Exemple rare de réfection d'un reliquaire morphologique après la Révolution, celui de Saint-Mathurin de Moncontour est l' de l'orfèvre Romain Désury de Saint-Brieuc, qui en plus de son poinçon de maître "nouveau régime", dans un losange posé sur la pointe, à signé et daté avec fierté en toutes lettres cette réalisation remarquable. Conformément à la présentation traditionnelle héritée du Moyen-Âge qui veut que dans la mesure du possible la relique - un fragment du crâne - soit visible et située à l'endroit même du corps auquel elle correspond, le front du saint est ici largement ouvert en son milieu par une vitre destinée à laisser entrevoir le fragment d'os conservé. La tête légèrement de trois-quart, à la manière des bustes antiques, le saint représenté en prêtre porte, avec la tonsure, une étole brodée dont les larges dont les larges parements sont ornés de guirlandes de laurier, évocation de la gloire des martyrs. L'expression sereine du visage, le sourire à peine esquissé, la représentation étrange des yeux dont les pupilles sont figurées sans iris s'efforcent de restituer l'aura mystique d'un saint. La qualité de la ciselure, particulièrement sensible dans le rendu des galons de laurier ainsi que celui du linge qui enserre la base du cou, montre la maîtrise parfaite du métier de Romain Désury qui livre ici, peu après le Concordat de 1802, une oeuvre majeure emblématique du relèvement de la pratique religieuse au début de l'Empire.