La comparaison avec le calice de Sérent réalisé par le même Michel-Eloy Le Tailleur quelques dix ans plus tôt est éloquente. Sur la première, le répertoire régence est encore de rigueur, sur cette oeuvre tout est rocaille et dénote l´oeuvre d´un maître acquis au formulaire nouveau. L´équilibre parfait de la composition, la découpe accentuée du pied, le noeud allongé en forme de tige assimilable à celle des flambeaux contemporains, sont résolument modernes. Le décor de grands cartouches rocaille qui recouvre presque entièrement la surface du pied, magistralement dessiné et vigoureusement accentués, allégé sur la fausse coupe par l´emploi du repercé, et sur le dessus du pied par des écoinçons unis évasés vers le bas, sert parfaitement l´esthétique générale de l´objet. Enfin les frises d´oves, de perles et d´entrelacs de la collerette du pied et des bagues, dont le dessin se retrouve inversé, en creux, pour orner la bordure concave du pied, témoignent de la maîtrise de l´orfèvre dans l´emploi du nouveau répertoire et son aptitude à en jouer. L´aisance et le naturel qui en ressortent portent la marque d´un maître de premier plan.