L'anonymat de ce tableau non signé fut levé en 1936, lorsque des travaux universitaires permirent de l'attribuer à Paul-Marc-Joseph Chenavard, qui l'exécuta en 1842 sur commande de l'État. C'est à la demande du recteur que cette Résurrection des morts parvint à Bohal vers 1860, dans le cadre de la politique culturelle du Second Empire d'envois de tableaux dans les églises paroissiales. Après un séjour en Italie, Chenavard travailla dans les ateliers d'Ingres et de Delacroix, dont on retrouve l'influence dans ce tableau. Pour illustrer le Jugement dernier il a choisi cette scène de la Résurrection des morts, où le réalisme le dispute au mouvement : la composition générale, confuse, correspond au foisonnement du sujet ; l'étude anatomique et les drapés sont particulièrement mis en valeur par le jeu de la lumière focalisée sur les personnages dont elle révèle les sentiments. La dimension humaine de cette scène irréelle est encore accentuée par la disproportion entre la taille des deux mondes, terrestre et céleste. Certains personnages furent repris par le peintre en 1848 dans son projet d'une Histoire du monde, destinée au Panthéon et restée inachevée.
(M. -D. Menant)
Photographe à l'Inventaire