Dossier d’œuvre architecture IA56007466 | Réalisé par
Toscer Catherine
Toscer Catherine

Chargée d'études à l'Inventaire

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  • inventaire topographique
Chapelle Notre-Dame, Locmaria-er-Hoët (Landévant)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ria d'Etel - Pluvigner
  • Commune Landévant
  • Lieu-dit Locmaria-er-Hoët
  • Cadastre 1837 F3 477, 476 ; 2000 ZL 41
  • Dénominations
    chapelle
  • Vocables
    Notre-Dame
  • Parties constituantes non étudiées
    croix monumentale
La restauration de l'intérieur de la chapelle de Locmaria effectuée à partir de 2007 a permis de retrouver et restituer la polychromie de la charpente du chœur et des arcs du transept. Les arcades du bras nord conservent les restes d'une Entrée du Christ dans Jérusalem, celles du bras sud la partie inférieure de la Cène. Le revers de l'arc diaphragme séparant la nef du chœur porte une scène du Jugement dernier comportant le Christ Rédempteur et la Résurrection des morts, peintures que leur style permet de situer au début du XIVe siècle. La restauration du chœur a également révélé les vestiges d'une autre ensemble pictural du XVe siècle consacré à la vie de la Vierge et du Christ, entre autres un remarquable panneau de la Fuite en Égypte incluant une rare représentation du Miracle du Champ de blé.

Jean-Jacques Rioult. 2020

La chapelle de Locmaria-er-Hoët est parmi les édifices religieux gothiques du territoire de la Ria, sans doute l'édifice majeur, en raison de son ancienneté, de la qualité de sa construction et de la découverte des peintures murales et de sa charpente peinte de motifs géométriques. La récente restauration de l'édifice a su remettre en valeur ses remarquables qualités. La mise en œuvre modeste de ses murs cache une structure intéressante et relativement rare : un chœur très long, des bras de transept, que l'on considérera plutôt comme des chapelles seigneuriales, séparées de la nef par une double arcade reposant sur une unique colonnette.

On ignore la date de fondation de l'édifice, mais sa position sur un chemin de pèlerinage fréquenté fut la cause de sa reconstruction grâce aux dons de riches familles locales.

L'édifice adopte un plan en croix latine dont l'unité cache plusieurs campagnes de construction. La partie la plus ancienne concerne le carré du transept dont les arcades à épais tores, chapiteaux à corbeille lisse ou annelés peuvent remonter à la fin du 14e siècle ; le chapiteau orné de visages de l'arcade évoque une filiation avec Langonnet, Ploerdut, Calan. L'enduit préservé des murs cache la reprise entre le carré du transept et le chœur : le projet prévoyait une arcade reposant sur des colonnes encore en place, séparant les deux espaces, mais cette arcade n'a peut-être jamais été réalisée : peut-être ces colonnes étaient-elles le support d'une clôture de chœur ? La reconstruction du chœur par les seigneurs du Val, dont témoignent les blasons sur la crédence du chœur et sur la crossette du pignon est, occasionna également le remplacement de la charpente du carré du transept, les deux espaces couverts d'une unique charpente au 15e siècle. Les liens courbes délimitent comme à la chapelle de Locmaria à Ploemel une forme voûtée qui ne fut jamais garnie d'un lambris : le voligeage jointif posé sur les chevrons, remplacé par du sapin lors d'une restauration récente, jouait le rôle de lambris. La polychromie, restaurée et dont les motifs ne remontent peut-être pas à la mise en œuvre est un des rares exemples conservés en Bretagne (voir également la chapelle Saint-Jean d'Epileur près de Redon), alors qu'elle devait être la règle.

Le mur nord du chœur montre une reprise au niveau du transept et une seconde reprise plus importante correspondant au mur du chevet en pierre de taille, avec contreforts d'angle. Comme dans beaucoup d'édifices gothiques bretons, la grande fenêtre axiale du chœur à chevet plat ornée d'un fenestrage à quadrilobes et lancettes redentées, est le seul éclairage du chœur ; le reste de l'édifice se contente d'une petite fenêtre dans le bras sud dont le remplage a été refait, la nef ayant été percée tardivement d'une modeste baie en plein cintre.

La nef appartient à une troisième campagne, postérieure de peu à celle du chœur : la charpente à entraits chanfreinés aux extrémités baguées, sans poinçon, se rapporte au 16e siècle, comme la porte ouest en plein cintre chanfreinée, rehaussée au 19e siècle. Légèrement plus basse que le carré du transept, la nef s'individualise au niveau du toit par l'émergence de l'arc diaphragme. Il est probable qu'à ce niveau se trouvait un clocher reporté sur le pignon ouest peut-être lors de la campagne de 1638.

Les portes d'accès à l'édifice sont multiples, mais aucune par son décor ou son ampleur n'indique un accès privilégié. Dans la nef, la très modeste porte ouest s’accommode difficilement du rôle d'ouverture principale d'une chapelle de pèlerinage. Pour suppléer à cette lacune, une seconde porte est ouverte dans le mur nord de la nef au 19e siècle ; elle remploie le linteau orné d'une croix curviligne sur hampe provenant d'un précédent édifice. Une porte en arc brisé aujourd'hui bouchée dans le mur ouest du bras sud semble avoir été l'accès privé de la famille de Kerambourg. L'accès le plus large se situe dans le bras nord, ancienne chapelle de la famille du Val : en plein cintre non chanfreinée, elle pourrait avoir fait partie de la campagne de 1638, date portée sur le bras sud ; à cette époque, la famille du Val étant éteinte, on a pu privilégier cet accès ; pour appuyer et identifier ce choix, on associa à la porte une niche en plein cintre contemporaine.

Catherine Toscer. Inventaire topographique. 2009

La date de fondation de la chapelle est inconnue et la mention d'une fondation par les templiers prétendue par certains auteurs n'a pas de confirmation. Il s'agit cependant d'un lieu de culte très ancien, comme le suggère les remplois d'un chapiteau d'époque romane dans l'arcade sud du transept, et d'un linteau sans doute pré-roman (carolingien ?) dans la porte nord de la nef. Le blason des seigneurs du Val, possesseurs de la seigneurie du même nom dans la paroisse, est sculpté sur la crossette sud du chevet ainsi que sur une crédence du choeur, indiquant une donation importante au 15e siècle, correspondant probablement à la reconstruction du chevet : c'est alors l'apogée de la famille du Val. D'autre part, le blason de la famille de Kaer, possesseurs de la seigneurie de Kerambourg en Landaul depuis la fin du 14e siècle, figurait encore dans la verrière du chevet à la fin du 19e siècle. Ils avaient leur chapelle dans le bras sud tandis que la chapelle nord était celle de la famille du Val. La partie la plus ancienne de l'édifice semble être le carré du transept, dont les arcades pourraient remonter à la fin du 14e siècle (cependant, Du Halgouet les rapproche de Saint-Fiacre de Trélécan et les date du milieu du 15e siècle). Le choeur est édifié au milieu du 15e siècle ; la charpente est contemporaine. La date de 1638 portée sur le croisillon sud indiquent une reprise, peut-être des bras de transept dont la porte nord, aujourd'hui porte principale, correspond à cette date. La charpente est un des éléments permettant de dater la nef qui peut remonter au 16e siècle. Le clocher est reconstruit au 19e siècle. Une grande campagne de restauration actuellement en cours a permis de restituer les peintures de la charpente et de mettre à jour quelques traces de peintures murales dont la restauration est à l'étude. Retrouvé récemment lors de la restauration de la charpente, le Christ en croix date du 14e siècle et se compare avec celui de la chapelle de Trescoët à Caudan.

La chapelle est située sur un placître herbu et ombragé sur lequel est édifiée la croix (sous un if). En forme de croix latine, la chapelle est construite en petit moellon de granite, à l'exception du chevet et de l'élévation ouest, en pierre de taille. La chapelle est scindée au niveau de la toiture à hauteur de la nef. A l'intérieur, cette division correspond à un arc diaphragme séparant le transept de la nef. Les bras de transept sont séparés de la nef par une double arcade moulurée de gros tores reposant sur une colonne à chapiteau irrégulier et historié au sud. Sur les côtés, les arcs reposent sur des piliers composés à chapiteaux à corbeille lisse ou annelée : côté choeur, les chapiteaux attendaient un second arc diaphragme soit disparu lors de la construction du choeur, soit plus probablement jamais réalisé. Des vestiges de peinture ornent les murs du transept, les arcades. Le choeur et le transept forment un unique vaiseau couvert d'une charpente peinte de motifs géométriques récemment restaurée. La charpente de la nef, plus récente, ne montre plus de décor peint.

  • Murs
    • granite
    • moellon
    • moyen appareil
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan en croix latine
  • Étages
    1 vaisseau
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • pignon découvert
    • noue
  • Techniques
    • sculpture
    • peinture
  • Représentations
    • armoiries
    • tête humaine
  • Précision représentations

    Le blason des seigneurs du Val orne la crossette sud-est du choeur, ainsi que la niche-crédence du mur du chevet. Des têtes humaines ornent le chapiteau de l'arcade sud du transept. Les fermes de charpente du choeur et du transept sont peintes de motifs géométriques, bruns, rouge, noir.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    charpente
  • Protections
    inscrit MH, 1925/04/24
  • Référence MH

Documents d'archives

  • Archives communales de Landévant. Plans cadastraux, 1837.

  • DU HALGOUET, Hervé, Notes archéologiques sur le département du Morbihan. A.D. Morbihan.

    205

Bibliographie

  • DANIGO, Joseph. Eglises et chapelles du pays de Lanvaux. Vannes, 1983.

    p. 158-160
  • LE MENÉ, Joseph-Marie. Histoire archéologique, féodale et religieuse des paroisses du diocèse de Vannes. Vannes, Galles, 1891-1894.

    p. 393
  • Inventaire général du patrimoine culturel : GATOUILLAT, Françoise, HEROLD, Michel. Les vitraux de Bretagne. Collection Corpus vitraerum. Rennes, PUR, 2005.

    p. 337
  • Le patrimoine des communes du Morbihan, collection le patrimoine des communes de France, s.l., Editions Flohic, 2 t., 1996.

    p. 827
  • ROSENZWEIG, Louis. Répertoire archéologique du département du Morbihan Paris, 1863.

    col. 46

Documents figurés

  • Ministère de la Culture. Médiathèque de l'architecture et du patrimoine. Archives photographiques. Clichés pris en 1921 par l'architecte Estève : extérieur : sap01_mh059506_p.jpeg, sap01_mh059507_p.jpeg ; intérieur : sap01_mh059508_p.jpeg, sap01_mh059509_p.jpeg, sap01_mh059510_p.jpeg.

Annexes

  • Annexe n°1
Date(s) d'enquête : 2009; Date(s) de rédaction : 2009