Situé à l’extrémité sud-ouest de la presqu’ile du Cap-Sizun, le territoire de Plogoff revêt un caractère à la fois rural et maritime ; il couvre une superficie d’environ 1200 hectares et comptait au dernier recensement 1249 habitants (2547 habitants en 1968). La découverte d’un menhir à Lescoff, de vestiges de trois dolmens et de huit tumuli y signale une présence humaine dès le néolithique et à l’âge de bronze.
Liée à l'ancien évêché de Cornouaille, la paroisse de Plogoff est attestée dès l´époque médiévale, période dominée par l´autorité féodale des seigneurs de Kerazan (Cléden-Cap-Sizun), de Lezoualc’h (Goulien) et de Rosmadec (Pont-Croix).
Faisant partie de la communauté de communes Cap Sizun - Pointe du Raz, la commune est séparée, au nord, de sa voisine Cleden-Cap-Sizun par une vallée qui définit deux parties géographiques nettement distinctes : le nord aux sols plus propices aux cultures et à l´élevage accueille les grands villages agricoles comme Landrer, Kerstrat ou encore Trogor, alors que le sud, à dominante de landes qui s’étendent en faible pente jusqu’aux falaises de la baie d’Audierne, accueille les villages de pêcheurs de Penneac’h, Kerven Vihan ou Lescoff.
Les 16e et 17e siècles voient à Plogoff et dans tout le territoire une ère de grande prospérité où l’industrie des pêcheries, des sècheries et de la navigation était florissante. Celle-ci influe sur l´architecture religieuse dont un élément emblématique s’observe toujours aujourd’hui sur les murs extérieurs de l’église paroissiale et de la chapelle Saint-Yves : les « vaisseaux de pierre ». Ces bas-reliefs représentant des bateaux de pêche ont été, selon Daniel Bernard, sculptés par les marins eux-mêmes « pour bien marquer la part qui leur revenait dans ces bâtisses élevées de leurs deniers ».
Le 19e siècle a vu à Plogoff un renouvellement profond et exceptionnellement homogène de l’habitat rural qui a généré un type de bâti et de mobilier aux caractéristiques locales très prononcées aussi bien sur le logis que sur les dépendances agricoles. Très bien préservé, l’habitat traditionnel, ainsi que le nombre important d’édifices religieux, de croix, de lavoirs et de fontaines, les traces des activités liées à la mer telles que les ports abris et les éléments liés à la récolte du goémon, font de Plogoff un territoire patrimonial important.
Le tourisme, présent depuis longtemps sur le territoire, s´y est fortement développé ces dernières années autour du site de la Pointe du Raz.
L’ENQUÊTE :
L´inventaire topographique du patrimoine architectural de la commune de Plogoff a été réalisé entre octobre 2018 et décembre 2018 et s’appuie sur un inventaire réalisé entre 1977 et 1984 par le Ministère de la Culture. L´opération s´inscrit dans le cadre d’un partenariat entre la Région Bretagne, via le service de l’Inventaire du patrimoine culturel, et la communauté de communes Cap Sizun - Pointe du Raz autour du renouvellement du label Grand Site de France dont la commune fait partie.
Cet inventaire a pour finalité d´identifier, de localiser et de documenter les éléments appartenant ou susceptibles d´appartenir au patrimoine architectural et de présenter un état des lieux raisonné du patrimoine bâti. Les limites chronologiques sont fixées entre l´an 400 après J. C., et le milieu du 20e siècle (début du 20e siècle en ce qui concerne l’habitat rural). Ce cadre exclut le domaine de la fouille archéologique - toutefois traité ici dans un dossier de synthèse à l’échelle de l’aire d’étude.
Par ailleurs, l´inventaire ne rend compte du patrimoine ethnologique ou du patrimoine naturel que dans la mesure où il informe le bâti. C´est pourquoi la toponymie et l´implantation paysagère sont évoqués dans certains dossiers.
Les dossiers qui suivent sont classés du général ou du thématique (dossiers collectifs), au particulier. Les édifices uniques ou au contraire représentatifs revêtant un intérêt patrimonial à l'échelon communal, sont traités dans un dossier individuel. La restitution des données découle de la méthode d'analyse. A chaque élément sélectionné correspond une notice. Cependant, pour appréhender les familles d'édifices représentés en grand nombre (les maisons ou les lavoirs par exemple), il a été procédé à une sélection raisonnée d'unités à étudier, les caractères communs à chaque famille étant restitués dans le dossier collectif.
Ainsi sept dossiers collectifs ont été rédigés. Ils concernent les églises et chapelles, les croix monumentales, les moulins, les lavoirs et fontaines, les maisons et fermes, le mobilier rural et la récolte du goémon. De ceux-ci découlent 52 dossiers individuels.