1955 pour réaliser le chemin de croix, pour lequel il réédite un choix innovant qu'il avait expérimenté à Lannion (chapelle Saint-Joseph) entre 1936 et 1938: le chemin de croix est traité en frise, ce qui lui confère une grande force plastique et décorative.
- étude d'inventaire, Inventaire du patrimoine du Parc naturel régional de la Vallée de la Rance - Côte d'Emeraude
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Dossier non géolocalisé
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Précisions
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Aires d'étudesParc naturel régional de la Vallée de la Rance - Côte d'Emeraude
Alors que les combats de 1944 abiment sérieusement l'édifice néogothique primitif (clocher détruit, voûte effondrée), l'église Saint-Clément bénéficie dans les années 1950 d'un programme de rénovation ambitieux. En 1953, la collaboration du recteur Juhel avec les architectes Henry Couasnon (1910-1983) et le jeune Georges Maillols (1913-1998) aboutissent à l'importante commande de décors peints à Xavier de Langlais. La renommée de ce dernier dans le domaine du décor religieux est alors croissante, depuis les éloges de la revue "L'Artisan litturgique" en 1939 et les réalisations de Lannion ou Saint-Brieuc. C'est l'occasion pour l'artiste d'expérimenter pour la première fois la technique de la fresque, option qu'il avait envisagée dès 1933, encouragé par l'architecte James Bouillé, son collaborateur au sein de l'Atelier Breton d'Art Chrétien. Langlais puise également dans une iconographie (les saints bretons) qu'il a eu l'occasion de traiter par son activité de graveur sur bois, œuvre qui bénéficie de l'émulation née de la participation de l'artiste au groupe des Seiz Breur. Entre juillet et septembre 1953, les deux peintures monumentales de saint Malo et saint Lunaire dans le transept sont réalisées: la genèse méticuleuse du décor depuis les premiers croquis jusqu'à la mise au carreau est documentée par plusieurs dessins. On fait de nouveau appel à Xavier de Langlais en 1955 pour le chemin de croix, œuvre qu'il peint dans la nef entre février et août 1955. A cette occasion, un film documentaire est réalisé : "Renaissance de la fresque", André de Beaumont, 1958.
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Période(s)
- Principale : 3e quart 20e siècle , daté par travaux historiques
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Auteur(s)
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Auteur :
Langlais Xavier deLanglais Xavier deCliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
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Auteur :
Les deux peintures monumentales du transept sont inspirées des vitae de saint Lunaire et saint Malo, dont les villes éponymes sont proches de la Richardais. Lunaire est représenté en saint défricheur et bénissant, Malo en évangélisateur et en cavalier voyageur. Les thèmes de la difficulté de l'installation en Armorique, de l'organisation de l'agriculture, du renouveau d'une société et de la christianisation sont traités avec audace picturale et simplification rhétorique. Le recours à des motifs curvilignes répétés ou le graphisme du titre rappellent les entrelacs des manuscrits irlandais. L'emploi de cadrages coupés sont l'une des rares concessions de l'artiste aux innovations picturales du modernisme (il semble s'être inspiré de "la Vision après le Sermon" de Gauguin), pour le reste Langlais se place dans l'héritage des traditions de la Renaissance ou du Moyen Âge. L'ensemble des stations du chemin de croix sont réparties dans deux frises ininterrompues sur les murs nord et sud de la nef, où le même parti expressionniste et décoratif est décelable.
- (c) Région Bretagne
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
Bibliographie
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DELOUCHE, Denise, COLLET Françoise. Le décorateur des églises bretonnes. In : Xavier de Langlais et la Bretagne. Sous la dir. de Denise DELOUCHE. Spézet : Coop Breizh, 1999.
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BLOT R. L'église Saint-Clément de la Richardais. Bulletin de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne, 2011.
p. 583-591 -
DELOUCHE D. Xavier de Langlais et le décor religieux. Bulletin de la Société Archéologique d'Ille-et-Vilaine, 2000.
Photographe à l'Inventaire