Le 13 avril 1963, "M. André Bloc, sculpteur (...) est agréé pour exécuter (...) une sculpture en béton de 10m de hauteur environ, qui sera placée près de l'entrée du Collège d'enseignement technique de Vitré." Bernard Anthonioz, chargé de mission pour la création artistique, signe cet arrêté ministériel.
La Commission de la création artistique, réunie le 24 mai 1966, avait d'abord estimé que, "d'après maquette", la hauteur de la sculpture paraissait excessive. Après avoir écouté les précisions de l'architecte André Remondet : "(...) la hauteur importante du motif est nécessité par la topographie du terrain", elle a donné son accord à ce projet.
Cet échange prend toute son importance dans un contexte marqué par la réunion préalable, le 22 février de la même année, d'une "Commission des artistes", qui avait déjà acceptée le projet. A l'issue de débats qui avaient largement porté sur l'intégration des décorations au titre du 1% artistique aux architectures scolaires industrialisées, cette commission, organisée en présence d'architectes concernés en ce début d'année 1966 — notamment MM. Jouven, Massé, Remondet, Balladur — avait réaffirmé :
"La construction doit se faire dans un délai maximum de dix mois. Il est donc nécessaire que la décoration soit réalisée suivant le même rythme. (...)
Il est nécessaire qu'un effort d'intégration de cette décoration dans l'architecture soit effectué : les artistes doivent donc collaborer avec l'architecte dès la première étude de la construction. (...)
En règle générale, la Commission estime que la décoration des établissements de l'espèce devrait être réalisée en équipe ; la collaboration entre l'architecte et les artistes devant être très étroite. Mais les architectes ne devront pas faire appel trop fréquemment aux mêmes équipes afin d'assurer une répartition équitable du 1% entre tous les artistes et de diversifier les partis de décoration.
C'est dans cette notion de travail d'équipe qu'une véritable novation aura lieu à l'occasion de la réalisation de travaux d'art dans des constructions de série faites suivant un rythme très rapide : la véritable intégration de l'artiste à la vie sociale."
André Bloc, lui-même architecte et promoteur de la "synthèse des arts" ne pouvait sans doute qu'approuver. La hauteur de sa sculpture lui permet d'exister face aux bâtiments qui la surplombent, tout en faisant fonction de repère identifiant l'entrée. Il n'a reçu que quatre commandes au titre du 1% artistique. Deux projets étaient en cours lorsqu'il décède en 1966.
Lors d'une restructuration de l'établissement, l'entrée du lycée a été déplacée. La sculpture a alors perdu l'une de ses fonctions en rapport avec l'architecture. Elle n'en reste pas moins visible dans le paysage.
Chargé d'études à l'Inventaire