La popularité de saint Gilles dans l'Europe du Moyen Age tenait au fait que, par son intercession, l'être en état de péché obtenait rémission sans confession préalable. C'est ce qu'illustrent les panneaux centraux : à gauche le saint exorcise un mendiant épileptique dont la tête laisse échapper une guivre symbolisant le démon. A droite, il célèbre la messe en compagnie d'un roi couronné, Charles Martel selon la réalité historique, Charlemagne selon la légende. N'osant avouer sa faute, le monarque est encouragé à sortir de sa réserve par un ange, dont la prédiction s'inscrit, en latin, sur un phylactère : "Par l’intercession de Gilles, les péchés de Charles sont remis".

La place de cette œuvre anonyme dans l'art régional est également privilégiée, et sans doute convient-il de la situer plus tôt qu'il n'a été fait, c'est-à-dire vers 1400. Malgré un certain réalisme annonçant l'art du 15e siècle, la fidélité à la palette claire du XIVe siècle est prédominante. Et la qualité du traitement graphique, des visages et des mains plus particulièrement autorise des comparaisons avec la production des grand ateliers de l'époque : Chartres, Bourges, Winchester, Canterbury. Sujet et qualité d'exécution donnent à penser que cette verrière devait occuper, avant l'incendie de 1456, la place d'honneur au chevet de l'église.

(D. Moirez-Dufief)