La décoration du lycée professionnel Roz Glaz est composée de trois portiques en béton armé, recouverts de carreaux de céramique rouges et bleus, brillants. Ils sont reliés entre eux par une voile triangulaire, fixée sur une armature en tube de métal.

La voile a été réalisée par des élèves en section "matériaux composites" à Brest. La forme de cette voile, évoquant celle d'une aile de deltaplane, illustre le thème de "l'envol", symbolisant le rôle de la formation dans la construction personnelle des élèves. Elle permet à la fois de relier les arches et d'alléger l'ensemble.

Les architectes se sont adressés à la DRAC lorsqu'il recherchait un artiste susceptible de réaliser l’œuvre du 1% du lycée. Ils avaient reçu trois candidatures de MM. Joncourt et Bouler, ainsi que de Mme Senaux. La conseillère artistique régionale, Madame Chatel, leur a proposé trois autres noms : "Islav, un autre artiste brestois et une dame de Paris", selon une note manuscrite figurant dans le dossier d'archives conservé par la Région Bretagne. Elle leur a également demandé de concentrer le montant disponible sur la décoration du parvis. Les architectes ont alors fait le choix d'Yslav - André Béraud pour l'état-civil - qui avait déjà réalisé quelques commandes publiques, pour des écoles à Rennes, à Brest, pour la cité scolaire Kérichen (lycée Lesven). Il s'agissait notamment de sculptures, de bas-reliefs, de décors muraux et de polychromies.

Les plans de l'architecte prévoyaient initialement trois arches alignées au niveau du portail du lycée. Yslav trouvait cet alignement monumental hors de proportion face à la petite entrée du hall. Il a ainsi proposé de décaler les arches, de les rapprocher du bâti, et de réaliser un traitement artistique des sols. La maquette de ce premier projet a été proposée à la Commission nationale des travaux de décoration des édifices publics qui l'a refusé, le 15 juin 1989, malgré les avis favorables de l'inspecteur d'académie et du syndicat intercommunal pour la construction du lycée.

Ce projet prévoyait l'étude et l'aménagement du parvis, le traitement en polychromie des portiques et des sols sur 700 m2. L'architecte présent, M. Letenneur, a dû argumenter pour ne pas avoir à changer d'artiste, estimant que ce dernier n'était pas en cause puisqu'il avait répondu à sa demande. La note manuscrite déjà citée indique les "raisons pour lesquelles messieurs les architectes veulent maintenir Yslav Béraud : participation de l'artiste au niveau du parvis et des découpes, de l'incorporation des arches dans la décoration, des choix des coloris de façades et des teintes du hall". Plusieurs comptes-rendus de réunions de chantier, tenues au cours de l'année 1985, en attestent. La commission accède à la demande et se contente de demander à l'architecte d'être associé à l'étude du nouveau projet. Parallèlement, les architectes avaient envisagé d'avoir recours au même artiste pour la réalisation d'une sculpture métallique verticale, "de type mobile ou stabile", pour décorer le patio des ateliers garçons (3e tranche de travaux).

Le nouveau projet est présenté près de deux ans plus tard, le 29 mars 1991, devant la commission nationale. L'ensemble des crédits disponibles, soit 242543 francs, lui sont consacré. Il n'y aura pas de sculpture métallique.

La nouvelle œuvre est ainsi décrite dans le compte-rendu :

"Aménagement du parvis de l'entrée principale où se trouvent 3 arches dont la plus grande d'une hauteur de 10 mètres et les deux autres environ 4 mètres.

- revêtement des arches par de la céramique brillante (carreaux de 20 X 10 cm) de couleur bleue pour deux des arches et rouge pour la troisième.

- installation d'une aile jaune sous les arches, en fibre de carbone sur nid d'abeille, en deux éléments. L'aile est soutenue par deux nervures inox constituées de trois tubes s'emboitant les uns dans les autres. Les nervures sont fixées aux arches par un câblage en inox tendu par ridoirs."

Lors de cette commission, l'architecte précise qu'il a participé à la redéfinition du projet avec l'artiste et "qu'il a été envisagé de travailler sur une structure légère, de créer un signal, ce qui est plus intéressant qu'un simple revêtement de sol avec de la résine. La polychromie des arches renforce le caractère d'appel. Les matériaux légers utilisés sont en opposition avec les arches très massives."

De son côté, l'artiste "explique qu'il a recherché une dynamique, un caractère enlevé pour son deuxième projet, tout en se préoccupant que les divers éléments forment un tout."

La commission donne son accord par une seule voix pour et 6 abstentions, après avoir noté que : "L'appréciation du projet se révèle difficile. Étant donné la présence des arches, il était presque impossible à l'artiste de prendre une véritable initiative créatrice". Une affirmation qui semble ne pas tenir compte de la participation avérée d'Yslav à des choix qui ont dépassé le simple cadre de la décoration et son intégration d'une contrainte architecturale, les trois portiques, dans son processus créatif.

La réalisation, réceptionnée sans réserve le 29 septembre 1993, a été retardée par des intempéries.

Bien qu'étant actuellement (2020) dans l'attente d'une restauration, cette œuvre compose l'entrée de l'établissement. Elle participe, à sa façon, d'une forme d'humour post-moderne : un clin d’œil appuyé à la figure de l'arc de triomphe.