Dossier d’œuvre objet IM22005743 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, Les églises romanes de Bretagne
  • inventaire topographique, Communauté de communes de Dinan
Les chapiteaux du cloître de l'abbaye Saint-Magloire (Léhon fusionnée en Dinan en 2018)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Parc naturel régional de la Vallée de la Rance - Côte d'Emeraude - Dinan Ouest
  • Commune Dinan
  • Lieu-dit Léhon
  • Emplacement dans l'édifice éléments déposés conservés au musée de l'abbaye ; éléments remployés sur une citerne 17è
  • Précisions commune fusionnée après inventaire Commune inventoriée sous le nom de Léhon
  • Dénominations
    chapiteau

Comme on l'a évoqué dans la description de cet ensemble, les vestiges de chapiteaux jumelés permettent d'imaginer un cloître à arcades en plein-cintre reposant sur des chapiteaux couronnant de fines colonnettes doubles à base moulurée.

Les traces de polychromie ocres rouges peuvent indiquer que l'ensemble était peint. Les motifs en dents de scie des abaques rappellent ceux du portail de l'abbatiale.

Ces chapiteaux présentent un type de composition courant dans l´art roman, celui dérivé du modèle corinthien qui superpose de grandes feuilles, des caulicoles et crosses.

Les différents chapiteaux conservés témoignent de l´importante sculpture de l´ancienne abbaye. En effet, les huit chapiteaux doubles étudiés permettent de réaliser la richesse décorative que devait présenter le cloître d´origine du monastère, à la fin du 12e siècle.

On note dans cette sculpture un attachement à la tradition romane et à ses modèles issus des chapiteaux corinthiens. Ainsi ces différents exemples font apparaître le riche répertoire ornemental dont le sculpteur a su habilement tirer parti : les motifs de palmette, fleuron, coquille, masque, feuilles, crosses, caulicoles et grappes se déclinent dans des assemblages multiples. Mais l´importance de la volute est révélatrice de choix nouveaux, ce motif caractéristique de la sculpture romane se déploie ici avec une très grande ampleur, parfois encore plaquée de manière assez stylisée celle-ci n´occupe qu´un petit tiers supérieur de la corbeille. Mais sur certains chapiteaux elle se développe en un enroulement extrêmement prononcé, très proéminente et vigoureuse elle préfigure alors l´apparition du crochet gothique et fait de cette sculpture un témoin d´une transition dans l´art de cette période de la fin du 12e et début du 13e siècle.

On peut également souligner que certains motifs ornementaux et le traitement de cette sculpture se rapprochent d'autres éléments sculptés bretons comme quelques chapiteaux du cloître de l'abbaye de Daoulas, certains chapiteaux de la salle capitulaire de l'abbaye de Boquen ou encore des chapiteaux provenant du cloître de l'abbaye Saint-Melaine. Une étude exhaustive de l'ensemble de ces fragments sculptés permettrait peut-être d'établir l'existence d'un atelier breton.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 12e siècle

Avant la reconstruction du cloître par les Mauristes au 17e siècle il existait un cloître roman, édifié probablement par le prieur conventuel Geoffroy de Corseul à la fin du 12e siècle. On conserve de ce cloître deux séries de chapiteaux en granite. La première se trouve dans les jardins du monastère. Au 17e siècle lors des travaux les moines de Saint-Maur construisent une citerne à eau de pluie derrière le chevet de l´abbatiale. Ils utilisent alors en remploi plusieurs chapiteaux du 12e siècle qui servent aujourd´hui de margelle à la citerne. Mais ces chapiteaux sont tronqués. La seconde série est constituée de six chapiteaux doubles, mis au jour lors des restaurations du réfectoire entre 1987 et 1991. Ils avaient été remployés par les Mauristes au 17e siècle, pour servir de pavage au réfectoire. L´ensemble des éléments du cloître primitif constitue un témoin important dans l´étude de la sculpture bretonne de cette période. Il s'agit d'un des rares exemples de l´évolution de la sculpture de la fin du 12e siècle. On a retrouvé uniquement des chapiteaux doubles ce qui laisse envisager l´existence d´un cloître dont les arcades reposaient sur des chapiteaux couronnant des colonnettes jumelées. Mais les chapiteaux doubles sont distincts l´un de l´autre car liés uniquement dans leur partie supérieure. Les colonnes reposaient sur des bases dont nous ne possédons qu´un exemple, sur la citerne, simplement mouluré. Il faut également noter que les chapiteaux découverts entre 1987 et 1991 présentent encore à certains endroits des traces de polychromie dans les tons ocres rouges, tout comme des colonnettes conservées dans le musée. Les paires de chapiteaux présentent une abaque décorée de motifs en dents de scie identiques à celle visible autour des voussures du portail de l´église. Les corbeilles des chapiteaux sont couvertes de motifs de stries qui représentent de grandes feuilles simples dont les tiges s´enroulent en volutes. Les chapiteaux doubles sont sculptés sur leurs quatre faces, différents motifs ornent la partie supérieure de la corbeille, certains présentent des palmettes ou fleurons disposés au centre des deux spires qui s´opposent pour former de vigoureuses volutes dans les angles.

  • Catégories
    sculpture
  • Matériaux
    • granite
  • Précision dimensions

  • Iconographies
    • ornement végétal
    • dents de scie
    • feuille
    • volute
    • palmette
    • fleuron
    • coquille
    • crosse
    • masque
    • grappe
  • Précision représentations

    Le premier chapiteau constitue l´exemple le moins achevé, seules les corbeilles présentent des stries s´apparentant à la représentation d´une flore stylisée, cependant l´aspect inachevé du chapiteau laisse penser qu´il s´agit peut-être d´une ébauche du sculpteur. Le deuxième chapiteau est intéressant car son traitement diffère quelque peu des autres exemples. En effet, il se présente comme un bloc entier, rectangulaire, constitué de trois corbeilles non distinctes les unes des autres et ornées de stries tandis que la partie supérieure présente des motifs originaux. Les quatre faces sont couvertes d´épaisses courbes formant des boudins ou serpentins et créant des renflements proéminents dans les angles. Le troisième chapiteau possède deux corbeilles distinctes, leur surface est lisse avec de simples motifs de stries verticales. La partie supérieure, très massive, forme un bloc rectangulaire sur lequel les stries du registre inférieur donnent naissance à des motifs de crosses. Les tiges stylisées du bas s´épanouissent en V et les deux spires s´opposent pour former de petits crochets ou volutes recourbées les unes contre les autres au centre et dans les angles du chapiteau. Le traitement et les motifs sont assez géométriques. Le quatrième chapiteau est orné de dents de scie sur le tailloir. Les corbeilles superposent deux registres de végétaux. Au registre inférieur des motifs de stries, mais beaucoup moins stylisées que sur les exemples précédents. Elles sont davantage traitées en volume et relief. Du centre de ces grandes feuilles, toujours en V, naissent d´autres feuilles, lisses, simplement divisées en deux lobes par une nervure très marquée. La partie haute possède des motifs de végétaux mêlés aux autres, des fleurons et de petites et faibles volutes dans les angles. Le cinquième chapiteau dans son traitement simplifié et stylisé des corbeilles au niveau inférieur rappelle le modèle observé sur les trois premiers : quelques stries profondes. Une tige traitée en relief part de l´astragale pour reprendre la forme habituelle en V et se terminer dans les angles de façon nettement recourbée mais encore peu volumineuse. Dans la partie supérieure, au centre des feuilles en V s´observe un motif de petite feuille, traitée en relief, qui semble pendre d´une frise horizontale de tiges de végétaux, placée sous le tailloir. Le chapiteau est parfaitement symétrique. Il en est de même pour le sixième chapiteau, bien que fendu en deux blocs, on note nettement la similitude entre les deux parties. Les corbeilles, plus affinées, sont couvertes de stries en relief reprenant la forme en V mais formant dans les angles d´imposantes volutes, très recourbées et enroulées, sorte de préfiguration du crochet gothique. Le centre du chapiteau comporte un motif très proéminent de coquille formée par les deux spires des feuilles de chaque corbeille qui s´opposent. Sous le tailloir se retrouve la frise de végétaux, avec cette fois, au centre de chaque corbeille, une grappe de raisin. Le septième chapiteau, bien que tronqué car conservé sur la citerne du 17e siècle, se rapproche clairement du modèle observé sur le numéro six. La partie inférieure de la corbeille est manquante mais sous le tailloir se retrouvent les motifs de feuilles en V terminées dans les angles par de vigoureuses et imposantes volutes et dans le centre du chapiteau la coquille, légèrement plus saillante et fine dans son traitement. Le dernier chapiteau étudié, est encore différent. Les corbeilles sont couvertes de grandes feuilles très recourbées dans leur partie supérieure : des feuilles en V s´épanouissent sous le tailloir et donnent naissance à leur extrémités à des petites boules ou perles.

  • État de conservation
    • bon état
    • oeuvre déposée
    • partie en remploi
Date(s) d'enquête : 2006; Date(s) de rédaction : 2007