Un ensemble concentré en ville close
La plupart des édifices en pan de bois connus à ce jour, qu'ils soient encore en place ou disparus, se concentrent en ville close le long des deux axes nord-sud et est-ouest qui menaient aux portes fortifiées.
Deux zones extra muros en comportent néanmoins, d'une part de l'autre côté de la porte d'En-Bas et d'autre part dans le faubourg qui se développe au sud de la porte d'En-Haut. Les maisons jouxtant la porte d'En-Bas, à proximité directe d'édifices de prestige que sont la maison des Marmousets et l'Hôtel des Ducs de Bretagne (6 et 7 rue Beaumanoir), témoignent d'une qualité certaine dans la réalisation des décors ce qui permet de supposer un statut important des commanditaires. Les maisons le long de la rue de la porte d'En-Haut sont quant à elles de volume et de décor plus simples. On trouve également dans cette zone des constructions du 18e au 20e siècle.
Aux 18e et 19e siècle, dans un contexte général de modification des tracés urbains avec création de rues, mise en place de plans d'alignements, volonté de suppressions des éléments sur rue comme les porches ou les encorbellements, on constate de nombreuses reprises des rez-de-chaussée voire de l'intégralité des façades en pan de bois comme dans la rue Saint-Armel où seuls subsistent les murs pignons en encorbellement. Sur un cliché de Charles Géniaux pris vers 1900 et conservé au musée de Bretagne, on remarque la reprise en sous-œuvre de plusieurs rez-de-chaussée de maisons datant probablement du 16e siècle et disparues depuis.
Des constructions mixtes à encorbellement avec entretoises
En l'état actuel des connaissances, on ne relève s'agissant du corpus des 15e-16e siècles que des encorbellement avec entretoises sur un à deux étages. Le principe en est illustré par les vestiges jouxtant la maison des Marmousets (7 rue Beaumanoir) : sur un soubassement en pierres, des poteaux verticaux reçoivent la sablière de plancher sur laquelle s'encastre les solives. Entre chaque solive, de petites pièces de bois horizontales - les entretoises - assurent la rigidité et la continuité de la structure. La sablière de chambrée repose sur les solives et reçoit à son tour les poteaux de l'étage. Des consoles ou pigeâtres viennent renforcer les assemblages entre poteaux et solives. Ces encorbellement s'ancrent par ailleurs dans des murs mitoyens maçonnés qui jouent des rôles de raidisseurs, de pare-feu et d'appui aux cheminées comme aux escaliers. Les maisons de Ploërmel sont en effet des constructions mixtes, qui associent le bois et la pierre.
La forme et les dimensions des ouvertures d'origine sont difficiles à appréhender, soit que les édifices sont enduits depuis le 19e siècle au moins rendant invisible leur structure, soit qu'ils ont subi des remaniements importants tel que reconstruction des rez-de-chaussée ou agrandissement des fenêtres par exemple. La façade du 3 rue du Duc de Mercœur semble compter quatre ouvertures quadrangulaires dont les appuis ont été supprimés. L'Hôtel des Ducs de Bretagne (6 rue Beaumanoir) est ouvert de trois grandes fenêtres soulignées d'un appui filant au premier étage et une claire-voie de six petites fenêtres au second étage. En face, la maison des Marmousets (7 rue Beaumanoir) présente des claires-voies de quatre et trois petites fenêtres au premier et second étage.
Distribution interne et usages de ces maisons sont mal connus. Des plans ont été levés pour les Monuments historiques que sont la maison des Marmousets et l'Hôtel des Ducs de Bretagne dont la dimension de prestige est indéniable et affichée par la profusion et la richesse du décor extérieur. On entre dans la maison des Marmousets par une porte excentrée sur la droite qui donne sur la pièce principale comportant à droite une cheminée et au fond à gauche un escalier en vis. Une cloison sépare d'une pièce à la suite. La maison des Ducs, largement appuyée sur l'ancien rempart, présente une entrée par la gauche donnant sur un couloir séparé de la pièce principale par une cloison de bois. La cheminée en fond de pièce est parallèle à la rue. Au bout du couloir un escalier en vis donne accès aux étages. D'autres espaces font suite dont une cour.
Des façades arrières en pan de bois sont connues, comme pour l'ancien hôtel particulier dit Le Gouesbe (7 place de l'Union) ainsi que des cloisons intérieures, mentionnées notamment lors des déclarations de dommage de guerre.
Plusieurs maisons possèdent des caves, notamment rue Beaumanoir (4, 6 et 7) et la double fonction commerciale et habitation indéniable pour la plupart.
Jeux de couleurs et décors sculptés
La plupart des édifices sont recouverts d'un enduit qui masque la mise en œuvre du pan de bois. On note cependant la présence de chevrons et croix de Saint-André sur plusieurs maisons (3 rue du Duc de Mercœur, 6 et 7 rue Beaumanoir, 4 place Saint-Armel). Au 6 rue Beaumanoir, les allèges des fenêtres du second étage sont formées de croisillons. Certains bâtiments des 19e et 20e siècles, prévus d'emblée pour être recouverts, témoignent d'enduit terre sur lattis lui-même protégé par un autre enduit ou un essentage d'ardoises.
En-dehors de ces enduits, majoritairement beiges ou gris, des jeux de couleurs apparaissent à travers l'usage de schiste violet ou bleu-gris combiné au granit beige-roux comme par exemple au 14 rue Saint-Armel. La restauration de la Maison des Marmousets (7 rue Beaumanoir) propose par ailleurs une mise en couleur monochrome rouge foncé sur l'ensemble des bois du bâtiment, le hourdis beige s'harmonisant avec la teinte des parties maçonnées.
Les décors portés sur les éléments visibles, en bois ou en pierre, renvoient à différents registres : géométriques, figuratifs, typiques de la Renaissance. Ainsi, on repère plusieurs exemples de sablières et entretoises moulurées avec congés, avec des variantes dans le nombre de moulures. Soulignons l'originalité du 3-5 rue des Franc-Bourgeois dont les congés sont sculptés en forme de volutes. Plusieurs édifices des 15e-16e siècles ont en commun des pigeâtres prismatiques, mais chacun présente des particularités : nombre de bagues moulurées, forme de goutte inversée, qualité d'exécution. Moulures et piédroits bagués se retrouvent sur les portes, qu'elles soient de plein cintre (3-5 rue des Francs-Bourgeois, porte disparue du 4 place Saint-Armel, 6 rue Beaumanoir) ou en anse de panier (Maison Morel disparue, 8 place de l'Union). Plusieurs portes sont surmontées d'un oculus (6 et 7 rue Beaumanoir, ancienne porte du 20 rue Porte d'en Haut), tandis que la porte déplacée et modifiée du 4 place Saint-Armel est coiffée d'une accolade et celle du 3 rue des Herses, en arc brisé. La maison d'angle du 4 rue Beaumanoir présente un décor particulièrement soigné avec des feuilles très découpées qui ornent les congés et le centre des entretoises, ainsi que trois visages sculptés dans l'extrémité la plus fine des consoles du poteau cornier de l'étage. Enfin, si l'on repère des consoles ornées de palmettes au 4 place Saint-Armel et sur un vestige de la maison disparue jouxtant les Marmousets, les décors inspirés de l'antiquité se développent particulièrement sur les deux maisons voisines des 6 et 7 rue Beaumanoir : frises végétales, cariatides, personnages habillés à la mode du XVIe siècle, imitation de chapiteau, etc.
Photographe à l'Inventaire