Cette statuette de Vierge à l'Enfant, la plus ancienne connue à ce jour aux poinçons de Rennes, est à rapprocher d'une série d'oeuvres similaires réalisées en haute comme en basse Bretagne entre le début du XVIIe et la fin du XVIIIe siècle. Il est probable que la mode de ces statues de Vierge en métal précieux vienne des couvents.

Comme dans toutes ces statues bien entendu exécutées entièrement selon la technique du repoussé-ciselé, la soudure entre les deux demi coques antérieure et postérieure est visible sur les côtés. Ici la Vierge qui n´est pas couronnée mais couverte d´un simple voile, prend une attitude réservée voire modeste et sa main droite désignant son sein, reprend le geste d'étonnement de l'Annonciation, par lequel elle se présente bien comme la servante du Seigneur. L'Enfant, au visage empreint de sérieux, déjà marqué par la souveraineté céleste tient d'une main le globe terrestre et de l'autre désigne sa mère. L'esthétique de cette statuette sobre et sans recherche d'effet, tient dans quelques détails tels que les proportions relativement réduites des têtes qui accentuent l'effet d'étirement, un traitement subtil des drapés, mais surtout l'intensité des regards renforcée par la frontalité volontaire des visages. Dans cette composition dénuée d'ornement et de fioriture, seul le mati du revers du manteau de la Vierge souligne les lignes générales et vient rompre l'unité de l'argent laissé lisse. Cette oeuvre sobre due à l'orfèvre rennais Joseph Cailleau est encore toute empreinte de l'esthétique du XVIIe siècle.