Dossier de présentation du mobilier IM29005697 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, Lycées en Bretagne
La décoration au titre du 1% artistique du lycée Auguste Brizeux (Quimper), Lycée Auguste Brizeux, 6 rue Bourg-les-Bourgs (Quimper)
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  • Aire d'étude et canton Bretagne

"Armor" : bas-relief monumental de Pierre Toulhoat, en céramique de Quimper (8 m x 2,3 m).

Sur plus de 18 m2, Armor présente une allégorie de la Bretagne maritime ("armor" signifie "la mer" en langue bretonne), évoquant aussi bien la légende de la cité d'Ys que les activités de pêche, de construction navale ou de conserverie du proche pays bigouden. Bien qu’orpheline dans le lycée, Armor, achevé en 1962, est un élément d'un diptyque. Son pendant, Argoat (la terre en breton), est daté de 1971. Entretemps, Pierre Toulhoat avait mené son "ouvrage du même pas tranquille commandé par la nature de l'argile et ses rapports avec l'air, l'eau et le feu" (voir annexe PDF). Argoat n'a ainsi jamais été installé dans le lycée. L'emplacement qui lui avait été originellement dévolu n'était plus disponible, lorsqu'en 1971, l'artiste revint à "Brizeux" avec ses pièces de céramique. Argoat est aujourd'hui propriété du FRAC de Bretagne et est exposé dans le foyer de la salle des assemblées du Conseil régional, qui jouxte l'hôtel de Courcy, à Rennes. Pour Armor, Pierre Toulhoat reçut 43000 francs, entre 1961 et 1964.

L'agrément des instances nationales du 1%.

Au cours de sa séance du 6 octobre 1959, la section spéciale des bâtiments d'enseignement du Conseil général des Bâtiments de France avait émis un avis favorable au projet de décoration de l'internat de jeunes filles du lycée Brizeux, sous réserve que les bas-reliefs en céramique "soient protégés, d'une part, des chocs dus à la circulation et, d'autre part, des risques de fuite provenant des canalisations d'eau situées derrière le mur qui les supporte." L'avis nous apprend qu'"une sculpture en ronde bosse en béton et mosaïque" devait prendre place sur la terrasse, devant les foyers. Le 18 février 1960, Raymond Lopez, défendant les projets qu'il proposait devant la commission nationale d'agrément des artistes, exprimait son regret de ne pas avoir trouvé de sculpteur sachant travailler l'ardoise. Il avait originellement proposé Charles Gianferrari qui ne travaillait pas cette roche. Il était convenu ce jour-là de chercher, avec l'aide de la commission, un autre artiste pour la réalisation de la sculpture. Ce projet a été classé sans suite. La décoration initialement approuvée concerne donc le seul diptyque. La procédure fut l'occasion d'échanges intéressants.

L'Inspecteur d'académie, notamment, avait écrit au Ministre (DESUS), le 3 mars 1953 :

" Je sais que M. TOULHOAT se propose, si le choix que suggère M. Lopez est retenu, de soumettre ses projets au professeur de dessin du lycée Brizeux, à Mme la Directrice et à moi-même. Pour ma part, je pense qu'un excès de modernisme dans la facture du sujet, abstraction faite de sa valeur artistique intrinsèque, n'est pas des plus recommandable sans contrepartie dans un établissement d'enseignement. C'est là, évidemment, affaire de goût personnel.

En résumé, l'idée de M. Lopez de faire participer la faïencerie quimpéroise, de réputation mondiale, à la décoration du lycée Brizeux me paraît digne d'être retenue. Il propose le nom d'un artiste de valeur. Mais le projet présenté devrait faire l'objet d'un examen, et peut-être serait-il opportun de ne pas éliminer d'emblée, sans concours préalable, les autres faïenceries de Quimper" (Pierre Toulhoat travaillait alors avec Keraluc).

En matière de mise en concurrence avec d'autres faïenceries, démarche étrangère à la procédure du 1% artistique à cette époque, la demande de l'inspecteur d'académie ne fut pas suivie d'effet. Ses vœux furent cependant en partie exhaussés : l’œuvre de Pierre Toulhoat ne pèche pas par excès de modernisme. L'implication du haut fonctionnaire est-elle par ailleurs à l'origine du changement de sujet du bas-relief ? La première maquette du céramiste montre des jeunes filles en bikini, sur une plage. Elles ont disparu de la version réalisée. La documentation retrouvée ne permet pas de savoir si de telles images ont pu être jugées choquantes par les structures de l’Éducation Nationale. L'idée d'un diptyque, "Armor Argoat", pouvant, elle aussi, être à l'origine de l'abandon d'un thème quelque peu audacieux, pour décorer un lycée de jeunes filles, à la fin des années 1950.

Pierre Toulhoat a été agréé par arrêté, en date du 5 mai 1960.

Armel Morgant, dans son ouvrage dédié à cet artiste, explique comment Raymond Lopez a eu l'idée de le solliciter. Il décrit et contextualise l’œuvre. En annexes de ce dossier sont publiés deux extraits de ses interviews du céramiste, mais aussi créateur de bijoux, de vitraux... Pierre Toulhoat y présente, entre autres, l'histoire des deux bas-reliefs Armor et Argoat, telle qu'elle est restée gravée dans sa mémoire, ainsi que les techniques mises en œuvre pour les réaliser. En 1998, la revue Céramique et Verre a également publié sur ce sujet, un entretien avec Pierre Toulhoat, réalisé par Antoine Lucas.

Face aux répétitives relances de l'administration, pour lui presser un peu "le pas" et le conduire à finaliser le second volet du diptyque, Pierre Toulhoat jugea bon d'adresser au ministère un album de photographies annotées qui illustre également fort bien sa manière de travailler, son besoin de temps. Quelques pages de cet album sont publiées dans ce dossier.

La décoration murale disparu de Noël Pasquier.

Lors de la construction d'un externat à vocation scientifique, selon les plans de l'architecte quimpérois Louis Bizouarn (plan de 1977), 1% du coût de la construction a été consacré à la réalisation d'une peinture monumentale, sur le mur du préau situé au sud de cette barre.

C'est le peintre Noël Pasquier (né en 1941), qui a été proposé par l'architecte :

"Le thème s'imposait de par l'appellation du Lycée : "Lycée Brizeux". BRIZEUX, Poète du début du 19e siècle, a su chanter les aspects les plus sensibles des paysages bretons sans oublier leur côté mystique.

C'est pourquoi dans les différentes esquisses de l'artiste, j'ai choisi un jeu abstractif et nuancé de valeurs dont l'harmonie développe le sentiment du poète."

Noël Pasquier a été agréé par le directeur régional des affaire culturelle, conformément à la procédure pour les "1%" de moins de 50 000 francs, sur avis conforme du conseiller artistique régional. Son œuvre a bénéficié de 19 403 francs. Ce peintre appartenant au courant de l'abstraction lyrique, dont les tableaux sont régulièrement exposés à l'international, a dû proposer deux maquettes, la première étant jugée très sévèrement par le conseiller artistique régional, M. Jean-Marc Poinsot, le 22 mai 1979 :

"Je tiens à vous faire part de ma déception à la vue de l'esquisse. Vous me proposez une mauvaise peinture d'amateur en vacances. L'évocation de la Bretagne, des bords de mer, des oeuvres de Brizeux n'impliquent pas la médiocrité de votre maquette."

La seconde maquette a emporté l'adhésion. La décoration a disparu sous une couche de badigeon blanc, il y a quelques années.

Une autre décoration : L'Arbre de la connaissance (sculpture en métal de Pierre Manoli)

Le lycée possède une autre œuvre d'art, l'Arbre de la connaissance", une sculpture métallique de Pierre Manoli, acquise grâce au concours du Conseil régional de Bretagne, du rectorat et de la société Armor Lux. Elle est exposée dans le CDI, également décoré de vitraux du 19e siècle et de vitraux contemporains.

Armor, bas-relief en céramique de Quimper, de Pierre Toulhoat a été achevé en 1962.

La décoration murale disparue de Noël Pasquier datait de 1979.

  • Archives départementales d'Ille-et-Vilaine : 1343W109. Bâtiments civils. Lycée Brizeux Quimper- Marchés 61, 1961

    Archives départementales d'Ille-et-Vilaine : 1343W109

Documents d'archives

  • AN : 19771564/10. Archives du Conseil général des Bâtiments de France

    Archives Nationales : 19771564/10
  • Archives Nationales : 19880466/29 et 19880466/26. Dossiers du 1% artistique du ministère de la Culture / lycée Brizeux.

    Archives Nationales : 19880466/29 et 19880466/26

Bibliographie

  • Morgant [A.], Toulhoat, Spézet, Coop Breizh, 2007, 239 p.

  • BRANCHEREAU, Jean-Pierre, CROIX, Alain, GUYVARC'H, Didier, PANFILI, Didier. Dictionnaire des lycées publics de Bretagne. Geriadur liseoù publik Breizh. Histoire, culture, patrimoine, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, 656 p.

  • Hottin [Christian] Et Roullier [Clothilde], Un art d’État ? Commandes publiques aux artistes plasticiens, 1945-1965, Rennes, PUR, 2017, 257p.

  • Lucas, Antoine, "Pierre Touloat", Céramique et verre, n° 105, mars-avril 1999, pp. 18-22.

Documents figurés

  • Archives départementales d'Ille-et-Vilaine : 1944w54. Dossier du 1% du lycée Brizeux de Quimper, versement de la DRAC Bretagne, 1978-19798.

    Archives départementales d'Ille-et-Vilaine : 1944w54

Annexes

  • Interview de Pierre Toulhoat par Armel Morgant sur l'histoire des bas-reliefs Armor et Argoat.
  • Interview de Pierre Toulhoat par Armel Morgant sur sa technique de réalisation des grands bas-reliefs.
  • Interview de Pierre Toulhoat par Antoine Lucas dans la revue Céramique et Verre, N° 105, mars-avril 1999.
Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2019