Comme on l'a évoqué dans la description de cet ensemble, les vestiges de chapiteaux jumelés permettent d'imaginer un cloître à arcades en plein-cintre reposant sur des chapiteaux couronnant de fines colonnettes doubles à base moulurée.
Les traces de polychromie ocres rouges peuvent indiquer que l'ensemble était peint. Les motifs en dents de scie des abaques rappellent ceux du portail de l'abbatiale.
Ces chapiteaux présentent un type de composition courant dans l´art roman, celui dérivé du modèle corinthien qui superpose de grandes feuilles, des caulicoles et crosses.
Les différents chapiteaux conservés témoignent de l´importante sculpture de l´ancienne abbaye. En effet, les huit chapiteaux doubles étudiés permettent de réaliser la richesse décorative que devait présenter le cloître d´origine du monastère, à la fin du 12e siècle.
On note dans cette sculpture un attachement à la tradition romane et à ses modèles issus des chapiteaux corinthiens. Ainsi ces différents exemples font apparaître le riche répertoire ornemental dont le sculpteur a su habilement tirer parti : les motifs de palmette, fleuron, coquille, masque, feuilles, crosses, caulicoles et grappes se déclinent dans des assemblages multiples. Mais l´importance de la volute est révélatrice de choix nouveaux, ce motif caractéristique de la sculpture romane se déploie ici avec une très grande ampleur, parfois encore plaquée de manière assez stylisée celle-ci n´occupe qu´un petit tiers supérieur de la corbeille. Mais sur certains chapiteaux elle se développe en un enroulement extrêmement prononcé, très proéminente et vigoureuse elle préfigure alors l´apparition du crochet gothique et fait de cette sculpture un témoin d´une transition dans l´art de cette période de la fin du 12e et début du 13e siècle.
On peut également souligner que certains motifs ornementaux et le traitement de cette sculpture se rapprochent d'autres éléments sculptés bretons comme quelques chapiteaux du cloître de l'abbaye de Daoulas, certains chapiteaux de la salle capitulaire de l'abbaye de Boquen ou encore des chapiteaux provenant du cloître de l'abbaye Saint-Melaine. Une étude exhaustive de l'ensemble de ces fragments sculptés permettrait peut-être d'établir l'existence d'un atelier breton.