Depuis le Moyen Age, existe en ce lieu, une chapelle dédiée à Saint Jean Baptiste, relevant des Chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, dépositaire d´une relique de la Sainte Croix. L´actuelle chapelle, qui remonte au XIVe ou au XVe siècle présente la particularité, rare, d´être édifiée sur un corps d´entrée qui ouvrait sur la cour de cet établissement hospitalier.
Cette provenance ancienne explique sans doute l´aspect ambivalent du présent reliquaire, En effet la forme à double traverse et la découpe empattée des bras au demeurant irrégulière, se rattachent à une tradition répandue durant tout le haut Moyen Age et veulent certainement rappeler une croix plus ancienne dont on aurait voulu ainsi conserver le souvenir. Toutefois, malgré cette forme délibérément archaïsante, la mise en oeuvre de l´objet et surtout son décor trahissent nettement une exécution de la deuxième moitié du XVe siècle, ce qu´avait déjà fort bien vu en son temps Pierre Thomas-Lacroix. Le décor de feuilles retournées, caractéristique du gothique flamboyant est gravé et détaché sur un fond mati par l'emploi de trait de gravure croisés. Ce procédé, ainsi que l´emploi systématique de cordage pour surligner les contours de la croix et border les cabochons ainsi que le style du décor lui-même sont assez caractéristiques de la fin du XVe siècle ou du tout début du XVIe siècle. Le dessin des rameaux conduit en fonction des cinq cabochons principaux, évocation des cinq plaies du Christ, prouve que ceux-ci, malgré le remplacement de leur pierres, sont d'origine, tandis qu'au revers de la croix le même décor se poursuit sans discontinuité sur un fond resté lisse. A la différence du reliquaire de Béganne, constitué d´une croix contenue ou reliquaire à proprement parler d´une sorte de coffret ou d´écrin réalisé en métal précieux, le présent reliquaire combine en un seul objet les deux fonctions. Un couvercle articulé orné d´un crucifix et de quatre cabochons, permet une fois soulevé, d´entrevoir la relique à travers un repercé en forme de grille. Si ce système de couvercle maintenu par des goupilles est indubitablement d´origine comme l´atteste l´interruption du décor gravé de feuillages gothiques de part et d´autre de la charnière inférieure, l´actuel couvercle a probablement été refait au XVIIe siècle, comme l´indique et le style du crucifix et, au revers, le monogramme du Christ, I H S, en capitales romaines, accompagné en pointe d´une grande hermine héraldique à queue largement évasée.
Toute la tranche de la croix a été restaurée, et les cabochons changés au XIXe siècle. Les médaillons qui occupent les extrémités du bras inférieur, présentent de minuscules emblèmes de la Passion sur fond de satin rouge, celui du pied de la croix, un profil du Christ en cire dure. Cette restauration qui réinterprète probablement un état d´origine, ainsi que le remontage de la croix sur un socle à gradins en palissandre peuvent dater du transfert du reliquaire de la chapelle à l´église lors de la création de la paroisse de la Vraie-Croix en 1851.
Photographe à l'Inventaire