Les débuts de la Grande pêche à Islande et Terre-Neuve

La pêche sédentaire et la pêche errante à Terre-Neuve

La pêche sédentaire :

Depuis la fin du Moyen Age (15ème siècle), les armateurs de Binic pratiquaient le cabotage sur les côtes de la Manche et de l'Atlantique : le 15 janvier 1595, le duc de Mercoeur donnait aux "habitants de Saint-Brieuc et hâvre du Légué et de Binic" l'autorisation de trafiquer librement par mer et par terre, en Espagne ou partout ailleurs.

Dés 1514, les navires binicais à l'instar des Bréhatins et des Dahouëtins étaient présents pour pêcher les "molues" à Terre-Neuve ; en 1523, la "Catherine" de Binic était signalés dans ces eaux. La charte de Beauport datée du 14 décembre 1514 accordait aux Bréhatins l'exonération de la dîme pour le poisson pêché "plus de soixante ans, tant en la coste de Bretaigne, le Terre-Neufve, Islandre que ailleurs". Ce qui prouve que les marins de la Côte Nord Bretagne pêchaient à terre-Neuve déjà depuis de nombreuses décennies, en compagnie des Basques et du capitaine bréhatin Coëtanlem, établi à Lisbonne. Selon Jean-Pol Dumont Le Douarec (descendant des armateurs du même nom), ces expéditions furent tenues secrètes (à cause de la concurrence) jusqu'en 1612, date officiellement reconnue comme le début de l'armement à Binic pour cette pêche.

Au 17ème siècle, Binic représente avec ses 7 à 12 morutiers le port le plus entreprenant de la région de Saint-Brieuc pour la pêche morutière (12 morutiers recensés en 1624). Marseille devint le 1er port de débarquement de négoce de la morue sèche à la fin du 18ème siècle pour les Terreneuviers de la baie de Saint-Brieuc. Au cours du 19ème siècle, Saint-Brieuc et Binic restent des ports très actifs : en 1842, les ports de la baie armaient 70 Terreneuviens (sans compter les navires armés pour l'Islande), et représentaient la 2ème région morutière juste après Dunkerque ; en 1845, Binic armait 37 navires montés par 1703 hommes (1er port morutier français), en 1850 : 51 navires, et en 1863 : 39 morutiers vers Terre-Neuve, destinés essentiellement à la morue sèche, avant que ne souffle la concurrence islandaise. Entre 1865 et 1877, le déclin pour Terre-Neuve s'amorçait avec seulement 17 navires au départ de Binic, un seul navire en 1880, 2 navires en 1900, 6 navires entre 1912 et 1914 (168 marins), pour se terminer avec un seul navire en 1925. A partir de 1880, la pêche se déplaça à Saint-Pierre-et-Miquelon, avec les graviers.

Les navires quittaient Binic pour Terre-Neuve à la fin du mois d'avril pour revenir en octobre.

Les graviers de Binic à l'Île de Terre-Neuve

Les Binicais ont été les spécialistes avec les Malouins et les Basques du traitement de la morue sèche à terre sur des galets puis sur des échafauds en bois (établis) placés dans des chauffauds (hangars en bois sur pilotis) . Cette pêche dite "sédentaire" occupait un groupe d'hommes en mer sur des chaloupes (souvent de jeunes enfants) et d'autres plus nombreux à terre, entre mai et la fin de l'été. L'ordonnance de la Marine du mois d'août 1681 règlementa la prise des havres à Terre-Neuve jusqu'à la Révolution : "Article premier : Quand nos sujets iront faire la pêche des morues aux côtes de l'Isle de Terre-Neuve, le premier qui arrivera ou envoyer sa chaloupe au Havre appelé du "Petit-Maître" aura le choix et prendra l'étendue du galet qui lui sera nécessaire, et mettra au lieu dit l'Echafaut du croc, une affiche signée de lui, contenant le jour de son arrivée, et le nom du Havre qu'il aura choisi, à proportion de la grandeur de leur vaisseau et de leur équipage".

Les Binicais fournirent de nombreux "peltas" et "graviers" pour faire sécher les morues sur les graves depuis le 17ème siècle jusqu'en 1930 à Terre-Neuve puis à Saint-Pierre et Miquelon, dans des conditions extrêmement rudes. On appelait cette expédition en breton "Kampagn al loua " soit "la campagne des poux", selon l'expression collectée par l'abbé Jean Kerlévéo. Cette industrie de la morue sèche déclina à partir de 1830 à cause es conflits avec les autres nationalités présentes sur ce territoire et de l'installation des sècheries dans les ports français de La Rochelle à Bordeaux, pour s'éteindre vers le 2ème quart du 20ème siècle. En 1904, la France avait abandonné ses droits séculaires sur le "French Shore" et désormais seules les graves de Saint-Pierre et Miquelon furent utilisées par les graviers binicais. Les Binicais disposaient de 27 concessions de graves sur l'île Saint-Pierre et de 19 graves sur l'Île aux Chiens.

Une industrie des pêches très "politique"

C'est vers 1660 que les premiers colons français s'installèrent à Plaisance, sur la côte sud-est de Terre-Neuve. En 1713, le traité d'Utrecht fit perdre à la France ses positions sur l'île de Terre-Neuve, dont Plaisance. La perte de ces colonies amenèrent le Royaume à exploiter l'Isle Royale et l'Isle Saint-Jean. Le traité accorda néanmoins un droit de pêche exclusif et de sècherie sur une partie des côtes est et ouest de l'île de Terre-Neuve, à condition que les pêcheurs français n'y aient pas d'établissements permanents et quittent ces rivages à la fin de la saison de pêche. Ces limites du "French Shore" furent modifiées par le traité de Versailles en 1783. En 1784, l'instauration des premières primes par homme d'équipage embarqué pour cette grande pêche devait bénéficier aux armateurs et ce jusqu'au 19ème siècle. Cette industrie était aussi pourvoyeuse de matelots pour la Royale. Ces expéditions de pêche lointaine continuèrent d'être encouragées par l'Etat en 1851 puis en 1911 et enfin en 1932, sous la pression des armateurs, pour la prime à l'exportation accordée aux produits de la grande pêche. Cependant, les ports de Paimpol à la baie de Saint-Brieuc ne surent pas profiter de cette industrie de la grande pêche pour moderniser suffisamment leurs équipements portuaires et créer une véritable filière locale de transformation du poisson, en laissant la place aux ports du sud de la Loire ou de Méditerranée (sècheries à morues de Bordeaux, Bègles et Marseille).

En 1907, Bègles recevait 70% de la production de pêche.

La pêche errante

La pêche errante sur le Grand Banc était pratiquée depuis le 16ème siècle par les équipages, au large de Terre-neuve, avec un équipage de marins expérimentés, aptes à traiter la morue verte à bord pour le salage et la conservation. Cette pêche s'effectuait du bord à la ligne à main depuis un 1/2 tonneau placé derrière le bastingage, puis à bord de chaloupes dés 1780, avec une nouvelle méthode de pêche plus productive, à l'aide des harouelles ou lignes flottantes. Ces lignes sont armées de centaines d'hameçons, formant un tentis ou tessure, mouillé sur ancres en fin de journée et relevé le matin. Les doris, embarcation d'origine américaine (les "warys") ou basque (les chaloupes pointues) vont progressivement remplacer les fortes chaloupes sur les bancs à partir des années 1880-1885, embarqués sur les trois-mâts goélettes, empilés entre le pont et le mât d'artimon.

La pêche à Islande

Binic ne négligeait pas la pêche à Islande au cours du 19ème siècle, en suivant l'exemple paimpolais, démarré en 1852 avec la goélette "L'Occasion". En 1865, Binic comptait 12 goélettes islandaises et 18 en 1895, 7 en 1912 avec 162 pêcheurs et seulement 5 navires en 1913 avec 135 pêcheurs. Ces navires quittaient Binic au début du mois de février après le "pardon des Islandais" pour revenir à la fin du mois d'août, avec une moyenne de 2000 morues par homme. En 1900, Portrieux, Le Légué, Binic et Dahouët envoyait des navires sur la côte islandaise, dont 6 navires pour Dahouët et 8 pour Binic., avant que la loi islandaise du 21 avril 1922 n'interdise le transbordement des poissons pêchés dans ses eaux territoriales et mette fin aux navires chasseurs. La concurrence des chalutiers à vapeur à partir de 1920 où 30 de ces navires sont envoyés à Terre-Neuve va freiner l'épopée morutière des grands voiliers, avec un rendement 5 fois supérieur. La sur-exploitation de la pêche morutière pouvait commencer, qui décida l'Islande à fermer ses frontières maritimes. Les bateaux français s'orienteront vers d'autres territoires de pêche en particulier le Groenland à partir de 1925-26 avec les premiers chalutiers à vapeur. Et les pêches binicaises accusèrent leur déclin définitif.

Il faut cependant préciser que contrairement aux autres ports du Goëlo, les armateurs de Binic avaient créé sur place des établissements de salaison, pour fabriquer de la "morue en caisse". Cette tradition s'est maintenue durant la 1ère moitié du 20ème siècle.

Les armateurs à la grande pêche

Le commandement des navires de grande pêche, en particulier terreneuviers est partagé entre deux officiers : le pilote ou capitaine porteur (breveté au long cours ou au cabotage), responsable de la sécurité du navire et de l'équipage entre le port d'attache et le lieu de pêche, le capitaine pêcheur, patron de pêche, qui dirige les opérations de pêche et garantit le traitement du poisson, n'ayant aucun brevet de navigation, c'est le subrécargue de l'armateur.

Après 1830, il était rare que des capitaines deviennent armateurs, hormis les capitaines des navires chasseurs, comme cela pouvait se passer au cours du 18ème siècle. Au 19ème siècle, les armateurs sont des hommes d'affaires, constitués souvent de plusieurs quirataires, ils fondent des sociétés d'armement entre bourgeois, rentiers, commerçants et artisans de la même cité maritime, comme à Paimpol, Binic ou Dahouët. Ce sont ces hommes entreprenants qui vont favoriser l'aménagement du port de Binic, la construction de nouveaux quais et du bassin à flot, faisant même des avances financières au service de l'Equipement pour accélérer certains travaux du port. Le maire de Binic, François Le Saulnier de Saint-Jouan (1822-1874), dont l'ancêtre François du même nom et prénom (1784-1874), fut le premier maire de la cité et président du Conseil général, représentait l'un de ses armateurs les plus dynamiques. Cependant, il faudrait encore citer en 1862 les armateurs Le Pomellec et fils, Quiber, Verry, dont 3 bateaux furent perdus cette même année et aussitôt remplacés. En 1896, Binic compte 7 armateurs, 300 marins et 20 dockers. L'artisanat local associé aux activités maritimes comptabilise 3 forges, 3 corderies, 6 fonderies 2 fonderies et 2 chantiers naval. Entre 1880 et 1914, on relève : les armements Le Pomelec (qui cessa ses activités en 1913), Le Suavé-Galerne (7 goélettes dont les goélettes "Edelweiss" et "Mascotte" coulées en 1917 par des sous-marins allemands), qui armèrent jusqu'en 1928 les trois-mâts "Vagabonde" et "Brocéliande", Verry-Carfantan (13 goélettes), Le Cerf (2 goélettes), Besnier (5 goélettes), Chevrel-De Pincé (3 goélettes), Mancel, Bony. Cependant, les destructions de nombreux voiliers pendant la 1ère guerre mondiale, l'augmentation du prix des fournitures et des frais d'exploitation à partir de 1920, la concurrence des chalutiers, la mévente des morues et les campagnes déficitaires, eurent raison de ces maisons d'armement. Il faut encore préciser qu'une véritable lutte commerciale opposa Malouins et Binicais durant cette épopée maritime qui avait atteint son apogée en 1895. En 1860, on comptait 37 navires armés pour Terre-Neuve et l'Islande dont 28 pour Islande en 1895.

Fichet des Grèves (synthèse de Guy Prigent d'après les recherches de Jean-Pol Dumont Le Doarec)

La première famille qui illustra Binic, fut celle des Fichet des Grèves. D'origine irlandaise, un parent du cardinal Fischer vint s'échouer sur les grèves de Binic, d'où son non. Thomas Fichet des Grèves et son fils pris par les pirates barbaresques furent emprisonnés au Maroc. Le père Fichet, acheté par un marchand de Marseille, revint à Binic chercher le prix de sa rançon et fit libérer son fils à sa place. Il devait mourir 3 ans plus tard dans les fers. A ce propos, nous apprenons qu'à Terre-Neuve, les marins bretons se réunissaient pour leur défense mutuelle (à cause de l'attaque des pirates) autour d'une île qu'ils appelèrent Fichet. Sur les cartes actuelles de Terre-Neuve, on peut lire aujourd'hui le nom de Fichot. La ville de Binic a donné lé nom de cette célèbre famille à un square. A la fin du 18ème siècle, Claude Fichet des Grèves maria respectivement ses trois filles, dont Félicité Fichet des Grèves (1763-1819), femme corsaire célèbre, avec François Le Saulnier de Saint-Jouan (de Saint-Brieuc), Jacques Le Pomellec (de Paimpol) et Louis Blaize de Maisonneuve (armateur de St-Malo et beau-père du corsaire Robert Surcouf). L'union de ces différentes familles scella l'avenir maritime de la cité.

Binic et les voiliers de grande pêche

En 1612, Binic arme une douzaine de bateaux pour Terre-Neuve, au moment où les habitants proposent à la duchesse de Mercoeur de lever une taxe sur les vaisseaux, pour réparer la chaussée.

Au milieu du 17ème siècle, nombre de navires binicais pratiquent déjà une forme de "commerce triangulaire", en allant vendre leurs "molues" jusqu'à Marseille et Gènes, en passant par le Portugal, pour aller chercher du sel, et en ramenant huiles, savons, fruits et autres denrées, alors que les frégates malouines allaient jusqu'aux Antilles.

En 1731, le bâtiment le "Modéré", d'une jauge de 70 tonneaux, 44 hommes d'équipage, sous les ordres du capitaines armateur François Guibert de La Salle, était le plus grand navire morutier de Binic.

En 1845, Binic est au premier rang des navires armés pour la grande pêche à Terre-Neuve : 37 voiliers.

En 1850, le port arme 31 trois-mâts et bricks.

En 1860, le port 36 navires et 21 en 1865.

En 1880, ils ne sont plus que 15 navires, au moment où le déclin commence. De 1890 à 1914, le nombre de voiliers passe de 15 à 10. 5 voiliers furent coulés pendant la guerre, dont Le "Minier". Le "Brocéliande", ex-harenguier construit par l'Etat, fut le dernier voilier terreneuvier de Binic en 1927. Les premiers chalutiers apparurent sur les bancs en 1904 provenant des armements malouins et de Fécamp.

Les Oeuvres de mer

La Société des oeuvres de Mer a été créée en 1894 par les Augustins de l'assomption, sous l'instigation d'un ancien officier de marine Bernard Bailly ; elle fut reconnue d'utilité publique en 1898. Elle ouvrit en 1895 à Saint-Pierre la Maison de famille pour accueillir les matelots des navires en relâche, les graviers et les pêcheurs venus de la métropole, puis 2 autres foyers en 1896 en Islande, à Reykjavick et à Faskrudfjordur. Outre la fondation de la Maison de famille, cette société fit construire plusieurs navires-hôpitaux dont le "Saint-Pierre" en 1896, qui coula 2 mois plus tard sur la côte sud de Terre-Neuve, puis se succédèrent le "Saint-François d'Assise" en 1900, trois-mâts goélette mixte en acier, pour les campagnes d'Islande et de Terre-Neuve, la "Notre-Dame-de-la Mer, lancée en 1911, la "Sainte-Jeanne" en 1914 et le dundee "Saint-Yves" en 1935, voilier à moteur, qui accueillit à son bord le R.P. Yvon, pour 5 campagnes sur les bancs de Terre-Neuve et au Groenland, avant d'être désarmé à Saint-Malo en octobre 1939. Ces navires recueillait des naufragés, donnaient des consultations en mer, hospitalisait et rapatriait des marins et traitaient le courrier des marins. La Société édite un bulletin annuel des Oeuvres de Mer depuis 1903.

Une famille d'armateurs : Verry Carfantan

Louis Verry (1821-1912), armateur de 15 navires :

"Fortunée", ""Victorine", "Gaston", "L'Oeil", "Lion", "Charlemagne", "Hirondelle", "La Foudroyante", "Yvonne", "Isabelle-Marie", "Maria-Louis", "Jeune Anna", "Coquette", "Emeraude", "Agile".

Il faut encore citer l'"Active', la 'Vigilante, la 'Perle', la 'Pâquerette', 'Maria', la 'Diligente', l''Angèle' et l'Idéale' de la maison Verry-Carfantan, au début du 20ème siècle.

Victorine Ringuenoire (1823-1900), épouse Louis Verry, connue pour la recette de la morue aux épinards.

Maria Verry Carfantan (1851-1927), armateur dite "La Foudroyante" ou encore "la morue d'or", pionnière de la pêche à Islande, elle commercialisa sous son nom de l'huile de foie de morue renommée.

Victor Verry (1849-1926), négociant et armateur, maire de Plélo.

Antoine Verry (1869-1924), armateur de l'Yvonne', 'Lion', 'La jeune Anna', la 'Gauloise', 'Antoinette', 'Perce-Neige', la 'Surprise', la 'Jeannette' et le 'Capricieux'.

Lors de notre entretien, Mlle Suzanne Joret, arrrière petite fille de Louis Verry, se remémore le départ et le retour des navires Terreneuviers et islandais et de leurs équipages au quai de Penthièvre : "les femmes pleuraient de joie au débarquement des marins". Elle se rappelle les noms des navires : 'La Vigilante', la 'Françoise', la 'Gracieuse', la 'Louise'.

EPIVENT, Jean-Pierre. Journal de mer : rapport de la campagne de pêche de l'année 1938 à Terre-Neuve, à bord du trois-mâts "Hercule", armé par Corouge-Kersaux et expédié à Fichot, sous le commandement de Jean-Pierre Epivent de Binic, pour y faire la pêche à la morue.

Extrait du rapport manuscrit, transcrit par le commandant Louis Duchesne du "Pasteur", dans l'océan indien le 5 septembre 1949.

L'intérêt historique et ethnographique de document d'une grande rareté réside dans la description des conditions de vie, de pêche et de navigation sur les graves et à bord des navires, qui pêchaient à la senne ou à la ligne, en ce début du 19ème siècle sur les côtes de Terre-Neuve. La précision du vocabulaire, dont nous avons respecté l'orthographe dans la transcription, est aussi remarquable.

Route pêche

Le 11 mai 1838, j'appareillai de la rade de Paimpol vers les sept heures du matin, ayant un pilote à bord. Le vent était à l'est-nord-est, bon frais ; la mer était très grosse. Je fis plusieurs bordées pour sortir de la baie et après nous passâmes le raz de Bréhat avec l'"Emile" de Paimpol, capitaine Cormier et des navires de la baie de Saint-Brieuc.

L'"Hercule" était chargé de 220 tonneaux de sel, des ustensiles de pêche et des vivres ; il était monté par 84 hommes d'équipage tous compris. Son tirant d'eau était de 13 pieds 7 pouces derrière et 11 pieds 1 pouce devant.

Le navire devait continuer sa route en louvoyant et traverser la Manche en conservant sa voilure pleine, avec bonnettes, cacatois, voiles hautes. Du 15 au 16 mai, le temps vint à grains. On serra les cacatois et les perroquets et on prit un ris dans les huniers. La mer vint houleuse et vers midi le vent passa nord-ouest ; je fis prendre les amures à babord.

Du 22 au 23 mai, le vent sauta à l'ouest-sud-ouest en tempête à 5 h du soir. Je fis mettre sou les deux huniers, tous les ris pris, le petit foc, la benjamine, l'artimon, tous les ris pris. Vers 8 h, le vent se calma ; on mit la misaine avec son ris. La mer était affreuse ; la houle venait toujours du nord-nord-ouest.

Pendant la dernière semaine du mois de mai, le temps continua à devenir de plus en plus beau et le capitaine put faire les équipages des bateaux (chaloupes) et donner les hameçons à garnir (installer, gréer les lignes) aux pêcheurs. Le maître voilier put couper sept taille-vents. Pour la fête de la Pentecôte, un coup d'eau de vie fur donné à l'équipage. Cependant, aux premiers jours de juin, le navire rencontra les premières glaces et une brume épaisse. D'autres navires terreneuviers étaient dans la même situation : les "Sept Frères" de Pontrieux (capitaine Ruellan), le brig "Angélique" de Saint-Malo, le brig "Sidonie" du capitaine Bourdonnais, qui avait rencontré la veille l'"Espiègle" de Saint-Malo, le "Triton" de Saint-Brieuc et le "Laborieux" de Binic, qui naviguaient dans la banquise, sans être serrés. Les navires devaient poursuivre leur route en convoi d'environ 25 navires dans les glaces. Cependant, l"Hercule" fut victime d'un abordage par le navire "Emilie", lors d'un manque à virer, qui fit quelques dégât à l'artimon. Le 26 juin, l'"Hercule" rencontrait un navire de Granville qui venait du Grand Banc de Terre Neuve, après avoir fait une très belle saison de pêche en ramenant 32 000 morues. Il lui apprit que le capelan était arrivé devant le port de St-Jean et que depuis son apparition, on y prenait joliment de la morue. L'"Hercule" arriva le 29 juin sur les terres de Grouais et de la Crémaillère et entra au havre du Four, afin de dégréer le navire et de faire du bois. Les charpentiers du bord avaient eu le temps pendant la traversée de fabriquer trois chaloupes. Les coffres, ustensiles de pêche et particulièrement les seines à morues furent débarquées et montées. Puis on débarqua une grande quantité de sel et de vivres de toutes sortes. Les étaux (étales) furent montés la première semaine de juillet et la pêche put commencer.

Le commencement de la pêche

Du 7 au 8 juillet : je reçus deux petites batelées de morues de senne. J'avais armé deux bateaux chaufaudiers pour suivre les sennes afin d'avoir mes dix bateaux en pêche ; mais malheureusement ils ne prirent pas grand-chose. Du 10 au 11 juillet : temps orageux. Une grande partie des sennes de la baie prirent plusieurs batelées de morue particulièrement dans l'anse à la vache et vers la pointe de la Tête de Mort. Les bateaux à la ligne ne prenaient chacun que 3 ou 400 poissons par jour. Pendant ces journées, le capitaine souffrait terriblement de la goutte. Du 24 au 25 juillet, les sennes prirent six batelées de morue dans la grande anse. Les bateaux à la ligne prirent à 8 bateaux environ deux batelées de morue. On fit l'étal, la grave et on lava un peu. On mit les balles en piles et on fit des balles du petit fumier qu'on avait étendu le matin (tas de morues mis à sécher la tête en dehors et la peau au-dessus). Le 26 juillet, on finit la première pile de chaufaud. Le 28 juillet, Jean Marie Bocher eut 920 morues superbes à la grande basse des Cormorandières.

J'étendis un petit fumier qui fut mis en hottes le soir, mais la morue ne séchait presque pas.

Début août, le capitaine fit réparer la grande cabane à terre et fit aussi fabriquer des civières et fouler des galets. Le capelanier vint me dire qu'il ne trouvait presque plus de capelans aux Ilettes. Il en donna quatre manées à chaque bateau mais il ne restait plus que trente manées dans la senne du second capelanier. On fit la grave toute la journée.

Du 3 au 4 août, les maîtres de sennes ne pêchèrent rien et le capitaine mit les maîtres et les avants à monter des rets à harengs et les autres à faire les graves. Les jours suivants, les bateaux avaient 600 à 700 morues chacun. Mais la pêche restait très irrégulière et la bouette manquait. Les chaufaudiers furent employés à faire une coquerie (cuisine) pour mettre les hommes à l'abri pour préparer leur soupe. Les pêcheurs étaient envoyés à Cap Rouge, à Fichot, à Grouais, aux Oies et au fond de la baie aux Lièvres pour pêcher le hareng avec des pièces de ret (filet droit). A la mi août, l'un des pêcheurs prit avec sa senne 2500 morues. Les morues pêchées étaient aussitôt lavées et habillées.

La répartition de l'équipage :

10 bateaux en pêche : 30 hommes

1 senne armée : 9 hommes et un officier en plus

3 capelaniers : 15 hommes

2 malades ; soit un total de 59 hommes. 25 hommes restaient à terre pour laver et graver ; mais il faut retirer le chirurgien, le capitaine et le cambusier ; au décompte, il ne restait plus que 22 hommes au travail.

Pendant la troisième semaine d'août, les bateaux poursuivaient leur pêche au hareng et à la morue ; à terre, les charpentiers finissait un hangar pour les huiles ; on rechargeait les galets (mot particulier aux marins bretons "gallais" : grave utilisée pour le séchage d'où l'expression "fouler ou recharger les galets"), les voiliers commençaient à radouber les voiles du navire ; les tonneliers travaillaient aux barriques et les charpentiers continuaient le radoubage de la chaloupe.

Pendant la dernière semaine du mois d'août, on mit les balles en piles bien sèches ; 12 bateaux furent armés pour pêcher le hareng. On fit du "bois à feu" et une petite plateforme pour le petit cajot (cajeot : installation pour extraire l'huile). Les charpentiers avaient entrepris de calfater le pont (après avoir versé de la térébenthine) de l'"Hercule", puis les préceintes du navire et le bordage de la dunette, enfin ils furent occupés à fabriquer les bossoirs des porte-manteaux (canots de service plus petits que les chaloupes et hissé "en porte manteau" au bossoir de poupe.

Au mois de septembre, l'"Hercule" embarquait 54 750 morues, dont la moyenne des 25 morues pesait 17, 5 kg, puis 85 350 morues pesant 28 677 kg, 72 000 morues et ainsi de suite. Au total, la cargaison de l'"Hercule" allant à Marseille, était de 430 000 morues, pesant 152 214 kg + 47 barriques d'huile et 19 de drache. Le navire "Emilie" avait chargé pour sa part à son bord 252 400 morues pesant ensemble 92 994 kg plus 25 barriques d'huile et 14 de drache.

Les hommes des deux navires "Hercule" et "Emilie" embarquèrent la dernière semaine de septembre à bord de l'"Aréthuse" commandé par le capitaine Lambert. Le navire "Hercule" appareilla à son tour par mauvais temps puis tempête avant de cingler dans les petites brises toutes voiles dehors vers le Cap Spartel et le détroit de Gibraltar, où il devait croiser le 29 octobre. Le navire faisait régulièrement 8 noeuds 1/2 à 9 noeuds sous bonnettes et cacatois. Lorsque le vent soufflait en ouragan, le navire cinglait sous le grand hunier au bas ris, la misaine, et avec son ris, la benjamine et le petit foc. Ces vents amenèrent le navire dans la baie de Palma puis à Porquerolles et au port de Marseille le 9 novembre, où il séjourna jusqu'au 20 décembre, avant de terminer son chargement à Toulon. Le 10 janvier 1839, l'"Hercule "appareilla à la pointe du jour de Toulon pour passer le Cap Creus et le Cap St-Sébastien. Il fit la rencontre du trois-mâts "Le Ponant" sous le Cap Martin et de l'"Angélique" de Binic dans le détroit de Gibraltar. Le 9 février, il vit le feu des Casquets et le 12 février entrait dans le port du Havre. Les autres escales amenèrent le trois mâts à Barfleur avant de le voir cingler vers les Roches Douvres, et peu de temps après apercevoir le feu des Héaux.

Le rapport de mer se termine enfin par cette dernière phrase du capitaine : Je fis route pour la baie de Paimpol où je mouillai vers 7 h du matin, le 3 mars 1839. Fin de campagne 1838.

Statistiques des pêches maritimes : Binic, 1906-1910

En 1906, le rendement des pêches à Terre-Neuve commence à décroître et au contraire en Islande, le rendement est supérieur à l'année précédente. Ce phénomène va s'accentuer progressivement.

En 1906, le quartier de Binic envoie 374 marins à la grande pêche et 9 bateaux, armé par 28 marins, sont employés à la pêche aux maquereaux de mai à août. Au total, Binic compte 465 marins-pêcheurs et 173 bateaux, dont 9 homardiers, armés par 28 hommes d'équipage, 8 bateaux armés au goémons et autres amendements marins.

La goélette la "Louise" de l'armement Le Pomellec (d'après les recherches de Claude Forrer, rapportées par Christian Querré et Philippe Le Ribaux)

La "Louise" est une goélette à hunier de grande pêche appartenant à l'armateur binicais Le Pomellec. Elle fut construite en 1904 par le charpentier de marine Louis Minier, installé sur la Banche. Elle mesurait 29 m de long, 7, 18 m de large et jaugeait 120 tonneaux. Elle embarquait un équipage de 30 hommes, soit pour la pêche à Islande, soit pour le cabotage entre 1907 et 1911. Pour les campagnes de pêche, elle servait de "chasseur", pour ravitailler en sel les navires en pêche et prendre livraison de la première pêche.

Cette goélette fut commandée successivement par les capitaines Malo Gourio de Binic pour la campagne de 1905 ; Félix Guého de Plourhan, de 1906 à 1911 ; Joseph Allainmat de Plouézec, de 1912 à 1914. Entre-temps, le navire avait changé de propriétaire, vendu à Emile Le Troadec de Bégard et son associé Lebreton de Plouha, après le naufrage de la "Binicaise" en 1913 et après le décès cette même année de Jacques Le Pomellec, fondateur de l'armement.

La "Louise", réarmée au cabotage, pendant la première guerre mondiale, fut coulée par un sous-marin allemand, comme nombre de ses consoeurs, après que l'équipage fut évacué, le 3 décembre 1916.

Le "Modéré", bateau de grande pêche, armé à la morue pour Terre-Neuve (d'après les recherches de C. Querré auprès de J.P. Le Gal de La Salle, et de Michel Grimaud)

Le navire le "Modéré", d'une jauge de 70 tonneaux, armé par 44 hommes d'équipage, plus un pilote et un contremaître, sous les ordres du capitaine armateur François Guibert de La Salle d'Erquy, fut lancé en 1730 dans le port de Binic. Pendant sa première campagne à la "molüe", il resta 176 jours sur les bancs, aux Côtes du Petit nord de Terre-Neuve, du 20 mai au 13 novembre 1731. A son retour au port en novembre 1731, l'armateur dut négocier avec le parlement de Bretagne pour ne pas avoir à payer les droits de port, conformément à la "Pancarte" de 1565.

Les graves et les graviers

Historique des graves

Les grèves ou graves représentent les sols de nature à recevoir les morues à sécher, soit des sols offrant des conditions particulières : un terrain plat, exposé au vent et non au soleil, dont la chaleur cuit le poisson au lieu de le dessécher et favorise, en outre, l'éclosion d'insectes. Cependant, il fallait éviter les graves à fond de vase ou de sable, sur lesquelles le poisson séchait mal et se corrompait.

Quand on ne pouvait faire autrement, on construisait des vigneaux, sortes de banquettes rectangulaires, faites de pierres ou de branchages, pour y étaler les morues ; mais bien préférables étaient les graves de galets ou de roches.

Sur la côte du Petit Nord, l'attribution s'en faisait par ordre d'arrivée à l'échafaud du Croc, près du havre de Belle-Île, au nord de Terre-Neuve.

Aux îles de Saint-Pierre et Miquelon, comme auparavant à l'Île Royale, elles appartenaient à des propriétaires. Le gouvernement Dangeac les distribua aux colons, de préférence à ceux qui avaient tout perdu, quand ils durent évacuer l'Île Royale, prise par les Anglais en 1758, qui chassèrent les navires français de Terre-Neuve.

En 1764, il y avait 27 concessions de graves sur l'Île Saint-Pierre et 19 sur l'Île aux Chiens. Les deux tiers constituant d'excellentes graves et le reste, étant formé de marais, nécessitait donc l'installation de vigneaux. A Miquelon, les graves étaient moins importantes et servaient surtout aux colons canadiens.

Les capitaines de navires venant de France devaient passer des accords avec les propriétaires des graves : ce qui n'alla pas sans contestations, car le ministre Choiseul obligea Dangeac à imposer une prix de location raisonnable.

Les graviers

On appelait ainsi les jeunes garçons âgés souvent seulement de 14-15 ans qui accompagnaient les marins-pêcheurs et qu'on débarquait à Saint-Pierre et Miquelon. S'ils ne faisait pas partie des équipages, les graviers étaient transportés de Paimpol et surtout de Saint-Malo, sur des frégates, dans des conditions lamentables, entassés dans des réduits sans air. Leur rôle, très pénibles, consistait à faire sécher sur les graves les morues pêchées près des côtes de Terre-Neuve ou du grand Banc. Chaque soir, il fallait les ramasser et le lendemain les étendre à nouveau jusqu'à ce qu'elles soient bien sèches. Ils étaient mal payés et encore plus mal nourris et très mal logés. Le gouverneur des îles nomma une commission spéciale chargé d'inspecter les bateaux transporteurs à leur arrivée et de constater la manières dont les graviers avaient accompli leur traversée.

Lorsqu'on était arrivé à destination, le premier soin était de choisir son havre ; l'attribution des havres fut réglementée de bonne heure par le parlement de Bretagne. A terre, les marins élevaient un abri à l'aide de voiles et de branches de sapin, ainsi qu'un "chafaud", fait de gros troncs de sapin. Le sel apporté par la campagne était mis à l'abri. A l'extrémité, qui se trouvait du côté de la mer, étaient installés des "étals" ou établis, sortes de tables rudimentaires bordées de sièges occupés par des décolleurs et des saleurs. Une fois traité par le piqueur, le décolleur et l'habilleur, la morue était placée dans du sel pendant huit à dix jours. Après avoir été lavée, les graviers l'étendaient alors sur les graves où elle séchait assez longtemps, mis en piles ou en javelles. Le poisson "suait" pendant quelques jours puis était replacé sur les graves pour achever de sécher, en étant cependant retourné plusieurs fois par jour.

L'un des derniers graviers de Binic, M. Taton est décédé récemment.

Binicasser

Binicasser : terme utilisé par les marins de grande pêche de la côte du Goëlo, qui offre des interprétations différentes : ce verbe peut évoquer le traitement de la morue séchée sur les échauffauds par les graviers de Terre-Neuve, selon l'armateur Fichet-Desgrèves en 1830 (cité par Habasque), ou encore ce moment privilégié où les capitaines pouvaient se rencontrer ensemble et converser sur l'un des bords, lorsque le temps permettait au navire de mettre en panne et d'échanger des nouvelles sur les conditions de pêche. Une autre version donnée par Mlle Joret conforte le fait de saler la morue, mais évoque aussi la répartition des lieux de pêche entre les bateaux de la baie de Saint-Brieuc.

Extrait du texte de Jean-Pol Dumont Le Doarec, publié dans le bulletin municipal de Binic, janvier 2003

Pas moins fabuleux la découverte fortuite des archives d'un capitaine binicais Luis Pédron (1846-1913), 250 lettres manuscrites et cahiers divers, lesquels couvrent l'histoire de la Grande Pêche à terre-Neuve de 1879 à 1904, date de la fin du French Shore.

En 1880, Louis Pédron est capitaine du 'Lion', rejoint par l'Yvonne' et la 'Foudroyante'. L'armateur est Louis Verry (1821-1912). Ils doivent attendre 6 jours la dislocation de la banquise pour s'approcher du havre. C'est une bonne année, leur pêche est donc de 300 000 morues, les petites morues sont livrées à La Rochelle, les plus grosses à Marseille. On ramène aussi quelques fourrures pour les dames de Binic et sur la route du retour, de Cadix, un perroquet. A partir de 1901, Antoine Verry, successeur de son père, est le seul armateur français à persister dans cette activité avec la 'Gauloise', capitaine Pédron et la 'Jeune Anna', capitaine Zion.

En 1902, le trois mats d'Antoine Verry 'l'Antoinette', 153 tonneaux, construit à Milford en Angleterre, part à Terre-Neuve. En 1904, les deux Binicais 'Antoinette' et 'Perce-Neige' avec une soixantaine d'hommes sont les derniers à pratiquer la pêche à la côte de Terre-Neuve.

Quant à Louis Pédron, après 43 ans de navigation, ancien capitaine prud'homal à terre-Neuve, il termine sa carrière à Binic comme capitaine d'armement.

Extrait : 'les mémoires de capitaines binicais', recueillies par Jean-Pol Dumont Le Doarec

Texte publié dans le bulletin municipal de Binic, janvier 2003.

'Le père de Auguste Thomas, né en 1917, était capitaine de la 'Mascotte'et du 'Procellaria', navire binicais. Les rations de la 'Mascotte' étaient par homme et par jour : biscuits (550 gr), boeœuf ou lard salé (225 gr), vin (46 cl). A la suite de chaque campagne son père faisait l'inventaire : biscuits (300 kg), vin (2, 5 barriques), eau de vie (25 l), conserves (20 boîtes), pommes de terre (150 kg), peinture (2& pots, 105 kg), sans oublier le revolver et le fusil, les balles et les cartouches faites maison (64). Une fois à la suite d'un terrible ouragan, le navire 'Edelweiss' était chavirée, la grande voile dans l'eau, il a fallu percer à grands coups de couteau pour rétablir la goélette'.

Jean-Marie Le Mée, premier colon français à Terre-Neuve, 1855, d'après les recherches de Jean-Pol Dumont Le Doarec

Le 15 septembre 1855, la vie de Jean-Marie Le mée, 20 ans, marin binicais et terre-neuvas, bascule. Il a choisi Terre-Neuve pour s'installer et vivre, y fonder une famille. Il ne retrouvera jamais la Bretagne, la Ville Jacob et la Ville Cadio en Binic, la France et son pays d'origine. Il ne fera pas la guerre de Crimée. Premier colon français de France de la péninsule de la 'Baie Verte', il s'installe sur la côte Sud de la Baie des Pins, laquelle porte aujourd'hui son nom. Le lieu baptisé 'Saint-Meen', en l'honneur d'un saint breton, est devenu 'Mings Bight'. Il y a aujourd'hui une centaine de maisons. En 1689, il y a avait Deux maisons : 9 habitants, 49 en 1884. Jean-Marie partage sa vie entre la chasse, la pêche et le travail du bois. Père de 9 enfants, il vit heureux en famille. Il devient chercheur d'or qui lui permet de financer le voyage et les études de deux de ses fils en France. En 1880, il facilite l'installation de Jean-Louis Domalain de Binic. Il décide plus tard de s'installer à au 'Pot d'Etain', devenu Coachman's Cove. Il construit une belle maison en bois derrière la batterie des canons des Français et la scierie. Aujourd'hui 80% des habitants de Coachman's Cove sont des descendants de Jean-Marie Le Mée.

20072206568NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, 4 Num1.

20072206200NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, S Suppl. 94.

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20072206194NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, S Suppl. 90.

20072206193NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, Fi 1e 1235.

20072206199NUCB : Archives nationales, KK/1151.

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20072206375NUCB : DIT Service Mer

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20072206290NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, Fi. Fonds Joël.

20072206056NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, 26 Fi.

20072206197NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, Fi.

20072206196NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, Fi.

20072206195NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, Fi.

20072206053NUCB : Archives départementales des Côtes-d'Armor, 26 Fi.