Dossier d’œuvre objet IM56006310 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, L'orfèvrerie religieuse de Haute Bretagne du Moyen-Age jusqu'au 19e siècle
Croix-reliquaire
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Haute-Bretagne - Allaire
  • Commune Béganne
  • Oeuvre déplacée à Commune : Vannes
  • Dénominations
    croix-reliquaire

Sa forme à double traverse et sa simplicité ont longtemps valu à la croix reliquaire de Béganne une datation haute la faisant remonter au XIIe siècle. Les choses sont probablement moins simples et sur ce point on ne peut suivre ni Pierre-Marie Auzas, ni Pierre-Thomas Lacroix. L'objet est composé de deux croix, une croix contenue, qui est la croix reliquaire proprement dite, plaquée d'argent doré sur sa face antérieure et d'argent sur sa face postérieure, et une autre légèrement plus grande qui lui sert d'écrin, dont la face antérieure est faite d'une feuille d'or est le reste d'argent doré.

La croix contenue est ornée sur ses deux faces d'un décor estampé faisant alterner des oves et des rinceaux stylisés à l'extrême qui se rattache à une tradition ornementale ancienne telle qu'on la voit par exemple mise en oeuvre sur le bras et la châsse-reliquaire de Saint-Gildas-de-Rhuis au XIVe siècle. La croix-reliquaire de Saint-Gondran (Ille-et-Vilaine), connue par des documents de la fin du XIXe siècle, présentait au revers une ornementation semblable.

La croix "externe" qui sert en quelque sorte d'écrin à cette croix reliquaire se démarque par un type d'ornementation, exclusivement à base de perles et de pierres précieuses, en l'occurrence des rubis, très rarement rencontrée sur les pièces d'orfèvrerie bretonnes du Moyen-Age. En accord avec le luxe extrême des matériaux du décor, la plaque de la face antérieure qui lui sert de support est elle seule en or, alors que le reste de l'objet est en argent doré. Cette plaque d'or est percée à la croisée supérieure d'une petite croix pattée permettant d'entrevoir la relique -un fragment de la vraie croix-, et à la croisée inférieure de cinq trous qui symbolisent les cinq plaies du Christ. Malgré le très grand nombre de pierres et de perles disparues, il n'en reste que dix huit sur cinquante au total, il est assez aisé de restituer le principe d'alternance des perles et des rubis. Ce type d'ornementation faisant alterner des perles fines embrochées avec des pierres précieuses taillées en cabochons irréguliers et montées en bâtes fermées est parfaitement caractéristique de la fin du Moyen-Age. Plus précisément, le montage très particulier des rubis dans une bâte fermée élargie à mi hauteur dite « à cupule tronconique », le système de fermeture à charnières maintenues à l'aide de goupilles, appartiennent aux productions luxueuses du 14e siècle et du 15e siècle, à mi chemin entre le travail de l'orfèvrerie et celui de la joaillerie. La présence ancienne dans le trésor de Béganne de cette croix-reliquaire à double traverse est sans doute à rapprocher d'une antique chapelle dédiée à la sainte Croix, mentionnée sur le territoire paroissial à la fin du XIe siècle par le Cartulaire de Redon. Elle est également à rapprocher d´une croix reliquaire de forme semblable, récemment disparue, celle de Carentoir, oeuvre du XIIIe siècle issue des ateliers limousins ainsi que de celle de la Vraie Croix, réalisation sans doute bretonne de la fin du 15e siècle. D'autre part, malgré l'état extrêmement lacunaire du décor de pierreries et de perles qui a fait les frais de "prélèvements" intempestifs, il convient d'en souligner le caractère luxueux tout à fait unique dans l'orfèvrerie religieuse bretonne. Cette somptuosité sans égale parmi les oeuvres bretonnes conservées est sans doute à mettre en rapport avec le grand manoir de l'Etier situé sur la même paroisse, reconstruit à partir de 1445 par Guyon de Carné, membre du conseil privé ducal dès 1438. Ce puissant et riche personnage, issu d'un très ancien lignage breton dont le fief éponyme se trouve non loin de là sur la paroisse de Noyal-Muzillac, a fort bien pu offrir à la paroisse de Béganne ce précieux reliquaire réalisé selon le modèle des objets de dévotion privés en vogue dans les milieux princiers à partir du XIVe siècle.

Croix reliquaire, habituellement datée du 12e siècle, mais que l'analyse stylistique ainsi que le mode de montage des rubis permet de situer de la 1ère moitié du 15e siècle.

  • Période(s)
    • Principale : 1ère moitié 15e siècle

Croix-reliquaire à double traverse dont le couvercle en or, monté à charnières, est orné de cabochons de rubis et de perles alternées (il ne reste que cinq rubis et dix huit perles). A hauteur de la petite traverse est percée une croix pattée et à hauteur de la grande traverse, cinq trous. La partie inférieure du couvercle a été restaurée. A l'intérieur de ce reliquaire, se trouve une autre croix à double traverse, en argent estampé sur une âme de bois, dont seule la face antérieure est dorée.

  • Catégories
    orfèvrerie, bijouterie
  • Matériaux
    • or
    • argent, doré
    • perle
    • rubis
  • Précision dimensions

    h = 19 ; la = 7. Dimension de la petite croix : la = 6.

  • État de conservation
    • manque
  • Précision état de conservation

    Il manque la plupart des perles et des rubis de la croix contenante.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler
  • Protections
    classé au titre objet, 1947/12/27
  • Référence MH
Date(s) d'enquête : 2006; Date(s) de rédaction : 2006