L´église de Saint-Gondran a peut-être succédé à une chapelle du 11e siècle située le long d´une voie romaine et serait devenue paroissiale au cours du 13e siècle. Deux seigneuries se partagent alors l´influence sur la paroisse. La plus ancienne, celle de Couësbouc, appartient à la famille des Coiboc, citée dès 1190 ; vers 1470, elle passe aux mains des du Bouays. La seconde, celle de Saint-Gondran, appartient à la famille Robert, seigneur vers 1470, jusqu´à la fin du 16e siècle. A la fin du 19e siècle, on pouvait encore voir les traces des litres des deux familles, à l´extérieur celles des Robert, à l´intérieur, celles des du Bouays. Les armoiries sculptées dans le granite, moins fragiles, se retrouvent à différents endroits. Celles de la famille Robert, de gueules à trois rocs ou rocquets d'or, apparaissent sur le portail ouest et près de la porte sud aujourd´hui bouchée ; on les trouve également sur le beau bénitier à l´entrée du choeur, orné de quatre visages d´hommes et qui fut transformé en fonts baptismaux ; on les trouve enfin sur l´autel appuyé contre le mur nord, consacré à la Vierge - peut-être portait-il la statue de la Vierge à l´Enfant qui lui fait face maintenant - près duquel était leur enfeu. Tout cela suggère une campagne importante de travaux pendant le dernier tiers du 15e siècle, suivi d´une reprise de la charpente à entraits moulurés et engoulants. Deux lavabos en niche, dans le mur sud, remontent également à cette époque ainsi qu´un bénitier de granite octogonal, près de la porte sud, dont l´inscription mentionne les donateurs, un prêtre nommé Dom Macé des Fougerez accompagné de J. Briant..
Une nouvelle campagne de travaux eut lieu à partir de 1550 ; elle concerna le choeur dont on reconstruisit le mur sud à corniche crénelée et le mur est. Il est probable que la verrière de la maîtresse-vitre fut commandée par la famille Robert encore influente. Elle fut réalisée par Michel Baionne autour des années 1560 et consacrée à la Passion du Christ. Vers 1661, lors de la remise en plombs, le verrier rennais René Boullay eut l´occasion de mettre en place les armoiries des du Bouays de Couesbouc, telles que nous les voyons aujourd´hui. Toujours fixé sur le mur sud du choeur, le beau cadran solaire tracé sur ardoise en 1584 par M. Lebret indiquait les heures, jusqu´à ce qu´il perde son style.
Les traces du 17e siècle sont plus modestes, mais tout aussi intéressantes. Vers 1650, la sacristie est refaite et la famille du Bouays fait placer ses armes, d'argent à la fasce de sable bordée de gueules, sur le linteau de la porte, sous un Christ en croix taillé dans le granite. C´est en 1651 que le recteur Jean Le Breton donna une custode qu´il avait probablement commandée à un orfèvre de Haute-Bretagne (Dinan, Rennes..) non identifié. Elle est simplement décorée d´une croix pattée, comme on en trouve sur les patènes, et gravée du nom de la paroisse, de la date et des initiales de son donateur. Il est fait, par aillleurs, mention de l´existence de l´autel de saint Nicolas, disparu depuis 1926, ce qui explique la présence actuelle d´une statue de cette évêque, beaucoup plus récente. Le tabernacle du maître-autel quant à lui, avec ses quatre niches séparées par des colonnes torsadées, reflète bien le style de la période.
Il fait partie d´un ensemble homogène, mis en place au milieu du 18e siècle, composé d´un grand retable dont la facture et le décor rappellent ceux de l´église de Langouët : deux grandes ailes plates encadrent la maîtresse-vitre et comportent deux niches à statue ; à gauche, celle de saint Gordien, en plâtre modelé, du début du 19e siècle ; à droite, celle de saint Joseph, achetée en 1882. Le décor développe ses boucles et ses enroulements sur les frises, et de part et d´autre des statues, entre les pilastres peints en faux marbre ; le centre de l´autel a conservé son Agneau aux sept sceaux d´origine. Une dernière oeuvre mérite qu´on s´attarde sur elle ; il s´agit de la bannière de procession de la confrérie du Saint Sacrement, commandée en 1739 au maître brodeur Vincent, à Dinan, pour la mi-Carême de 1740, contre la somme de 420 livres. Cette bannière restaurée en 1995 est conservée depuis 1913 au musée de Rennes.
Au début du 19e siècle, la fabrique se procure une clôture de choeur, maintenant déposée ; une chaire à prêcher, en 1825, par le menuisier Rouxel, de Hédé, également déposée ; un chemin de croix, vers 1830 ; une bannière de procession à l´effigie de saint Gordien en 1845. Elle achète aussi des bancs et un confessionnal. En 1880, deux petits reliquaires en métal fondu et doré et diverses statues de plâtres : Education de la Vierge (1887), saint Antoine (1895) viennent compléter le mobilier, bientôt rejoints par un tableau commémoratif des morts de la première guerre mondiale (1919), et une statue de sainte Thérèse de l´Enfant-Jésus (1926). Depuis 1930 environ, des verrières décoratives dues à l´Atelier Rault, de Rennes, laissent passer la lumière par le mur sud. En 1997, à l´occasion d´une restauration de la grande verrière, l´atelier Helmbold, de Corps-Nuds, a posé dans la baie occidentale une verrière représentant le Baptème du Christ.
Plusieurs oeuvres anciennes, liées de près ou de loin à la paroisse, sont parvenues jusqu´à nous tel ce bénitier rectangulaire déposé près du portail occidental, dont l´inscription révèle la création d´un hôpital en 1442 par le prêtre Dom J. Dutertre. D´autres sont mentionnées dans la documentation communale comme étant conservées au Musée de Rennes : une borne dédiée à l'empereur romain Tetricus (268-273), trouvée sur la voie romaine de Rennes à Corseul, qui servit un temps de support à un bénitier ; une croix-reliquaire, en argent ou en étain, contenant des pierres provenant de divers lieux de Terre Sainte, offerte par Guillaume de Coiboc, à la fin du 12e ou au début du 13e siècle ; une croix-reliquaire à double traverse en argent repoussé, doré et incrusté de pierres semi-précieuses pouvant dater du 13e siècle ; un chandelier en bronze du 15e ou du 16e siècle.
Lors de cette enquête, il n'a été ouvert aucun dossier sur les cloches. Par convention, on considère que l'église est orientée est-ouest ; les verrières sont numérotées impaires au nord, paires au sud, en commençant par l'est ; la verrière orientale (maîtresse-vitre) porte le numéro 0, la verrière occidentale le numéro 00.