Berceau de la famille éponyme, famille très influente qui serait au même titre que la famille ducale bretonne, fondatrice de l'église de Merlevenez, Kermadio est le siège d'un grand manoir dont nous ne pouvons aujourd'hui que déplorer l'état. ll est difficile de restituer l'état d'origine du manoir de Kermadio, dans la mesure où l'intérieur n'a pu être vu que partiellement lors de cette enquête. Les indications des dispositions intérieures proviennent de F. Le Tallec.
L'ensemble se distribue autour d'une cour, dont le bâtiment principal, aspecté au sud, occupe le nord, les dépendances se répartissant à l'est et au sud ; sur le plan cadastral de 1837, le colombier (aujourd'hui disparu) occupe l'angle sud-est de la cour, la partie nord des dépendances est en ruines (aujourd'hui restauré ou reconstruit) alors que les dépendances au sud de la cour dont l'une était la chapelle, alors en bon état, sont aujourd'hui en ruines.
Le logis se compose de trois parties de taille inégale, le corps Est plus large, comme sur le plan cadastral ancien, étant individualisé par un pignon à rampant découvert.
La partie centrale était sans doute sous charpente, mais il ne reste aujourd'hui que le niveau bas de la salle : elle s'ouvre d'une porte en arc brisé à archivoltes et d'une fenêtre à croisée. La seconde porte a été ajoutée plus tard, à moins qu'il ne s'agisse d'une ancienne fenêtre éclairant cette grande salle. Une seconde porte en arc brisé est percée dans le mur nord. Doté d'une cheminée au refends ouest aujourd'hui masquée (information orale), cet espace a été divisé par la suite lors de la création de la nouvelle porte. Dans la partie est de cette salle, trois portes qui ont été murées donnaient accès aux pièces voisines (Le Tallec). Une étroite et longue fenêtre à l'ouest est située sur le refends : elle éclaire un escalier en vis pris dans l'épaisseur de la maçonnerie, comme on peut encore en voir à Kerat en Arradon ; cet escalier se situe entre la salle et la cuisine (pièce ouest) chauffée.
A l'est, la partie à étage est peut-être une ancienne salle basse surmontée d'une chambre sous charpente : on remarque en pignon aujourd'hui en demi-étage une fenêtre trilobée qui pourrait éclairer un volume unique de chambre sous charpente. Les ouvertures modifiées sur la façade sud ne permettent pas une analyse suffisante sans visite intérieure : il est probable que la porte haute qui desservait l'étage sans doute par un escalier extérieur est une création du 17e siècle lorsque l'édifice est déclassé en ferme. C'est peut-être à cette époque que la pente du pignon est modifiée (en passant d'une couverture d'ardoise au chaume) et la souche de cheminée surélevée.
A l'ouest, une partie servant de dépendance a conservé sa cheminée du 15e siècle ; la présence de l'escalier en vis en lien avec cet espace suppose une nouvelle salle basse, peut-être la cuisine, surmontée ou non d'un étage disparu.
Bien qu'entre les parties est et médiane ne soit pas connu le système de distribution d'origine, on ne peut s'empêcher d'établir des correspondances entre des manoirs du 15e siècle, en Morbihan, comme Kerat en Arradon (salle basse accotée de deux parties à étage desservies chacune par un escalier en vis), ou surtout avec le Granil à Theix (cuisine et salle, suivies d'une partie à étage, plus large que la salle, comme c'est ici le cas. Le conduit de la cheminée placée en saillie sur le pignon est également un indice de grande ancienneté. La finesse de réalisation des têtes sculptées sur les rampants fait regretter de ne pas avoir vu le décor intérieur, à l'exception de la cheminée ouest, sans doute celle de la cuisine.
Chargée d'études à l'Inventaire