Fait culturel majeur des XIXe et XXe siècles, le tourisme balnéaire a profondément transformé le visage de nos côtes. Initialement réservé aux élites, il se popularise au rythme des mouvements sociaux qui caractérisent les années d’après-guerre. Avant l’instauration de la Loi relative à l'aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral en 1986, qui régule le développement urbanistique sur ces territoires, les côtes deviennent le terrain d’expérimentations architecturales souvent singulières. Parmi elles, les lotissements et villages de vacances représentent un mode d’hébergement collectif qui se développe dès les années 1930.
Atout majeur de l’attractivité touristique des villes, l’architecture balnéaire demeure un patrimoine dont la diversité et la richesse sont encore largement méconnues. Bien que souvent critiqués sur le plan esthétique et parfois qualifiés de « verrues architecturales » dans un paysage littoral idéalisé, les lotissements de cabanons et les villages de vacances représentent pourtant des patrimoines précieux, contribuant à la mixité sociale et à la vie en communauté. De plus, les enjeux liés à leur entretien, à leur conservation et à l’évolution de leurs usages les confrontent à de nouveaux défis pour les années à venir.
Grâce à un partenariat avec l’Université Rennes 2, au travers du co-financement de la thèse de doctorat de Mathilde Robin (convention CIFRE), la Région Bretagne engage une étude d’Inventaire dont le bornage chronologique s’étend de 1930 à 1986. L’objectif est de renouveler et d’enrichir le regard porté sur l’architecture balnéaire en focalisant l’étude sur sa dimension populaire et sociale à l’échelle du territoire de la Bretagne administrative. Ponctuellement, des exemples voisins pourront étayer l’analyse de manière pertinente.
Le parti pris d’une enquête thématique régionale encourage le croisement des échelles d’analyse allant du micro-local (l’architecture et son environnement d’implantation, son rapport à la côte, son insertion dans le tissu urbain ou en situation isolée) au local (le rapport à la ville, au port, aux réseaux de circulations, etc…) afin de proposer une lecture d’ensemble (émergence de tendances ou, au contraire, de particularismes locaux).
L’enquête repose sur un repérage exhaustif des lotissements et villages de vacances sur l’ensemble du littoral breton. A la suite de cette première lecture, la mobilisation d’un ensemble de critères de sélection (identification des acteurs de la construction et/ou personnes liées à l’œuvre, accessibilité des sources et des archives, qualités spatiales et/ou esthétique de l’œuvre, etc…) permet de dégager les dossiers qui font l’objet d’une étude plus approfondie. Au lancement de l’opération d’inventaire, ce corpus restreint d’éléments à étudier comprend une vingtaine de sites et est susceptible d’évoluer au cours du temps.
La connaissance des sites se co-construit avec les professionnels du patrimoine et les usagers. Cette dimension collective est essentielle et s’inscrit en renfort de l’aspect mémoriel, notamment lorsque la documentation classique (documents d’urbanisme, plans, permis de construire, etc…) n’existe pas ou n’est pas accessible. Ainsi, chaque site peut donner lieu à l’organisation de collectage (d’archives privées, de témoignages, etc…). En outre, des temps d’échanges et de médiation sont organisés tout au long de l’enquête pour restituer la connaissance auprès des publics.