L'ornement blanc conservé dans l'église de Ruffiac s'inscrit dans la tradition de la broderie pratiquée par les ateliers monastiques d'Ursulines qui ont porté cet art "mineur" à son sommet dans le courant du 17e siècle. Il a pu être commandé aux Ursulines de Malestroit. La chape est en satin brodé, le reste de l'ornement - chasuble, dalmatique, deux étoles, manipule et voile du calice - est en gros de Tours moiré et brodé.
Le décor sur fond de satin blanc, parsemé de vases d'iris, œillets, tulipes, pervenches ou pivoines, brodés en fils d'or, d'argent ou de soie polychromes, tous différents, destine l'ornement aux offices de la Vierge. Sur la chaperon de la chape, on a illustré un dogme dont l'iconographie s'est fixée à la fin du 16e siècle : l'Immaculée Conception. Marie, assise au-dessus du croissant, les mains jointes, la tête couronnée d'étoiles, foule le serpent. Elle est entourée de symboles des litanies, sortis tout droit du Cantique des Cantiques de la Bible et qui sont destinés à rappeler sa pureté, sa beauté ou son rôle de médiatrice entre les hommes et Dieu : elle est belle comme la lune, resplendissante comme le soleil, pure comme le miroir sans tache ; c'est elle la tour de David, le temple de Jérusalem, le puits d'eau vive, la fontaine, l'échelle de Jacob, l'Arche de l'Alliance, la porte du ciel.
L'ornement est peut-être celui offert en 1751 à la paroisse par le marquis de la Bourdonnaye, comme l'indique le registre des délibérations du général de la paroisse. Il a été réparé en 1883 à la suite du vote d'une somme de 500 F. par le conseil de fabrique de Ruffiac.
(M. -D. Menant)