Emblématiques à la fois des recherches en architecture religieuse consécutives à Vatican II et du contexte du développement des villes d'Ille-et-Vilaine à la fin des années 1960, avec l'aménagement de Z.U.P. à Rennes, Fougères ou Redon, les sept églises à plan "alvéolaire" du diocèse de Rennes construites entre 1970 et 1972 constituent une réponse originale aux problématiques que l'Eglise catholique rencontre à cette période. En rupture totale avec le modèle basilical à clocher, elles représentent une alternative singulière adaptée aux problématiques de coût, de rapidité d'exécution, d'adaptabilité aux exigences d'une liturgie renouvelée, d'intégration à l'environnement immédiat ainsi qu'une tentative innovante d'introduction du vocabulaire artistique contemporain.
Alors que la revue "l'Art Sacré" développe au même moment une véritable pédagogie de la réforme, l'un de ses principaux rédacteurs, le père Capellades, publie en 1969 un "Guide des églises nouvelles en France", dans lequel il écrit: "Depuis des années nous essayons de greffer sur l'organisme urbain des organes ruraux qui lui sont totalement étrangers". Avec leur grammaire de béton moulé et préfabriqué, leur décor élaboré par le sculpteur Francis Pellerin, leur plan libre et inédit, leur absence de clocher et leurs silhouettes excluant toute monumentalité, à l'inverse des immeubles voisins, ces programmes entendaient apporter des solutions à cette affirmation, ainsi qu'aux trois objectifs établis par le diocèse pour les nouveaux quartiers: coût, rapidité et adaptabilité.
Alors que neuf projets sont initialement prévus (celui de Vitré et Route de Lorient à Rennes sont abandonnés), sept églises sont ainsi bâties:
- Saint-Marc, Sainte-Elisabeth, Saint-Marcel et Saint-Benoît (Rennes, quartiers de Villejean et Z.U.P. Sud - Aujourd'hui le Blosne-)
- Saint-Julien-Maunoir et Sainte-Madeleine (Fougères)
- Saint-Charles (Redon)
Si le même procédé constructif répété aux sept programmes par l'entrepreneur Ducassou et l'usage des mêmes panneaux de béton fabriqués par l'usine C.I.A.B de l'Hermitage conféraient à ces "centres paroissiaux" nouveaux un langage commun, chaque projet bénéficie de la création unique d'un artiste pour l'aménagement du choeur: à cet effet, le nouvel office diocésain des Nouvelles Paroisses retient sept artistes "dont l'esprit et la compétence doit permettre d'assurer au mieux l'unité entre leur création et l'environnement architectural".
Suscitant dès leur construction un vif intérêt, plusieurs autres projets livrés par l'entreprise Ducassou ont vu le jour dans les années suivantes à La Baule (Sainte-Thérèse, 1972), Saint-Nazaire (Saint-Paul, 1973) et Le Mans (Saint-Bernard des Sablons, 1977). En 1970, on peut lire sur la brochure d'appel aux dons éditée par l'Office Diocésain des Paroisses Nouvelles: "Ces locaux de culte représentent une réalisation très nouvelle. Leur conception, leur technique sont audacieuses, et ne sont guère contestées. De tous côtés, on s'y intéresse: des visiteurs, des techniciens sont venus, non seulement de diocèses de l'ouest, mais de l'agglomération parisienne, d'Allemagne".
L'église Saint-Marc de Rennes a été détruite en 2017, alors que les églises Sainte-Elisabeth de Rennes et Saint-Julien-Maunoir de Fougères ont été désacralisées.
En 2023, le ministère de la Culture retient les six édifices encore en élévation pour le label "Architectures Contemporaines Remarquables".
Sculpteur installé à Rennes, Premier Grand Prix de Rome en 1944, professeur de sculpture à l'école des Beaux-Arts et à l'Ecole d'Architecture de Rennes. Auteur de 30 à 40 "1%", essentiellement en Bretagne.