L'aspect très néoclassique de la statuette s'accorde bien avec une datation vers le milieu du 19e siècle. La Vierge est vêtue d'une simple tunique couverte d'un manteau au plissé antiquisant et de sandales qui laissent apparaître ses pieds nus. Son attitude générale rappelle en outre le contrapposto des statues antiques. L'Enfant, qui se présente nu et bras ouverts, regarde droit devant lui, contrairement à Marie qui semble baisser les yeux vers son fils.
La Vierge et l'Enfant portent des couronnes fleurdelisées, de type fermé, qui sont vissées sur la tête et peuvent avoir été rapportées. Sous ces couronnes subsistent des restes d'argenture, traitement qui dut être administré à une partie de la statue au moins pour lui donner un aspect plus précieux que celui de l'alliage cuivreux dans lequel elle est fabriquée. Cet alliage est désormais visible, puisque l'argenture a disparu. Une dorure dut aussi être appliquée sur la statue pour accentuer son apparence de richesse.
Cette œuvre constitue un écho tardif et lointain des statuettes de Vierge à l'Enfant en argent, en vogue en Bretagne aux 17e et 18e siècles. Elle ne reprend pas les caractéristiques techniques de ces œuvres, qui étaient toutes façonnée en argent repoussé. Celle-ci est issue d'une simple fonte dans un moule.
Le socle en bois, marqué du monogramme marial (entrelacement des lettres M et A) et d'une inscription rappelant le nom de cette statue "Intron Varia ar Crann" ("Notre-Dame du Cran") reprend en revanche les codes de ces modèles plus anciens. Sous ce socle, un trou de fixation témoigne de la fonction processionnelle de cet objet.
[Garance Girard, enquête thématique régionale, 2023]
Chargée d'études à l'Inventaire