Le sauvetage d'un trois mâts par le canot de Portrieux "Chauchard" en 1924 :

"Le sauvetage en mer au temps du canot à aviron" : Dr Pillet, extrait du catalogue de l'exposition "La mer et les jours", 1992, p. 157.

Le 8 octobre 1924, le guetteur du sémaphore de Saint-Quay alerte la station de Portrieux : il aperçoit au sud du rocher Rohein un trois mâts coulé avec des hommes dans la mâture. Les canotiers rallient l'abri du canot : le port est à sec, la traversée du chariot dans la vase est extrêmement difficile. Le "Chauchard" prend la mer à 10 h 15, et à la voile, au grand large, puis plein vent arrière se dirige vers le point signalé. Nous arrivons vers 11 h 30 en vue du trois-mâts, "La Pleubiannaise" ; le capitaine nous crie de nous défier des vergues, car celle de perroquet est à fleur d'eau, et l'eau arrive au chouque des autres mâts ; les barres de flèche auraient crevé et fait chavirer le ""Chauchard. Nous lançons notre aussière que le capitaine tourne au pied du mât de flèche d'artimon, où il s'est réfugié avec 5 hommes. Sur un autre filin que nous lui lançons, il attache lui-même ses hommes et nous les halons à bord l'un après l'autre dès qu'ils sont à la mer. Restait sur le grand mât de flèche un homme seul presque inanimé que l'état de la mer empêchait d'approcher. Nous réussissons à lui passer un filin par l'étai du mat de flèche d'artimon au grand mât, nous l'encourageons, et il réussit non sans peine à s'attacher et à se jeter à l'eau, nous le hâlons à bord du "Chauchard". Vers 12 h 10, nous quittons le lieu et mettons le cap sur Erquy à 6 milles sous le vent. Les naufragés exténués sont ranimés par des biscuits et du rhum. Pendant la traversée, l'équipage du "Chauchard" enlève ses effets secs pour que les naufragés les mettent et puissent se réchauffer. Nous rencontrons le canot de la "Société Centrale" d'Erquy à environ 1 mille de la rentrée du port que nous atteignons vers 13 h 15. A cause du temps, ce n'est que le surlendemain que le "Chauchard" rejoint Pottrieux..