Une chapelle, dont la dédicace viendrait d´une statue de la Vierge trouvée dans un mûrier, existait anciennement au Bourg de Batz. Dans une supplique adressée au pape, Jean V souligne la dévotion des habitants du lieu pour le sanctuaire, ruiné par le malheur des temps, et indique qu´on a entrepris de le reconstruire à neuf. En 1442, Eugène IV accorde deux ans d´indulgences à tous les fidèles qui visiteront la chapelle et contribueront par leurs aumônes à son édification. La personnalité de Jean de Kerguz, moine bénédictin de Landévennec et premier chantre de la chapelle ducale, nommé la même année prieur de Batz à la demande de Pierre II et toujours titulaire du prieuré en 1459, n´est sans doute pas étrangère à la qualité de l´oeuvre, non moins que la prospérité de la presqu´île guérandaise, due au commerce du sel. En 1478, l´édifice est achevé : on peut y célébrer le culte et procéder à des enterrements. Il est donc contemporain de la nef de l´église Saint-Guénolé voisine, reconstruite par les paroissiens vers 1460-1470. En 1496, un bref signé de quinze cardinaux accorde cent jours d´indulgence à ceux qui visiteront la chapelle et qui auront contribué à ses réparations. L´époque moderne n´apporte que des retouches mineures : la maîtresse-vitre est réparée en 1677, la verrière ouest en 1698. La première sera partiellement murée vers 1740, sans doute pour y adosser un retable. À la Révolution, la chapelle devient salle du conseil municipal. Elle est rendue à la fabrique après le Concordat, mais ne sert plus au culte. En 1820, une tempête emporte une partie de sa toiture. Le conseil de fabrique décide de vendre les matériaux de celle-ci et de fermer la chapelle, dont le mobilier est dispersé. Au début du 20e siècle, le curé envisage une restauration complète de la chapelle pour en faire une annexe de l´église paroissiale, mais les travaux n´obtiennent pas l´aval du service des Monuments historiques. Les ruines, dont l´architecte Charles Chaussepied avait dressé en 1893 de beaux relevés et des projets de restitution, font l´objet de travaux de conservation en 1902, et sont à nouveau consolidées en 1933.
- enquête thématique régionale, L'architecture gothique en Bretagne
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Dénominationschapelle
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VocablesNotre-Dame-du-Mûrier
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Période(s)
- Principale : 3e quart 15e siècle
Plan et ordonnance intérieure La chapelle se compose de trois vaisseaux séparés par des files de colonnes. Vaisseau principal et collatéraux sont divisés en deux parties égales par des arcs-diaphragmes : à l´ouest, une nef de trois travées ; à l´est, un choeur également de trois travées, dont les bas-côtés se terminent par des pans de murs obliques, l´ensemble formant un chevet à trois pans, suivant un parti original qu´on retrouve à Saint-Aubin de Guérande. L´édifice n´a jamais été voûté : il était couvert d´une charpente lambrissée. Les arcades retombent en pénétration dans les piles, qui sont entourées à la base de bancs en granite. D´autres banquettes de pierre sont alignées le long des murs gouttereaux. Outre les trois verrières du chevet et celle de la façade ouest, deux rangs de lucarnes passantes assuraient l´éclairage, le premier dans les bas-côtés, le second, de dimensions plus modestes, dans les murs gouttereaux du vaisseau principal, au droit des deuxième et quatrième piles. L´une d´elles a conservé son remplage, constitué de deux lancettes trilobées surmontées de deux mouchettes encadrant un soufflet. Ordonnance extérieure L´édifice est bâti en grand appareil de granite. La façade occidentale est rythmée par quatre contreforts à retraites talutées, ceux qui encadrent le portail étant plus élevés, amortis en mitre et creusés sur leur face interne d´une mince et élégante arcade tréflée. La partie centrale est entièrement occupée par un portail monumental comprenant une porte à pilier central, doté d´une niche à dais, et une fenêtre en tympan, inscrites dans la même embrasure à multiples ressauts. L´archivolte des portes géminées, en anse-de-panier, est ornée d´une accolade à fleuron, comme celle du tympan en tiers-point. L´ensemble est couronné par un gâble fleuronné aux rampants ornés de choux frisés. Un clocher-mur à baie unique somme le pignon. Les parties latérales sont dissymétriques : au nord, la couverture en appentis annonce la disposition interne du collatéral ; au sud, celle-ci est masquée par un mur-écran, scandé par plusieurs bandeaux horizontaux et couronné par un chemin de ronde, assurant la liaison entre la vis circulaire, coiffée d´une flèche octogonale en pierre, qui occupe l´angle sud-ouest, et l´escalier extérieur ménagé dans l´épaisseur du rampant de pignon et desservant le clocher. Les élévations latérales sont également très soignées. Au nord, une porte en anse-de-panier à accolade et fleuron encadré de deux culots, inscrite dans une embrasure en tiers-point sommée d´un gâble, version réduite du portail occidental, donne accès à la troisième travée du bas-côté de la nef. Au sud, une porte d´un modèle plus simple ouvre sur la première travée du collatéral du choeur. L´existence de deux registres de lucarnes passantes est probablement un unicum. Le chevet plat du vaisseau central est encadré par deux contreforts dont l´un est encore amorti par un pinacle. La baie en tiers-point qui l´éclaire, murée sur la plus grande partie de sa hauteur, laisse encore voir le départ des trois meneaux qui la divisaient en quatre lancettes. Ses colonnettes présentent des bases en flacon. But d´un pèlerinage fréquenté par les habitants de la presqu´île guérandaise, la chapelle du Mûrier, reconstruite dans les années centrales du 15e siècle, constitue, malgré son état de ruine, un remarquable et très homogène échantillon de l´architecture flamboyante. Plus qu´avec le chantier, contemporain, de la cathédrale de Nantes, elle semble entretenir des liens stylistiques avec les évêchés de la Bretagne méridionale, Vannes et surtout Quimper d´où le prieur Jean de Kerguz était originaire. Comme dans les grandes chapelles cornouaillaises, la partition de l´édifice en deux espaces d´ampleur équivalente est fortement marquée par un arc-diaphragme, et elle était accentuée à l´origine par la présence d´un jubé. L´usage des arcs à pénétration y semble relativement précoce.
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Murs
- granite
- grand appareil
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Plansplan régulier
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Étages3 vaisseaux
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Statut de la propriétépropriété de la commune
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Protectionsclassé MH, 1862
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Précisions sur la protection
Chapelle Notre-Dame-du-Murier : classement par liste de 1862.
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Référence MH