La plus ancienne mention de l´église de Torcé remonte au 12e siècle ; sa forme commence à nous être mieux connue, grâce à des fouilles archéologiques entreprises à partir de 2001 et qui font état d´une crypte qui comportait un choeur encadré d´une absidiole au nord et au sud. L´état actuel des recherches ne permet pas de datation, mais le nombreux mobilier retrouvé autorise à dater l´abandon de la circulation dans cette crypte du 15e siècle environ (le dossier est consultable à la DRAC de Bretagne, Service régional de l´Archéologie).
L´église actuelle a été reconstruite aux 15e et 16e siècles, époque à laquelle nous devons quelques fragments de décor sculpté (Musiciens sur l´arc du bras nord du transept) et surtout la très belle charpente dont les entraits engoulés complètent la décoration savoureuse des blochets saillants figurés de petits personnages, animaux ou feuillages.
Le 17e siècle constitue la période la plus importe pour l´ameublement de l´église. C´est en 1652 que l´on fait appel, pour l´ensemble du maître-autel, à l´architecte Pierre Corbineau, qui a déjà travaillé à Domalain (en 1634) ; le retable architecturé, à deux registres et trois travées, est construit, devant la maîtresse-vitre, en calcaire, marbre et bois, sur le modèles des retables lavallois alors très à la mode ; des inscriptions gravées au-dessus des niches rappellent saint Joseph, sainte Anne et saint Médard, le patron de la paroisse. On ne sait pas comment se présentait l´autel lui-même ; en effet, en 1872, il a été remplacé ainsi que le tabernacle et le gradin par un menuisier local nommé Maretheu, qui a peut-être réutilisé des éléments de décor plus anciens. Les trois statues en plâtre de saint Pierre, saint Paul et saint Médard datent de cette époque. Le tableau d´autel, représentant Jésus et la Samaritaine, est probablement contemporain du retable. L´ensemble a été restauré et nettoyé en 1995.
Les deux retables secondaires sont restés anonymes ; architecturés eux aussi, ils reprennent la tradition baroque de celui du maître-autel, mais en utilisant le bois seulement, et le marbre rosé ou gris pour la fabrication des colonnes ; leur structure en courbes et contre-courbes permet de mesurer le savoir faire des menuisiers d´alors.
Les deux volées de stalles, bien représentatives de leur époque, sont ornées de végétaux, feuilles et fleurs. Remontées au fond de l´église dans un ordre arbitraire, elles ont perdu leurs boiseries supérieures ; leur assemblage courbe et leur complémentarité avec celles conservées à Vergéal donnent à penser qu´elles n´ont pas été créées pour l´église de Torcé, mais plutôt qu´elles appartiennent à un ensemble qui meublait l´église d´une communauté ou d´un monastère détruit pendant la Révolution.
Du 17e siècle également, l´église conserve un ensemble de tabourets de chantres en chêne, à socle octogonal parqueté ainsi qu´une cloche offerte en 1662 par la marquise de Sévigné.
La cloche offerte en 1748 par Marie-Rose de Larlan de Rochefort est l´un des rares témoins du 18e siècle dans cette église. En 1754, la chapelle de la Bichetière ou de la Motte est reconstruite ; on y remonte le retable et l´autel de sainte Anne. On profite sans doute de ces travaux pour poser le carrelage de marbre et grès qui recouvre le choeur ainsi que la clôture en fer forgé dont le portillon central a aujourd´hui disparu.
Les remaniements de la nef pendant la seconde moitié du 19e siècle ont entraîné des renouvellements du mobilier. Les trois verrières du choeur et des chapelles, consacrées à l´Immaculée Conception et à saint Joseph, sont posées par le verrier vitréen Chauvel en 1862 et 1863 ; elles sont offertes par la famille de Langle qui donne également celle du sud-ouest, aujourd´hui visible de l´escalier de la tribune, réalisée par un autre Vitréen, le peintre Loeillet, en 1878 ; la même famille fait également repeindre les murs des chapelles en faux appareil, où sont apposées ses armoiries. La fabrique achète des bancs, des confessionnaux, fait construire la tribune ; les nombreuses statues de plâtre témoignent des dévotions qui sont alors ravivées (Sacré Coeur, saint Antoine, saint François-Xavier, saint Joseph), ou de culte plus « locaux », tel celui de saint Léonard que l´on retrouve dans quelques sanctuaires alentour. La verrière occidentale, décorative, est l´oeuvre du Lavallois Alleaume en 1925. La dernière touche à la décoration telle que nous la voyons aujourd´hui date de la fin des années 1920, où l´on repeint la tribune et le mur du retable principal ; le décor mural, de style Art déco, interprète sur plusieurs registres superposés un hymne au Saint-Sacrement de bonne qualité.
Lors de cette enquête, les dossier sur les cloches ont été faits à partir de la bibliographie. Par convention, on considère que l'église est orientée est-ouest ; les verrières sont numérotées impaires au nord, paires au sud, en commençant par l'est ; la verrière occidentale le numéro 00.
