La décoration du lycée Paul Sérusier de Carhaix est composée d'un exceptionnel ensemble de sculptures de Robert Fachard, Klaus Schultze et Fimio Otani, trois artistes notables, utilisant des matériaux et des techniques très différents.

Ce programme a été approuvé par la commission nationale chargée de l'étude des projets de décoration dans les édifices publics, le 11 avril 1972.

Un premier projet déposé, en 1967, avait auparavant été rejeté en deux étapes. Les architectes avaient imaginé une décoration composée de trois œuvres : une sculpture en granite de Robert Fachard (4,5 X 2,5 X 1,3 m), une mosaïque monumentale (6 m de hauteur et 3,5 m de largeur) de Jean Chauffrey et le portail de l'entrée principale en "fer noir et cuivre rouge" par M. Bataillard, ferronnier d'art. Le Conseil général des bâtiments de France, réuni pour statuer sur l'emplacement des œuvres, a rejeté ce projet, le 7 février 1968, donnant un avis défavorable "à l'unanimité" pour le portail et demandant que le dossier lui soit "à nouveau présenté avec tous les documents d'information nécessaires".

Après tâtonnements et présentation de deux maquettes successives par Robert Fachard, la commission nationale, réunie le 28 avril 1971, ajourne à son tour le nouveau projet et demande aux architectes de faire une autre proposition, en conservant Robert Fachard mais pas Jean Chauffrey. Le rapporteur Jean-Pierre Poggi avait présenté des conclusions défavorables sur le projet de M. Chauffrey, sur le thème de "L'arbre-nuée" : "La maquette me parait insuffisamment étudiée pour que l'on puisse apprécier les qualités plastiques du décor envisagé. Le parti adopté me semble mieux convenir à un relief qu'à une œuvre sculptée. Enfin la part du crédit imparti [99 675 F] me parait surestimer l'œuvre." A propos du projet de M. Fachard, il est un peu plus favorable : "Comme pour le projet de M. Chauffrey, j'estime que l'importance de l'intervention [99 675 F, également] n'est pas en rapport avec le crédit alloué. Cependant l'ensemble proposé me paraît intéressant. Je regrette toutefois qu'une première maquette de M. Fachard n'aie pas été retenue. En conclusion l'étude de ce projet ne me paraît pas avoir été poussée à son stade ultime."

A la suite de son rapporteur, mais en accentuant encore la critique, la commission conclut : "M. Fachard a été appelé à étudier deux maquettes pour deux emplacements différents. Elles ne sont pas sans qualité mais étant donné l'incertitude du programme de décoration et le crédit imparti, une étude plus approfondie est nécessaire. En résumé, la Commission regrette que le parti général de décoration ne réponde pas à un véritable souci d'intégration à l'architecture. Etant donné que le crédit très important réservé à cette affaire permet de réaliser un programme de grande qualité, elle invite l'architecte à une nouvelle étude d'ensemble pour laquelle il fera appel à M. Fachard ainsi qu'à un autre artiste."

Le 11 avril 1972, la commission émet un avis très favorable à la dernière proposition ainsi présentée :

Une "Animation de l'espace situé entre les deux cours, face au bâtiment d'administration par un ensemble de sculptures :

a) M. Otani : 2 sculptures en bois africain de :

- 3m60 de hauteur X 4m de longueur X 1m40 de largeur

- 1m de hauteur X 3m20 de longueur X 2m20 de largeur

Prix : 66 450 F.

b) M. Fachard : 3 sculptures en granit gris de :

3m de hauteur X 2m20 de longueur X 2m de largeur

2m de hauteur X 2m20 de longueur X 1m de largeur

1m20 de hauteur X 1m80 de longueur X 1m de largeur

Prix : 66 450 F.

c) M. Schultze : 2 sculptures en ciment revêtues de briques émaillées de :

3m de hauteur X 6m de longueur X 4m de largeur

1,20m de hauteur X 1m de largeur (main)

le revêtement en brique de plusieurs chemins et de deux places centrales.

Prix : 66 450 F."

Ce programme est accepté moyennant l'étude avec l'architecte d'une "répartition plus judicieuses des plantations destinées à accompagner l'ensemble sculpté". Le rapport de M. Maurice Allemand, reproduit en illustration, était particulièrement positif : "(...) Les artistes sont de tempérament très différents, de là la diversité des œuvres, mais ils ont collaboré à l'aménagement général de la surface. J'estime que leurs maquettes expriment bien le talent de chacun, et que l'ensemble est harmonieux." (7 avril 1972).

Cet ensemble est toujours présent dans la cour du lycée. Il est cependant difficile de savoir si les plantations correspondent au projet revu avec l'architecte, tant les végétaux, par-delà leur croissance difficile à anticiper, sont soumis aux aléas, climatiques notamment..