Isolé à l’ouest du village de Keriolet, aux portes de la pointe du Van, ce four à pain borde un sentier de randonnée qui mène à l’ouest vers la chapelle Saint-They et au sud-est vers les moulins de Trouguer.
Ses murs sont montés sans chainage d’angle en pierre de taille avec des moellons grossiers de tailles diverses originairement liés entre eux par un mortier de terre (information orale). Le bâtiment présente trois ouvertures : une porte et un petit jour sur la façade sud et une deuxième fenêtre sur la façade nord. Le cul-de-four occupe le pignon est.
Contrairement aux maisons à four qui occupent la plupart des cours des fermes du Cap-Sizun, celui-ci se trouve à l’écart des habitations et son toit sans charpente consiste en de gros blocs de granite reposant directement sur la maçonnerie de ses murs. Ces dalles, ainsi que le cul-de-four, sont recouvertes de mottes de terre sur lesquelles s’est installée une couverture végétale irrégulière. Cet aménagement donne au toit du four une forme bombée.
En 1980, dans le tome 2 de son « Tiez, le paysan breton et sa maison », Jean-François Simon explique que « ce style de couvrement caractérise de petits bâtiments comme les puits, les soues ou les maisons à four, ou encore des annexes de construction comme certaines avancées en position d’appentis. […] Ce type de construction ne s’observe actuellement que dans le Cap-Sizun et peut s’expliquer par la volonté de mettre la bâtisse à l’abri des risques d’incendie. » Le recensement réalisé en 2018 et 2019 dans l’ouest du Cap-Sizun a en effet révélé certain de ces petits bâtiments, mais leur nombre est assez restreint.
L’intérieur du fournil montre un sol en terre battue, un plafond bas et une bouche en arc segmentaire dont la pierre de fermeture est brisée. À gauche de la bouche se trouve une étagère sous laquelle un évier a été intégré à la maçonnerie pour récupérer la cendre. Pour en faciliter le versement, un espace vide a été prévu dans le piédroit gauche de la cheminée. De l’autre côté, dans le mur sud, se trouve une niche qui accueillait la lanterne. Quant au four lui-même, il présente une voute totalement refaite en 2010 avec des briques réfractaires provenant de Langeais. La sole en granite est, quant à elle, d’origine.
Notons la présence de plusieurs fagots d’ajonc stockés dans le bâtiment dans l’attente du prochain allumage.
Bien que rarement rencontré, ce type de four à pain au toit en pierre et éloigné des habitations a également été observé dans le village voisin de Kerludu ainsi que dans les communes de Plogoff et Primelin aux villages de Kerherneau, Lescoff, Penneac’h, Pendreff et Kerforn. D’après les témoignages recueillis dans ces villages, il est entendu que ces fours étaient communs à toutes les familles du hameau, bien qu’aujourd’hui présents sur des parcelles privées. Il est intéressant de noter que le terme de « four banal » est souvent employé pour désigner le four de Keriolet.
Chargée d'études à l'Inventaire