Les habitants de Missiriac ont adopté une idée originale pour honorer leurs soldats morts pendant la première guerre mondiale : le monument, situé dans le bras sud du transept de l'église paroissiale, a comme support un retable du 17e siècle qui a conservé sa structure primitive : un panneau central autrefois occupé par un tableau entouré d'un cadre à grosse moulure ; de fausses niches latérales abritant des statues sur des consoles à feuilles d'acanthe ; quatre colonnes en bois, peintes en faux marbre, portant un entablement. Les corbeilles et les chutes de fleurs, les angelots et les pots à feu font partie du décor originel, de même que les colonnettes et les médaillons ovales de l'Annonciation qui encadrent le tabernacle.
Vers 1925, on a transformé cet autel-retable en monument aux morts : le devant d 'autel s'orne d'une croix de guerre (inexactement représentée, épées les pointes vers le haut) ; la frise, au-dessus des chapiteaux, se teinte d'Art déco. Au centre, on installe une statue de Jeanne d'Arc, commandée chez Bouancheau à Nantes, entre deux plaques de marbre noir portant la liste alphabétique des morts. L'association de tous ces signes - localisation, statue, inscription - permet de mieux interpréter ce monument. La croix qui couronne le fronton et, par dessus tout, sa situation privilégiée dans l'église, en font un monument d'abord religieux, destiné à commémorer le sacrifice des morts. L'inscription "Aux morts pour la Patrie", associée à la croix de guerre, lui donne un caractère patriotique. Le sens de cette double connotation est renforcé par le choix de la statue : Jeanne d'arc vient d'être canonisée en 1920 et symbolise la fidélité aux deux idéaux pour lesquels les soldats sont morts : leur foi et leur patrie.
(M. -D. Menant)
Fabricant de statues Décorateur & Statuaire, Haute Grand’rue 87 Nantes.