Une chapelle dédiée à sainte Catherine au Moyen Age
Cette chapelle n'est dédiée à Notre-Dame du Roncier qu’au XIXème siècle. Auparavant, elle était placée sous le vocable de sainte Catherine. Sa date de construction n’est pas certaine. Les deux arcs romans qui la mettent en communication avec le chœur montrent qu’une chapelle existait à cet endroit dès le XIIe siècle. Mais elle est sans doute reconstruite à la fin du XIVe siècle, à l’initiative d’Olivier de Clisson, comte de Porhoët et seigneur de Josselin, en même temps que la chapelle sud, dédiée à sainte Marguerite, qui présente des maçonneries de schiste assez comparables à celles que l’on observe en partie basse de la chapelle nord. A la fin du XVe siècle ou au début du XVIe siècle, elle est à nouveau remaniée, sous la houlette des seigneurs de Rohan. Les réseaux flamboyants des deux baies du mur nord et la base buticulée, vestige de la grande baie est, visible dans le passage nord vers le rez-de-chaussée de la tour, témoignent de cette intervention. De cette période date probablement la charpente lambrissée à chevrons formant ferme, encore visible en 2022, au-dessus de la voûte d’ogives qui couvre la chapelle depuis le XIXe siècle.
Dans son Répertoire archéologique du département du Morbihan, antérieur d’une trentaine d’années à la transformation de cet espace en chapelle du pèlerinage en 1893, Louis Rosenzweig, mentionne la présence d’une « niche », d’une « piscine » (lavabo liturgique) et d’une « fenêtre en accolade », qui correspond à la baie du mur est, aujourd’hui occultée par le retable néo-gothique et la tour. Louis Rosenzweig témoigne aussi des vestiges, encore visibles en 1863, d’une fresque représentant une danse macabre, sujet populaire au XVe siècle en Bretagne. Cette fresque n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle de l’église paroissiale Notre-Dame de Kernascléden [consulter le dossier IA00008294]. Il évoque enfin le tombeau d’Olivier de Clisson et Marguerite de Rohan, placé au centre de la chapelle Sainte-Catherine depuis 1853 mais qui était auparavant positionnée dans le chœur.
Une chapelle transformée pour accueillir la statue miraculeuse à la fin du XIXe siècle
D’après Jean-Marie Le Mené (1891), la statue miraculeuse de Notre-Dame du Roncier était anciennement située « à l’entrée du transept nord », localisation que corrobore la lecture des archives paroissiales des années 1880, dans lesquelles on trouve mention d’une « niche de Notre-Dame du Roncier » voisine d’un pilier relié à celui de la chaire[1]. Une estampe, datée du XVIIe siècle et conservée à la basilique Notre-Dame-du-Roncier, représente la statue miraculeuse dans son ancien dispositif de présentation, une niche, entourée d’ex-votos.
En 1893, la statue est placée dans la chapelle nord qui devient alors chapelle de pèlerinage, ou chapelle Notre-Dame-du-Roncier. La rénovation de cet espace, qui aboutit à une véritable mise en scène solennelle de Notre-Dame du Roncier, s’inscrit dans le contexte de la restauration générale de l’église lancée dans les années 1880 et menée par le chanoine Louis Simon, curé de Josselin de 1885 à 1920. L’année choisie pour cette opération est celle de la consécration de la basilique, deux ans après l’octroi du titre par le pape Léon XIII, et celle du 25e anniversaire du couronnement de Notre-Dame du Roncier.
L’ensemble néo-gothique formé par l’autel, le retable et le tabernacle est commandé à un sculpteur nantais du nom de Vallet pour accueillir et magnifier la statue de Notre-Dame du Roncier, auparavant placée au nord de la croisée du transept. Les deux verrières sont offertes dès 1893 par Jean-Marie Le Maignan de Kerangat, maire de Josselin et son prédécesseur Aristide Delebecque. Un article paru en octobre 1938 dans Le Lys parmi les Ronces (bulletin paroissial) indique que la chapelle est terminée pour le pardon du 8 septembre 1893, à l’exception du décor mural, du dallage et de l’extrémité de l’autel. La chapelle a été consacrée la veille par Mgr Trégaro, évêque de Sées (1881-1897). Faute de budget, ce n’est qu’en 1910 que le décor mural de la chapelle est exécuté, par la maison Perruchot de Nantes.
On ne connaît pas la date de construction exacte de l’arcade monumentale qui marque l’entrée de la chapelle mais on peut supposer que, procédant de cette même recherche de majesté et de parade, elle est élevée au moment de la transformation de la chapelle Sainte-Catherine en chapelle de pèlerinage.
[1] Extrait du registre des délibérations du Conseil de fabrique de Josselin (8 juillet 1883).
(Garance Girard, Gabrielle Maksud, enquête thématique régionale, 2022)
Chargée d'études à l'Inventaire