Plusieurs ports sont implantés à Lorient. A chacun sa destination : la plaisance, la pêche et le commerce. Pour chacun de ces ports (centre-ville, kergroise, keroman et la Base) leur implantation est la conséquence de choix politiques motivés par, ou tributaires de, conditions topographiques, nautiques, militaires ou économiques.

L'histoire de Lorient est intrinsèquement liée à ses ports. Création urbaine, suite à un afflux de population attirée par l'activité économique de la Compagnie des Indes (commerce et chantier naval), la ville de Lorient doit son urbanisme actuel aux création des ports de Keroman et de Kergroise ainsi qu'aux fluctuations socio-économiques des activités portuaires.

Historiquement, le premier port de Lorient doit sa fondation à la Compagnie des Indes créée en 1664. Implantée à Port-Louis, elle obtient le droit de s'étendre le long du Scorff et du Blavet. En 1666, le secteur de la presqu'île du Faouedic est délimité pour recevoir le chantier de construction des navires de la Compagnie. En 1671, les bâtiments et infrastructures deviennent pérennes. Le site du Faouedic prend une orientation militaire dès 1676. Au grès des conflits, l'usage militaire du port de Lorient prédomine jusqu'en 1719. S'amorce une période de prospérité pour la Compagnie d'Occident (créée en 1717), prospérité dont profite la ville de Lorient. Port marchand et port de construction naval vont de pair. L'ouverture à la concurrence en 1769 (édit du 13 août 1769 autorisant tous les navires à faire librement le commerce au delà du cap de Bonne-Espérance) annonce la fin de la Compagnie. Et en 1770, le port redevient militaire. Les quais sont toute fois utilisés par les navires marchands de la toute nouvelle Compagnie des Indes créée en 1785. Pendant le Révolution, les bâtiments et infrastructures de la Compagnie sont réquisitionnés par la Marine. Le secteur du Faouedic est depuis lors à usage militaire.

La création d'un port dédié uniquement au commerce est décidé le 17 avril 1766. La ville de Lorient s'est développée dans un contexte de prospérité économique et démographique. La construction du linéaire de quai actuel (dénommé quai d'Aiguillon puis quai des Indes) a débuté en 1767 et s'est terminée en 1846. Difficultés techniques, abandons puis reprises des travaux expliquent ce long temps de construction. L'écluse, le bassin à flots et ses quais sont réalisés en 1847. L'avant-port est complété d'une chaussée de 424 mètres prolongée d'un appontement en charpente de 150 mètres. L'objectif de ce projet, validé en 1854, est de rapproché l'espace de la rade au bassin à flot. Terminée en 1856, l'extrémité de l'appontement accueillait un débarcadère mobile.

L'accessibilité au port est un réel enjeu pour ce nouveau port de commerce. Des travaux de déroctage sont nécessaires ainsi que de désenvasement pour creuser et rectifier le chenal. Les vases sont un problème récurent. Elles sont indiquées sur les cartes du 18e siècle ; leur présence oriente le choix de l'emplacement du premier port. Un dépôt de vase, avec enclôture, est indiqué sur une carte de 1787. Cet espace se situe à l'emplacement actuel du port de commerce de Kergroise. Les campagnes de désenvasement sont effectuées dans le cadre des travaux du port de commerce (avant-port et bassin à flot). Une drague à treuil est utilisée au 19e pour l'entretien régulier du chenal et du port.

Le port de commerce est desservi par la route nationale de Lorient à Paris qui débouche rive gauche, par le chemin de fer (par la rive droite ; 1862 arrivée du train à Lorient) et le canal de Nantes à Brest via le Blavet. Transports routiers, ferrés et maritimes permettent l'exportation de bois de pin et de sardines en conserves depuis le port. Charbons et vins sont importés. Arrive aussi, par voie maritime, l'huile d'olive utile aux conserveries de poissons.

Le port de commerce du 19e en quelques dates :

-quais rive gauche, bassin à flot : 1805-1846

-quais rive droite, bassin à flot : 1845-1863

-écluse : 1838-1846

-quais, rive droite, havre d'échouage : 1847-1856

-digue et appontement : 1854-1857 ; prolongement 1873

A la fin du 19e siècle, Lorient devient le 3e port de pêche français et le 17e port de commerce de part son trafic. A cette époque, le port d'Hennebont a un trafic supérieur à celui de Lorient dans le commerce du charbon et des poteaux de mines. Cependant, développement de technologie et présence de charbon permettent la mise en place et le déploiement d'une pêche hauturière à Lorient par l'invention du chalutage à vapeur ; répondant ainsi à la crise de la sardine qui impacte alors le cabotage.

Charbonniers et chalutiers utilisent l'appontement de la rive sud. Le tonnage et tirants d'eau des navires augmentent. Bâtiments de gestion du port, magasins, dépôts de marchandises et installations d'engins de levage sont exponentiels sur la rive droite où se concentre le trafic. Ainsi, différents projets, dès les années 1880, évoquent la possibilité de créer un port en eau profonde dans l'anse de Kergroise. Ce n'est qu'en 1920, qu'un quai de 112 mètres est opérationnel.

Transféré à Kergroise, le port de commerce libère le secteur portuaire du centre-ville ouvrant la zone à une nouvelle activité : la plaisance.

Pour ce qui est de l'activité de la pêche, avant la Première Guerre mondiale, le port de Lorient et ses chalutiers contribuent à hauteur d'un tiers des prises de pêche en France. Il est le 3e port français à alimenter les trains de marée de la compagnie ferroviaire Orléans. C'est donc dans un contexte national et européen de développement de l'économie de la pêche que l'Etat lance réflexion et projet de création d'un port de pêche associé à un frigorifique. Henry Verrière, ingénieur des Ponts et Chaussées, est désigné en 1918 pour porter ces projets. L'Etat investit 42 millions de francs pour le nouveau port de pêche situé à Keroman (inauguré en 1927) et son frigorifique (inauguration en août 1919). Magasins de marée, halle de criée, gare complètent l'infrastructure portuaire. Le slipway (entreprise Joseph Paris) dédié à la réparation navale est opérationnel en 1932.

Le port de commerce de Kergroise :

Créée en 1920, son implantation ainsi que le comblement de la vasière dite de Kergroise sera progressif jusqu'à la fin des années 1960.

Les chiffres du trafic de l'année 2020 :

Hydrocarbures 37% ; produits recyclage 2% ; Vracs agro alimentaires 27% ; Sables marins 28% ; Ciment et vracs de construction 4% ; marchandises diverses 2%

Soit 2 521 586 tonnes importées pour 89 378 tonnes exportées.

La création du port de plaisance de la Base est issue des réflexions menées au début des années 2000 pour la reconversion du secteur de l'ancienne base de sous-marins de Keroman. Plan d'eau et infrastructures sont réservées aux professionnels de la course et du nautisme.