• inventaire topographique, ville de Vannes (secteur sauvegardé)
Hôtel-Dieu ou hôpital Saint-Nicolas, rue Saint-Nicolas (Vannes)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vannes
  • Hydrographies sur le ruisseau de Rohan
  • Commune Vannes
  • Adresse rue Saint-Nicolas , place du Général de Gaulle , rue Alain Le Grand , rue Francis Decker
  • Cadastre 1807 I2 614 à 621 ; 1844 K4 864 à 881 ; 1980 BO 249 à 251, 254, 257, 260, 313, 334, 437, 468, 471 à 473, 487, 513, 514
  • Dénominations
    hôtel-Dieu
  • Genre
    d'augustines
  • Vocables
    Saint-Nicolas
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, chapelle, édifice hospitalier

Aujourd´hui presque invisible aux yeux du commun, l'hôpital Saint-Nicolas offre le grand intérêt d´avoir conservé des vestiges de sa structure médiévale, ainsi que le grand corps construit au 17e siècle pour les augustines de Dieppe qui le prennent en charge dès 1636. Après la disparition de l´hôpital Saint-Yves et les transformations radicales de l´Hôpital Général (St-Louis, Chubert), il est encore aujourd´hui le mieux conservé des hôpitaux vannetais de l´Ancien Régime.

Etabli hors les murs près de la Porte-Prison, l'hôpital Saint-Nicolas était situé le long de la route principale desservant Vannes, provenant de Rennes, Nantes et Pontivy. Il occupait tout l'îlot compris entre la rue Saint-Nicolas, la rue Alain Legrand, l'actuelle place de Gaulle et la rue Decker. Cependant les vestiges de la rue Decker et de la rue Alain Legrand ayant disparu, les bâtiments qui leur ont succédé sont traités à part. Il ne reste aujourd'hui des vestiges que sur la partie sud de la rue Saint-Nicolas et le long de la place du général de Gaulle.

Bordant le versant sud de la rue Saint-Nicolas, l'hôpital médiéval était formé d'une chapelle à l'est prolongée sous le même toit du bâtiment abritant les salles de malades. Ce dernier subsiste en partie : doté d'un étage carré il se composait sans doute d'une salle haute sous charpente, comme en témoigne la charpente autrefois lambrissée qui subsiste ; les fermes qui la composent accusent aujourd'hui une forte déformation probablement consécutive à la destruction de la chapelle en 1802 qui a modifié l'équilibre de la charpente (destruction d'un mur de refends ?). Cette partie sous charpente fut sans doute plafonnée assez rapidement ; en effet, une tour d'escalier postérieure polygonale dont on ne distingue plus que la partie supérieure (IMG 2699, 2736), distribuait l'étage et probablement le comble : elle abrite un escalier en vis très remanié qui aujourd'hui, ne distribue plus que l'aile sud, également très reprise. Le plan ici adopté, chapelle suivi de la salle des malades ouvrant directement sur la chapelle, est une structure fréquente dans les hôpitaux médiévaux et se retrouve encore intacte à l´hôpital Frémeur de Quimperlé.

Mieux conservée est l´aile Est dénommée sur le plan de Brunet-Debaines : maison principale, construit pour les religieuse de Dieppe au milieu du 17e siècle. Ce grand corps de logis à deux étages carrés est enduit, avec des ouvertures en calcaire (lucarnes, piédroits des fenêtres, exception faite des linteaux de fenêtres, de la porte et des grandes arcades sur la cour postérieure, en granite. Il est couvert d´une toiture à croupes au sud et mitoyenne au nord. La façade sur rue à 6 travées est ordonnancée. La distribution actuelle est sans doute le reflet de celle d´origine : la porte médiane sur rue distribue un escalier en bois à retours sans jour dans une cage en pan de bois ; outre un sous-sol plafonné et la cour en contrebas par l´intermédiaire d´une arcade, cet escalier devait desservir au moins une salle hospitalière de chaque côté au 1er étage. Sur la cour est conservée une série d´arcades en plein cintre aujourd´hui bouchées reposant sur des piles carrées à tailloir. Ce sont les vestiges des arcades du cloître qui se prolongeait au sud (dénommée ainsi sur le plan de Brunet-Debaines). Ces arcades qui ouvraient sur une galerie sont surmontées de deux étages de fenêtres en granite d´un module très différent de celui des ouvertures sur rue. Leur base est soulignée d´un bandeau en pierre de taille de granite. Ces arcades et fenêtres ne sont pas sans évoquer celles du couvent des ursulines, construit peu auparavant ou les arcades de la Visitation, du milieu du 17e siècle. Une série de lucarnes en calcaire terminent l´élévation ouest. L´intérieur des étages n´a pas été vu, mais la salle au rez-de-chaussée nord conserve une cheminée d´origine en granite à piédroits galbés.

La galerie à arcades correspondait directement avec la chapelle détruite : en effet, une arcade est encore visible à l´arrière du bâtiment parcelle BO249 dont la façade a été reconstruite après 1800, comme le bâtiment édifié à l´angle en remplacement de la chapelle. Cette galerie se prolongeait au sud dans le cloître : un dessin de Lambilly en montre une vue sud, un bâtiment en rez-de-chaussée, avant la construction de l´établissement Petit-fers. Il est possible également qu´une aile de cette galerie se soit greffée sur le rez-de-chaussée du premier bâtiment nord, le plan de Brunet-Debaines montrant un bâtiment plus large qu´actuellement.

L'implantation d'un établissement hospitalier, à l'extérieur de l'enceinte entre la porte Prison et l'église Saint-Patern, en bordure du ruisseau de Rohan, remonte sans doute au 14e ou au 15e siècle. Dans les premiers temps, son administration est confiée à un chanoine. Les bâtiments de ce premier hôpital sont en bordure de la rue Saint-Nicolas et consistent en une chapelle (publique) à l'est suivie vers l'ouest des salles des pauvres et des malades. Le 12 juin 1477, autorisation est donnée par François II, duc de Bretagne, de surélever le pignon est du choeur de la chapelle avec des contreforts. En 1636, non sans difficultés, le roi entérine de confier l'hôpital à une congrégation religieuse, les religieuses augustines hospitalières de Dieppe ; elles reçoivent du roi le 16 février 1637 l'autorisation de construire des bâtiments supplémentaires afin d'augmenter le nombre des lits pour les malades : un grand corps de logis à l'est donnant sur la rue du Roulage (actuelle place du Général de Gaulle), entre la chapelle et le couvent des Dominicains, ainsi qu´une aile de cloître au sud. Les travaux sont d'après les archives confiés à l'architecte Gilles Moussain. Le jardin est agrandi successivement et s'étend en 1638 du sud de la maison, sur la rive est du ruisseau de Rohan, jusqu'au mur du parc de la Garenne. Les archives mentionnent l'existence de boutiques rue Saint-Nicolas le long de l'hôpital visibles sur un plan de Chambon de Beauvalet du 18e siècle. Le corps nord où se situe le "choeur, le réfectoire et la cuisine" est relevé sur les fondations de l'ancien corps en 1685 ; le travail est confié à l'architecte Jean Caillo. Le plan établi le 18 frimaire an XII (1803) par Brunet-Debaines montre qu'à la Révolution, l'emprise de l'hôpital se situe au-delà du ruisseau de Rohan (bâtiments et jardin) et correspond sans doute à la limite actuelle du parc de la Préfecture. Il est question dans le livre de P. Thomas-Lacroix de la fondation hors de la clôture de l'hôpital d'un établissement d'éducation qui a été démoli ou qui n'a pas encore été repéré dans l'ilôt. La communauté est dissoute en 1792. Les locaux sont transformés en prison. Le plan d'un projet de "tribunal spécial" est établi le 11 floréal an IX par Brunet-Debaines : prévoyant le réaménagement avec percement d'ouvertures de la partie la plus ancienne de l'hôpital (rue Saint-Nicolas), il ne semble pas avoir été réalisé. La chapelle, rue Saint-Nicolas est démolie en 1802 et remplacé peu après par l´immeuble d'angle actuel. Une partie de la façade sur rue du corps en prolongement vers le sud qui remontait au milieu du 17e siècle est reconstruite à la même époque. Il semble que l'aile sud qui abritait le cloître existait encore à la fin du 19e siècle : il est visible sur le plan dressé par Charier pour l'ouverture d'une rue dans l'ancien jardin de l'hôpital alors au dénommé Claret, ainsi que sur un dessin de Lambilly de la fin du 19e siècle. Il sera remplacé par l'établissement Petit-Fers à la charnière du 20e siècle. Les immeubles qui bordent la rive est de la rue Decker sont contemporains.

L'hôpital Saint-Nicolas occupait tout l'ilôt compris entre la rue Saint-Nicolas et la rue Alain Le Grand, bordé à l'est par l'actuelle place de Gaulle et à l'ouest par la rue Decker. Cependant les vestiges de la rue Decker et de la rue Alain Le Grand ayant disparu, les bâtiments qui leur ont succédé sont traités à part. Il ne reste aujourd'hui des vestiges que sur la partie sud de la rue Saint-Nicolas et le long de la place du général de Gaulle. Bordant le versant sud de la rue Saint-Nicolas, l'hôpital médiéval était formé d'une chapelle à l'est prolongée sous le même toit du bâtiment abritant les salles de malades : il ne reste plus que cette partie très remaniée et cloisonnée, ainsi qu´une tour d´escalier qui la desservait. Le grand corps de logis à l´est est sensiblement intact, avec ses deux étages carrés et étage de comble, ainsi que la galerie ouverte sur un cloître disparu.

  • Murs
    • granite
    • enduit
    • moellon
    • pierre de taille
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, 1 étage carré, 2 étages carrés, étage de comble
  • Élévations extérieures
    élévation à travées, élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • croupe
    • noue
    • croupe polygonale
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours sans jour en charpente
    • escalier demi-hors-oeuvre : escalier en vis en maçonnerie
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    charpente en bois
  • Sites de protection
    secteur sauvegardé

L'hôpital Saint-Nicolas offre le grand intérêt d´avoir conservé des vestiges de sa structure médiévale, qui semble très usitée dans les hôpitaux médiévaux et particulièrement bien conservée à l'hôpital Frémeur de Quimperlé, ainsi que le grand corps construit au 17e siècle pour les religieuses de Dieppe qui le prennent en charge.

Documents d'archives

  • A. M. Vannes BB 3 19 mars 1632 : La communauté a remonstré que Gilles Moussain qui avoit le marché de la construction de l´hôpital l´a parachevé.

    Archives municipales de Vannes : BB 3
  • A. D. Morbihan 6E 759 : 26 mars 1685 : Marché passé devant les humbles et dévotes religieuses hospitalières de Vannes établies en la rue Saint Nicolas paroisse de Saint Patern d´une part et Mathurin Rouget menuisier demeurant au bas de la rue des Chanoines paroisse Sainte Croix de cette ville et Louis Fort aussi menuisier demeurant en la rue de la Croix Cabello paroisse de Saint Patern.

    Archives départementales du Morbihan : 6E 759
  • A. D. Morbihan 6E 759 : 5 avril 1685 : Marché passé devant les humbles et dévotes religieuses hospitalières de Vannes établies en la rue Saint Nicolas paroisse de Saint Patern d´une part et Jean Caillo Me architecte lequel s´est obligé d´exhausser l´ancien bâtiment des dames hospitalières, celui où est le choeur, le réfectoire et la cuisine.

    Archives départementales du Morbihan : 6E 759
  • A. D. Morbihan 1 J 240 : 16 Frimaire an XII : Mairie de Vannes, Hôpital Saint-Nicolas, En conformité de la Délibération prise hier par le conseil municipal, le maire prévient ses concitoyens que, pour faciliter et rendre plus avantageuse aux hospices la vente des édifices de Saint-Nicolas et dépendances, en échange de biens ruraux, cette propriété a été divisée en trois lots.

    Archives départementales du Morbihan : 1 J 240
  • A. D. Morbihan. 15 HS 1-18. Fonds de l'hôpital Saint-Nicolas. 15Hs1 : 12 juin 1477 : lettre du duc François II autorisant la reconstruction du pignon de la chapelle. 1567-1742 : lettres patentes de Charles IX, Louis XIII, Louis XIV, Louis XV relatives aux revenus et constructions de l'hôpital Saint-Nicolas.

    Archives départementales du Morbihan : 15 HS 1-18
  • A. M. Vannes/18/Rue projetée dans le jardin Claret, dans le prolongement de la rue du Roulage et aux abords de la Préfecture projetée. Plan d'ensemble. 1861. Dessin : plan d'alignement par Charier Marius (architecte de la ville), 7 mars 1861. Ech 1 : 500, papier, plume encre de chine, encre de couleur, lavis encre noire, lavis couleur, 48,75 Lx30,8 l.

    Archives municipales de Vannes

Bibliographie

  • CROIX, Alain. La Bretagne aux 16e et 17e siècles la vie-la mort-la foi. Maloine S.A., Paris, 1981.

    p. 601-605, 623-661
  • FRELAUT, Bertrand. Saint-Patern : le destin d'un quartier pauvre de Vannes à travers les siècles. Dans Villes en crise ? Les politiques municipales face aux pathologies urbaines (fin XVIIIe-fin XXe siècle).

  • LEGUAY Jean-Pierre. Un réseau urbain au Moyen Age : les villes du duché de Bretagne aux XIVème et XVème siècles. Paris : Maloine S.A, éditeur.1981.

    p. 69
  • THOMAS-LACROIX, Pierre. Le vieux Vannes. Malestroit, presses de l'Oust, 2e édition, 1975.

    p. 65

Périodiques

  • DALIDO, Jean. De la Garenne à Groutel. Dans Atelier de recherches de la Société polymathique du Morbihan. N°11 février 2000.

    p. 11
  • LE MENE, Joseph-Marie. Hôpital Saint-Nicolas de Vannes. In : Bulletin de la Société polymathique du Morbihan, 1896.

    p. 93-146

Documents figurés

  • A. D. Ille et Vilaine. Série C. C 704/24/ Fonds de l'Intendance. Plan de la banlieue de la route de Vannes à Auray...Dessin : plan géométral par Chambon de Beauvalet (ingénieur des Ponts-et-Chaussées), milieu 18e siècle. Ech. 1 : 1720, papier, plume, encre, aquarelle, 222 Lx33 l.

    Archives départementales d'Ille-et-Vilaine : C 704/24
  • A. D. Morbihan. 1 Fi 302. Plan du ci-devant hôpital Saint-Nicolas. Par Philippe Brunet-Debaines, 15 frimaire an XII.

    Archives départementales du Morbihan : 1 Fi 302
  • A. D. Morbihan. 1 Fi 146. Projet pour l'établissement du tribunal dans le ci-devant hôpital Saint-Nicolas. Par Philippe Brunet-Debaines, 11 floréal an IX.

    Archives départementales du Morbihan : 1 Fi 146
  • A. M. Vannes. 21 Fi. Plan cadastral 1807-1809. Tableau d'assemblage de la commune et plan par sections. Delavau (ingénieur) ; Dreuslin (géomètre). Plan aquarellé, 99,5 x 67,41 cm.

    Archives municipales de Vannes : 21 FI
  • Musée des Beaux-Arts, Vannes. 96.1.37. Vannes Saint-Patern, dessin par Charles de Lambilly, milieu 19e siècle.

    Musée des Beaux-Arts de Vannes
  • Musée départemental breton, Quimper. Vue sur la porte Prison depuis le logis des soeurs de l'hôpital. Photographie par J. Mounteney-Jephson, vers 1859.

Annexes

  • Marché, 1685
  • Marché, 1685
  • Vente, 16 Frimaire an XII
  • Itinéraire de Bretagne, 1636
  • Sources iconographiques
Date(s) d'enquête : 2010; Date(s) de rédaction : 2010