• inventaire topographique, Fougères-Sud
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Manoir, Les Haris (Dompierre-du-Chemin fusionnée en Luitré-Dompierre en 2019)
Œuvre étudiée
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Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays de Fougères - Fougères Sud
  • Commune Luitré-Dompierre
  • Lieu-dit Dompierre-du-Chemin, Haris (les)
  • Cadastre 1936 A 35, 38, 40, 41, 44
  • Précisions commune fusionnée après inventaire Commune inventoriée sous le nom de Dompierre-du-Chemin
  • Dénominations
    manoir
  • Parties constituantes étudiées
  • Parties constituantes non étudiées
    édifice agricole

A la différence de Launay Vendel qui est un manoir de plaine, le vieux manoir des Haries est implanté au pied de la butte de granite qui domine le village de Dompierre-du-Chemin. Mais, alors que Launay Vendel est la maison seigneuriale de la paroisse et possède place et enfeu dans l'église, les Haries tourné vers l'est regarde vers Luitré sur lequel il exerce un droit de Haute Justice. Ce conflit entre le manoir de la plaine et celui de la butte ne cessera qu'au jour où le seigneur de Launay Vendel rachètera le château des Haries en concédant au seigneur droit d'enfeu et place dans l'église.

Le manoir

Banéat nous dit que l'ancien manoir des Haries appartient aux De la Boixière en 1476.

Il reste de cet ancien manoir la partie nord de l'actuelle habitation comprise entre le mur pignon nord et l'actuel refend qui est l'ancien mur pignon sud ; sur la façade ouest un collage avec restes de chaînage au niveau du refend, ainsi qu'une porte comblée au nord de celle qui donne aujourd'hui sur la cage d'escalier ; à l'intérieur, le dénivellement que l'on remarque entre les pièces situées de part et d'autres du refend auquel correspond, à l'extérieur - sur la façade est - une différence de niveaux des fenêtres, ainsi qu'une ancienne meurtrière aujourd'hui cachée dans un placard du mur nord de la salle au rez-de-chaussée, à droite du culot de la cheminée de l'étage au-dessus.

Cet ancien manoir comprenait, sous un toit en bâtière, deux volumes simples : une salle au rez-de-chaussée, avec cheminée sur le pignon sud, dans laquelle on pénétrait par la porte ouverte jadis à l'extrémité sud côté ouest (juste avant le refend) qui est aujourd'hui bouchée. Cette salle n'était éclairée que par une petite fenêtre à ébrasements biais sur le côté ouest et la meurtrière du mur nord. Au-dessus se trouvait une chambre, avec cheminée sur le pignon nord, surmontée d'un grenier.

Le château du 16e siècle

Décrit dans l'aveu de 1580 (est alors propriétaire le Limonier, écuyer), le manoir fortifié devient un château de plaisance qui garde tout de même un certain caractère fortifié. C'est un ensemble rectangulaire ordonnancé clos de fossés ou le vivier, à l'est, devient pièce d'eau et où les bâtiments adoptent un plan en U (dominante des éléments octogonaux) autour d'une cour avec fontaine. On y accède au sud par un pont avec portail. Dans le plan restitué selon l'aveu de 1550, on reconnaît le jardin carré dans celui qui subsiste encore devant l'habitation, ainsi que l'étang qui l'entoure (étang modifié ultérieurement vers le sud). Les propriétaires du château de Kodéan ont d'ailleurs conservé ces deux éléments.

On sait par les archives que, en 1562, les Haries passent par alliance à Gabriel de Montgommerie ; ce dernier blesse mortellement Henri II en 1559 et fut décapité en 1574 sur ordre de Catherine de Médicis. La présence d'une galerie dans ce château ordonnancé autour d'une cour à fontaine est un indice de luxe et suppose quelqu'un ayant notoriété et fortune, il est donc tout naturel de penser que la transformation de l'ancien manoir en château a pu être faite par les Montgommerie entre 1562 et 1574.

Les aménagements du 17e siècle

Les menuiseries, portes et fenêtres témoignent d'un réaménagement au 17e siècle. La réfection la plus importante est alors l'ajout d'un escalier monumental dans l'habitation actuelle, escalier dont la structure et le style des moulurations, des balustrades tournées sont typiquement 17e siècle.

On reconnait cet ajout à la constitution curieuse de la cage d'escalier. On ne trouve un refend que sur son côté nord, le côté sud est formé d'un mur en maçonnerie jusqu'au premier étage ; ce mur au premier étage se transforme en cloison légère à pans de bois, de part et d'autre de laquelle les solives de la chambre sud se prolongent.

Ces détails révèlent un espace unique à l'origine sectionné par une cloison pour construire la cage d'escalier ; ceci est confirmé au niveau du grenier par un seul refend (côté nord de la cage d'escalier) sur le côté ouest duquel une porte est comblée, elle ouvre aujourd'hui sur le vide ménagé par la cage d'escalier. De même les portes du premier étage ne sont pas en vis à vis, celle du nord est surélevée de deux marches.

Autres transformations probables : l'ouverture des fenêtres sur les côtés est de la salle et de la chambre de l'ancien manoir.

En 1615 le seigneur de Launay Vendel chevalier de l'ordre du Roi (chevalier de Bois le Houx) achète les Haries à Germain Le Lemonnier écuyer, conseiller du roi, lieutenant général des eaux et forêts et vanneries de Bretagne, tout en lui cédant un droit de sépulture dans l'église de Dompierre-du-Chemin : le seigneur de la plaine quitte alors son manoir rustique et rachète au seigneur de la Butte son château si important par son ordonnance extérieure ; on peut penser que non content de cette somptuosité extérieure il a voulu donner à l'édifice un caractère austère monumental intérieur en lui ajoutant cet escalier solennel.

Le 18e siècle : le château et l'exploitation

Le 18e siècle voit l'édifice seigneuriale se doubler d'une exploitation rurale par la construction d'un bâtiment de ferme implanté en retour d'équerre de l'autre côté du pont et des fossés. Ce bâtiment se composait d'un pavillon carré à étages avec grange attenante, pavillon qui en avant du pont était situé asymétriquement par rapport au pavillon sud du château. Il est représenté sur le cadastre de 1806.

On a le témoignage de certains aménagements intérieurs de l'habitation principale du château, dans les huisseries de la chambre sud du premier. La galerie a, dès cette époque, probablement disparu car elle n'est pas représentée sur le cadastre de 1806.

Le 19e siècle voit deux étapes différentes

1. L'état résidentiel : les embellissements romantiques

Plusieurs éléments contribuent à l'embellissement du site, il s'agit de la transformation du cadre en jardin à l'anglaise et la création d'une petite île dans l'étang. C'est ce que nous montre le cadastre de 1936. Il y a aussi la construction de l'actuel pavillon sud en avant de l'ancienne habitation de façon à donner sur le jardin à l'anglaise. Ce pavillon n'est pas représenté sur le cadastre de 1806 et a dû être construit très peu de temps après car il se rattache au début du 19e siècle par la simplicité et la modestie voulue des volumes intérieurs où le lambris s'intègre à l'architecture, par le profil de ces lambris et surtout par le soin apporté à l'appareillage extérieur traité d'une manière régulière et soignée, avec oculus au milieu du fronton.

2. L'abandon en ferme lors de la construction du château de Kodéan sous le second Empire

On construit alors à la place de l'ancienne galerie et probablement avec les pierres de cette dernière, l'étable nord, dont l'appareillage est très soigné et la grange ouest dont l'ossature de chêne est rajoutée en avant de murs préexistants.

Il y a également une extension du pavillon de ferme par des étables à l'ouest.

L'ensemble a été défini par son caractère de plaisance originel (château Henri II) auquel s'est assez rapidement associé une fonction rurale qui a provoqué la dégradation définitive des édifices. Il ne reste, de l'ensemble originel, que l'habitation très détériorée car le pavillon sud a été abattu pour faire place à une grange moderne.

Domaine dépendant de la Baronnie de Vitré et de la Châtellenie de Châtillon, la seigneurie des Haries s'étend sur plus de dix-sept fiefs en diverses paroisses et appartient à Pierre de La Bouëxière en 1476. Moins d'un siècle plus tard, en 1562, elle passe aux mains de Gabriel de Montgomery, l'auteur de l'assassinat du roi Henri II en 1559, décapité en 1574 sur ordre de Catherine de Médicis. Les Haries deviennent ensuite la propriété de plusieurs familles de la noblesse et appartiennent, au milieu du 19e siècle, aux Le Poullen dont le dernier représentant, Étienne, est député de l'arrondissement de Fougères.

Le manoir a subi de profondes modifications, notamment celles de 1970 qui ont fait disparaître le pavillon d'entrée et la tour carrée, partie la plus ancienne d'une véritable forteresse. Il semblerait que l'édifice actuel date du 18e siècle.

  • Période(s)
    • Principale : 18e siècle

Le hameau des Haries est situé au pied d'une butte granitique. On y accède par un chemin partant de la route de Fougères à Dompierre-du-Chemin à la sortie nord du bourg, contournant ensuite la butte pour rejoindre la route nationale. Un autre chemin est-ouest sépare le hameau en deux groupes de bâtiments distincts. On y trouve un grand étang à l'est et un jardin carré implanté sur l'étang. Une douve à demi asséchée longe les côtés nord et ouest de l'exploitation. Au sommet de la butte est construit le château moderne de Kodéan, dans son parc une percée relie le château à l'étang.

Le bâtiment est de plan rectangulaire aspecté à l'ouest, il comprend un rez-de-chaussée, un étage, et un grand escalier central, sous comble à deux versants. Simple en profondeur, le bâtiment se compose d'une pièce de part et d'autre de la cage d'escalier à chaque niveau. Le mur de refend transversal limitant au nord la cage d'escalier divise le bâtiment de fond en comble, la partie sud est plus basse d'une marche au rez-de-chaussée et dans le comble, de deux marches à l'étage.

Le bâtiment est construit en petit appareil irrégulier de granite jaune, et les encadrements d'ouvertures sont appareillés en grand appareil de granite gris. Les façades antérieures et postérieures sont très ajourées.

La façade antérieure ouest est ordonnancée, elle a trois travées d'ouvertures sur deux niveaux. Les ouvertures de la travée sud ne sont pas au même aplomb. Les ouvertures sont rectangulaires à encadrement de granite, linteau et appui monolithes, trois d'entre elles ont un linteau de bois. Les piédroits sont ornés d'un cavet. Entre la travée nord et la travée centrale, des traces de reprises au droit du mur de refend transversal sont visibles, ainsi que deux pierres saillantes et une petite porte obturée. Sous l'avant-toit, on trouve une corniche de bois en biseau.

La façade postérieure est irrégulièrement ordonnancée, elle a cinq travées d'ouvertures sur deux niveaux ; deux groupes de deux encadrent une travée axiale. Les deux travées nord comportent de grandes fenêtres à feuillures. Les appuis de fenêtres du deuxième niveau des travées nord sont plus hauts que ceux des autres travées.

Les façades latérales sont composées du mur-pignon sud qui est aveugle, des traces de reprises et un retrait d'aplomb au niveau du plancher de l'étage sont visibles ; et le mur pignon nord a également des traces de reprises multiples. Il y a deux niveaux d'ouvertures, le premier est masqué par un bâtiment en appentis mais il est percé d'une porte à linteau de schiste, d'une fenêtre carrée à linteau et piédroits en cavet et d'une niche rectangulaire en schiste. Le deuxième niveau est percé d'une porte et d'une fenêtre en plein cintre obturées. Le larmier à la base du pignon est percé de deux petites fenêtres carrées.

Le toit est à deux versants, à coyaux et couvert d'ardoise. Il y a deux souches de cheminée sur le pignon nord et le mur de refend. On trouve également sur le toit trois petites lucarnes rampantes sur chaque versant. Il y a un changement d'axe léger de la toiture de part et d'autre du refend.

L'escalier dessert à chaque niveau deux pièces symétriques. Il est entièrement en bois, tournant à gauche à une volée droite jusqu'à l'étage et à deux volées droites entre l'étage et le comble. On accède à l'escalier par la porte centrale ouest au rez-de-chaussée. L'escalier est éclairé par deux fenêtres en vis à vis dans les murs gouttereaux au niveau du palier de l'étage.

Le rez-de-chaussée est constitué de deux pièces : une cuisine au nord avec une cheminée et un cellier au sud dans lequel subsiste des traces d'une cheminée. A l'étage, on trouve deux chambres avec chacune une cheminée. La chambre située au sud fut transformée par la suite en grenier à grains, cette chambre est séparée de la cage d'escalier par une cloison en hourdis.

  • Murs
    • granite
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    1 étage carré
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • pignon couvert
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Bibliographie

  • BANÉAT, Paul. Le département d'Ille-et-Vilaine. Histoire, Archéologie, Monuments. Rennes : J. Larcher, 1927.

    Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel)
    pp.536-537
  • Le patrimoine des communes d'Ille-et-Vilaine. Paris : Flohic Editions, 2000. (Le patrimoine des communes de France).

    Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel) : 35G
    p.574
Date(s) d'enquête : 1969; Date(s) de rédaction : 1979, 2013