La coupe couverte de Molac constitue un témoignage unique de l'orfèvrerie civile d'apparat commandée par la noblesse bretonne à la Renaissance. Vraisemblablement réalisée par un orfèvre de basse Bretagne aux environs de 1600, (peut-être Pierre Lafleur de Morlaix), cette rarissime coupe couverte destinée à recevoir des dragées, évoque magnifiquement les pièces disparues qui ont pu être réalisées en haute Bretagne.
L'objet frappe par la densité du décor qui le recouvre en totalité : scènes de chasse ciselées sur le couvercle, au gros et petit gibier, au gibier terrestre et au gibier d'eau, à pied et à cheval, ainsi que la représentation de monstres marins sur le pied. Le dindon figuré sur la coupe parmi d'autres oiseaux, témoigne de l'arrivée récente en Europe de ce volatile, venu du Nouveau monde au cours du XVIe siècle.
A l'intérieur sont gravées sur le fond de la coupe, les armoiries de François de Kerhoent de Kergournadéc'ch et de son épouse Jeanne de Botigneau, mariés en 1583. Personnage de premier plan dans le Léon à la fin du XVIe siècle, François de Kerhoent, constructeur de l'extraordinaire château de Kergournadec'h à Cléder, actuellement dans le Finistère, reçut en 1599 du roi Henri IV le collier de saint Michel en récompense de sa loyauté. Suite au mariage en 1616 de l'héritière de Kergournadec'h avec Sébastien de Rosmadec, seigneur de Molac (en haute Bretagne), l'objet offert à l'église de cette paroisse, fut transformé en ciboire par l'ajout d'une croix au sommet du couvercle.
Deux coupes conservées dans les collections du Vatican à Rome, réalisées vers 1580-1590 par un orfèvre parisien, de forme et de pied différents mais présentant sur le couvercle un décor semblable de scènes de chasses, ont été publiées par Michèle Bimbenet-Privat dans son ouvrage consacré aux Orfèvres parisiens de la Renaissance.
Photographe à l'Inventaire