Cette croix est à rapprocher de deux autres semblables de forme et de décor, conservées, l´une à Campel, et l´autre à Montreuil-des-Landes, en Ille-et-Vilaine. Toutes trois présentent la même mise en oeuvre mixte de laiton argenté pour les bras, le noeud et la hampe, et d´argent uniquement pour les médaillons appliqués. Cette association si particulière, bien visible par la différence de couleur des parties en relief exposées à l´usure a dérouté les auteurs qui y voient tantôt des oeuvres en argent avec des traces de dorures, tantôt des oeuvres en étain. Si le décor d´une croix à l´autre présente quelques petites variantes, son exécution, essentiellement à base de molettes poinçonnées en relief et de lignes de pointillés poinçonnées en creux, est tout à fait caractéristique et se retrouve sur chacune d´elles. Des médaillons des évangélistes également identiques et surtout le médaillon de l´agneau divin, au revers, avec l´hermine et la fleur de lis, signent la production d´un même fabricant. Ce motif de l'agneau divin nimbé, la tête tournée vers l'étendard du Christ, emprunté aux monnaies royales du XIIIe siècle, dites à l´Agnus Dei, se retrouve fréquemment employé à partir du XIVe au revers des croix de procession.
Le Christ de la croix de Saint-Jean-la Poterie, en laiton fondu argenté, présente une superposition des pieds ainsi qu´une torsion des jambes qui rappellent encore la fin du gothique. Le style des médaillons estampés, ainsi que la graphie du titulus confirment une date qui se situerait dans la première moitié du XVIe siècle.
Le cuivre ou le laiton plaqué d´argent ou d´or, connu dès le XIIIe siècle comme substitut des métaux précieux, fut relativement peu employé par les orfèvres bretons. Néanmoins, la mise en oeuvre du décor relève de toute évidence ici du travail d´un orfèvre qui n´a pu y apposer son poinçon puisque l´emploi de métal vulgaire plaqué ne le permet pas jusqu´au XVIIIe.
Photographe à l'Inventaire