Le tableau de Guégon, daté de 1646, est l'un des cinq tableaux conservés autour de Josselin représentant la donation du Rosaire à saint Dominique et à sainte Catherine de Sienne, thème extrêmement répandu au début du XVIIe siècle en Bretagne et sur l'ensemble de la France. La Vierge à l'Enfant, entourée d'anges priant ou volant, est ici figurée comme une apparition, ceinturée par les quinze médaillons des mystères du Rosaire : les mystères joyeux de l'Annonciation, la Visitation, la Nativité, la Présentation au temple et Jésus parmi les docteurs ; les mystères douloureux de la Passion : l'Agonie, la Flagellation, le Couronnement d'épines, le Portement de croix et la Crucifixion ; enfin les mystères glorieux de la Résurrection, l'Ascension, la Pentecôte, l'Assomption et le Couronnement de la Vierge.

Au premier registre, la composition s'organise de manière symétrique. A droite, sainte Catherine suivie d'une religieuse et d'un couple royal accompagné de quatre personnages civils. En 1646, époque de la régence d'Anne d'Autriche, durant la minorité de Louis XIV, il ne peut s'agir que d'une évocation anonyme de la royauté et de la société civile. A gauche, saint Dominique précède un groupe d'ecclésiastiques représentant l’Église : un pape, un cardinal, un évêque, un curé et un moine tonsuré. La représentation de la royauté et de l’Église associées au thème principal du Rosaire est un point commun aux tableaux des églises de Guégon, Guillac et Helléan. Le tableau de Guégon, le plus tardif des trois, présente des analogies stylistiques avec celui d'Helléan, daté de 1635, et pourrait être l’œuvre d'un même peintre anonyme, au talent du reste relativement médiocre.

(J. P. Ducouret).