La façade de cette ferme est sans doute moins ordonnancée que sa voisine, et donc moins proche des modèles urbains. Contemporaine de la ferme voisine, cette grande ferme ne manque pas d'intriguer par sa distribution et la complexité de son organisation. Le logis dispose en effet de deux parties habitables : la partie ouest est conforme au schéma habituel, salle au rez-de-chaussée (avec cheminée et évier, sol en terre battue) surmonté d'un faux-étage à usage de grenier (si ce n'est que la salle, plus longue qu'à l'habitude, est éclairée par deux fenêtres) : elle est sans doute destinée à l'exploitant. Ce qui ne semble pas le cas de la partie est, beaucoup plus soignée : les deux pièces superposées, salle et chambre, sont dotées de cheminées du 16e siècle, celle de l'étage remontée : on remarquera surtout la qualité de la pièce du rez-de-chaussée avec sa remarquable cheminée à linteau de granite, le sol dallé, l'évier mural soigné. Ces cheminées sont toutes deux attribuables à la fin du 16e siècle (même si celle de l'étage est remontée), aussi se posera-ton la question du remploi ou de la conservation du pignon est d'un bâtiment antérieur, probable vu l'épaisseur du mur qui porte deux conduits de cheminée superposées. Ces deux pièces soignées pourraient être au 19e siècle des chambres de réserve pour le propriétaire qui reste à identifier. Le mur pignon serait-il celui de l'hébergement noble d'Olivier Brouez, signalé dans la réformation de 1427 au village de Lézévry ?
L'étable montre également une distribution originale : dotée de deux portes, elle est divisée par un refends au rez-de-chaussée qui ménage dans la partie est un espace habitable secondaire, chauffée et doté d'un 3e évier, sans doute la pièce des parents âgés ou d'une famille de domestiques. De cette pièce part l'escalier en bois qui dessert le vaste grenier de l'étable et le faux-étage et greniers au-dessus de la salle ouest du logis (Une information orale affirme qu'il y avait trois étages de grenier).
C'est le seul exemple connu jusquà présent sur la Ria de trois salles sous le même toit, chacune dotée d'un évier et d'une cheminée. La recherche d'archives est vivement souhaitable pour éclairer la personnalité du constructeur. A comparer également avec le Manetro à Kervignac, datée de 1793. Ces exemples de riches fermes tendent à montrer que ce début du 19e siècle est une époque de prospérité agricole pour la région.
Chargée d'études à l'Inventaire