Parmi les 59 édicules ou édifices liés à l’eau (hors moulins) repérés sur la commune de Plogoff en 2018 et 2019, 25 d’entre eux sont des fontaines et 34 sont des lavoirs. D’autres ont été signalés mais n’ont pas pu être observé car détruits ou disparus sous la végétation.

Précisons que plusieurs photographies contenues dans ce dossier ont été réalisées par les membres de la section patrimoine et généalogie de l’association Cap-Accueil lors d’un important recensement des lavoirs et fontaines du Cap-Sizun. Nombreux sont les ouvrages qui ont été localisés grâce à ce travail.

Six édicules font l’objet d’un dossier individuel : les fontaines votives Saint-Guénolé, Saint-Fiacre, Notre-Dame du Bon-Voyage et leurs lavoirs associés, les ensembles lavoir-fontaine de Lescoff et Kerhuon et une fontaine qui se situait au sud de Kerveur lors de l’enquête de 1978, aujourd’hui disparue.

LES FONTAINES

On distingue deux types de fontaines sur la commune : Les fontaines de dévotion et les fontaines de « village », ou fontaines « rustiques » destinées à l’approvisionnement en eau potable ou à l’alimentation des lavoirs.

Trois fontaines de dévotion ont été repérées. Elles sont dédiées à saint Guénolé, saint Fiacre et notre Dame du Bon Voyage. Une quatrième, sélectionnée et signalée comme votive en 1978, a été démontée dans les années 1990. Elle portait une croix en granite sur son mur pignon. Selon les témoignages recueillis à Plogoff, deux autres fontaines portaient des croix sur la dalle qui protège la source : Feunteun Aod et Clucarec. Ces croix ont été ôtées à la fin du 20e siècle.

Les fontaines Saint-Guénolé et Notre-Dame du Bon-Voyage sont associées à une chapelle. La première, en ruines, se trouve à Laoual et la chapelle dont elle dépendait a disparu depuis longtemps. La seconde, datée 1713, est située dans une propriété privée à Toramur, non loin de la croix monumentale, à environ 300 mètres de la chapelle Notre-Dame du Bon-Voyage.

Toutes deux sont des édicules en pierre de taille, à bassin rectangulaire et niche à saint ménagée dans le mur pignon. L’ouverture de la fontaine de Toramur est en arc surbaissé. On peut penser que c’était également le cas de la fontaine Saint-Guénolé, au vu des pierres restantes.

La fontaine Saint-Fiacre, signalée par H. Perennes dans ses notices des paroisses, est associée à l’église paroissiale (le saint s’y trouve représenté avec une bèche). Elle se trouve sur la route de Cléden-Cap-Sizun, et est intégrée dans un muret. Au-dessus d’elle se trouve une pierre grossièrement taillée en losange portant la date de 1945 accompagnée d’une croix de lorraine.

Les autres fontaines repérées n’ont aucune fonction religieuse. La plupart d’entre elles consistent en de simples trous d'eau à peine maçonnés et recouverts d’une pierre plate. La structure est assez simple : le bassin, ainsi que l’édicule qui l’abrite sont de plan rectangulaire, en pierre parfois taillée (Kerudavel). Le toit est constitué d’une ou deux dalles de granite. Parfois incrustées dans un muret (Triguen, Kerguern, Kerhuon…), dans un talus (Kerudavel, Trogor…), ou encore au niveau du sol (Feunteun ar bleis au Rhun, Kervergar…), toutes sont associées à un lavoir.

Un grand nombre de ces fontaines a été cimenté dans les années 1930 à 1950 comme le montrent les dates relevées lors du recensement : Penneac’h (1933), Feunteun Aod à Pendreff (1936), Prat feunteun Vad à Lescoff (1949), Kerguidy Izella (1949), Kerven vihan (1950), Le Dreff (1951), Lescoff, près de la chapelle Saint-Michel (1951) etc…

Bien que certaines de ces fontaines se trouvent au cœur du village dont elles dépendent (Landrer, Kerudavel, Laoual, Clucarec…), on les trouve le plus souvent en périphérie plus ou moins proche. Certaines d’entre elles sont même assez éloignées, comme à Kerhuon (350 mètres du village), Prat feunteun Vad (450 mètres de Lescoff) ou Feunteun Aod (600 mètres du village de Pendreff).

Notons que cette dernière, ainsi que la « vieille fontaine » de Penneac’h, au vu de leur proximité avec la côte et une crique abritée, ont depuis longtemps servi à l’approvisionnement en eau douce des marins se préparant à affronter le raz de Sein. (L’abri de Feunteun Aod est signalé dès le Moyen-Age sur les portulans.)

LES LAVOIRS

L’étude du cadastre de 1837 ainsi que les témoignages recueillis à Plogoff mettent en évidence le nombre très important de lavoirs sur le territoire de la commune. Connaissant les mêmes problèmes de manque d’entretien que les fontaines et compte tenu du fait que certains ont été démontés, le recensement n’a permis de n’en trouver qu’une trentaine.

Les lavoirs repérés sur la commune de Plogoff peuvent se regrouper en deux catégories : le petit lavoir privé appartenant à une famille (Poul Prat, Keringard, Kerledec…) et le grand lavoir commun à tout le village. Les deux tiers d’entre eux ont été cimentés au milieu du 20e siècle (petit Loc’h, Kervergar, Lescoff, Kerguern, Landrer, etc…), mais d’autres ont conservé un appareillage en moellons de granite (Kerhuon, Kerveur, Trogor, etc…). De nombreux lavoirs sont entourés d’un muret de pierres dans lequel est aménagé un ou deux échaliers pour empêcher les animaux de venir boire dans le bassin.

Les lavoirs cimentés de la commune sont, dans la plupart des cas, en très bon état. Quelques-uns, comme à Kerguern ou Kergadalen, ont même leur fond carrelé. Certains d’entre eux, notamment dans la partie ouest de la commune, sont encore en fonction et entretenus par les habitants du village.

Sept lavoirs possèdent également une petite cabane en parpaings pour abriter les laveuses et leur matériel en cas de mauvais temps. (Prat feunteun Vad et Saint-Michel à Lescoff, Kerguern, Penneac’h, Laoual sud, Kerguidy Izella et Feunteun Aod à Pendreff).