Comme la Vraie-Croix, l'ancienne trève du Guerno relevait de la commanderie de Saint-Jean-de-Jérusalem de Carantoir. La chapelle, entièrement reconstruite vers 1570, présente une disposition particulière : celle d'une tour hors oeuvre au nord ouest destinée à abriter le trésor. A l'étage de cette tour un état des lieux de 1644 signale « une petite croix d'argent doré longue d'une palme, enrichie d'améthistes, dans laquelle il y a du bois de la Vraie Croix ». Deux autre inventaires, établis au XVIIIe siècle, mentionnent le même objet, tantôt comme une "croix d'or", tantôt comme « la Vraie Croix enchâssée dans du cuivre doré avec une boîte brodée de fils d'argent et d'or fermée par une boucle de cuivre ». Par delà l'erreur sur l'identification du matériau, la mention d'un écrin brodé de fils d'argent, dont le fermoir est sans doute en réalité en argent doré, révèle que ce reliquaire n´est pas destiné à une présentation permanente.
La croix, étroite, aux extrémités en forme de fleurs de lys coupées est effilée en pointe de façon à pouvoir occasionnellement être présentée à la vénération des fidèle sur un socle amovible, sans doute en bois. Son décor gravé de têtes d'angelots et de chute de fruits tout bellifontain, auquel s'ajoute un sauvage à la coiffe de plumes, situe parfaitement l'objet dans le dernier quart du XVIe siècle. Au revers, sont gravés, un coeur au centre, un quintefeuille, symboles de la Passion du Christ, et de la Rédemption.
Bien que cette croix ne porte aucun poinçon de communauté, il est possible d'envisager, derrière les trois lettres du poinçon I BB, l'identité de Jean-Baptiste I Buchet, fondateur de la célèbre dynastie d'orfèvres rennais, qui pourrait être l'auteur de cet objet simple mais d'exécution soignée, vers la fin du XVIe siècle.
Prêtre