Ce reliquaire provenant sans doute d'un ancien couvent de Quintin conserve les reliques de quatre saints dont les profils sont représentés dans des médaillons ovales à nœud de ruban. Saint Germain martyre, évêque d'Auxerre, saint Prétiosius traduit en Prétieux sur la face antérieure, saint Gaudens, écrit Gaudance, évêque de Rimini ou de Novare, et saint Défandant, soldat de la légion thébaine, tous deux martyrisés sous Dioclétien, sur les côtés. Le corps même du reliquaire, de plan galbé est réalisé en bois de chêne, et assemblé à la manière d'un meuble de menuiserie miniature. Cette construction soignée dont les assemblages sont effectués à queue d'aronde, sans clous, est bien visible au revers du reliquaire. Un petit vantail en longueur, permettant d'accéder aux reliques y sert également de cadre à un petit miroir garnissant le fond de l'intérieur du reliquaire. Un des cachets d'authenticité porte encore partiellement les armes de Mgr Thépault du Bréniou qui fut évêque de Saint-Brieuc entre 1744 et 1766. La face antérieure de l'ouvrage est recouverte de cuir noir le reste étant simplement peint dans la même couleur. La châsse prend ici à la fois la forme d'un coffret ouvert sur trois de ses côtés et celle d'un tombeau miniature de forme chantournée, amorti vers le haut pour servir de socle à un simple crucifix. Au pied de cette petite croix, sur un cartouche rocaille un putto tient une faux, un crâne et un livre. Cette iconographie du mémento mori abondamment utilisée sur les tombeaux et les cénotaphes au XVIIe et XVIIIe siècle comporte aussi un sens mystique. Le crâne au pied du Christ en croix rappelle le sens originel du Golgotha, en hébreu le lieu du crâne où aurait aussi été enterré Adam. La faux rappelle dans ce sens le thème de la chute du péché originel d'où découle le destin mortel de l'homme, le livre quant à lui représente la Bible qui proclame à la fois le péché originel et annonce la rédemption par le Christ appelé " le nouvel Adam ". Le putto ou ange rappellerait donc le rachat des péchés par l'exemplarité de la vie des saints et des martyrs, et par là même les bienfaits apportés par la vénération de leurs reliques.
Ainsi le reliquaire par ce qu'il contient et laisse voir est-il en quelque sorte l'image du tombeau des saints martyr dont il abrite des fragments d'ossements. Les pots à feu, dont manque celui de droite appartiennent également à ce répertoire symbolique. Les guirlandes fleuries qui soulignent l'architecture contournée du reliquaire, les bordures à lignes d'oves et entrelacs témoignent de la qualité du travail de l'orfèvre, anonyme, qui fait office de garnisseur et met en valeur, comme le ferait un bronzier pour un meuble, le travail d'un menuisier qui est aussi sculpteur. La légèreté des plaques d'argent mises en œuvre par matriçage, et habilement reprises en ciselure au mat, a fait que l'objet malgré son aspect spectaculaire a pu échapper au contrôle et ne porte donc pas de poinçons. Les reliques sont attachées par des cordons de soie tressée à leur coussin d'origine également en soie et identifiées par des étiquette de vélin rédigées en latin. La dentelle de cannetille d'argent, également d'origine, est semblable à celles que l'on trouve sur les ornement liturgiques du XVIIIe siècle. Cet œuvre, probablement commandée pour un des deux couvents de Quintin, traduit bien le goût d'une clientèle instruite, la plupart du temps issue de l'élite locale.
Photographe à l'Inventaire