On a retranscrit ici les textes rédigés par les différents auteurs, lors des enquêtes successives :
Édifice construit 1ère moitié 16e siècle, partiellement conservé : tour d'escalier et partie de l'élévation postérieure ; reconstruction en deux campagnes 19e siècle.
(J. P. Ducouret)
Sourdéac apparaît dans le texte de la réformation (recensement de la noblesse) de 1427 : « L'hébergement et manoir de Sordeac entien appartenant à Guillaume de la Motte ouquel il demoure et y a métairie entienne et exempte ». Dans le texte de la réformation de 1448, « l’hostel de Sourdeac » appartient « au sire de la Roche d’Iré et de Boczac. Et à présent n’y a point de météer, et encienement ont accoustumé d’y sauver météer. » Dans le texte de la réformation de 1514, « Sourdéac aux filles du sieur de Rieux ». Le texte de la réformation de 1666 mentionne : « Le château de Sourdéac consistant en fieff et juridiction, méthairie de la Boutte Veillay , Beau Feraye, la Baye, prairies, moulins et passage. »
Après avoir acheté le fief de Sourdéac à Jacqueline de Rohan, Jean V de Rieux et son épouse Béatrix de Jonchères ont construit le château actuel entre 1548 et 1550 sur l'emplacement de l'ancien manoir.
(M. -D. Menant)
La construction du logis résulte d’un certain nombre de campagnes qui ont modifié le bâtiment au cours du temps, en en supprimant un des éléments principaux, l’aile de retour vers le sud.
Le manoir appartenant à Guillaume de la Motte, est mentionné dans la réformation de 1427 comme « entien », ce dont on peut déduire que le logis est construit depuis un certain temps ; cependant, aucun élément conservé ne semble antérieur à la 2e moitié du 15e siècle : de cette époque (vers 1460-1480) datent certaines des cheminées (au rez-de-chaussée, la pièce nord-ouest [cuisine] et la pièce médiane ouest, et à l’étage, la chambre nord-ouest), une autre masquée derrière une cheminée du 19e siècle (au rez-de-chaussée, chambre médiane), une encore remaniée et remployée sans doute de la partie détruite (rez-de-chaussée, pièce sud-ouest). Bien que l’aile de retour à l’ouest ait disparu à la Révolution, le plan général en L, avec tours secondaires à usage de service (au nord et à l’ouest) et tour d’escalier d’angle, semble aussi dater de la 2e 1/2 du 15e siècle : il faut mettre au compte de la famille de Rieux la construction de ce grand manoir.
La seconde campagne de construction est mieux connue : elle intervient lors du mariage en 1548 de Jean de Rieux, ancien évêque de Saint-Brieuc, puis de Tréguier avec Beatrix de Jonchères, dame de la Perrière, originaire d’Anjou. A la probable instigation de son épouse, Jean de Rieux fait reconstruire la belle tour d’escalier en tuffeau (sur la base de la tour d’origine dont les pierres sont visibles sur le pan droit) : l’entrée se fait désormais par la tour à l’image de l’architecture pratiquée en Val-de-Loire contrairement aux pratiques en usage en Bretagne. Les portes de communication entre la tour d’escalier et les pièces d’habitation et entre les pièces elles-même datent aussi de cette période, y compris celles d’accès aux deux corps hors-œuvre à usage de garde-robe et toilettes. Le manoir comporte alors un étage supplémentaire ce dont témoigne la porte bouchée au haut de l’escalier, ainsi que la gargouille insérée dans l’avant-dernier étage de la tour d’escalier, dont le trou d’évacuation se situe sur un ressaut de maçonnerie à l’arrière de la tour, limite de l’ancienne toiture ; ce dernier étage sans doute en partie sous comble devait aussi dater de la fin du 15e siècle.
A la Révolution, le manoir en mauvais état est vendu comme bien d’émigré à une famille nommée Eoche Duval (la parenté avec le nom de sucriers nantais Cossé-Duval est assez surprenante). C’est elle qui fait détruire l’aile sud du manoir, avant 1840 puisque cette aile ne figure plus alors sur le plan cadastral. Il paraît cependant difficile d’attribuer à cette période la réfection des baies sur la façade sud formée par la suppression de l’aile sud. Peut-être les ouvertures de tuffeau au nord datent-elles de cette époque. La chapelle à l’angle sud-ouest de la cour est alors encore en place, alors que la métairie fermant la cour à l’est est en ruines. Sur le plan cadastral de 1840 sont mentionnées deux parcelles (parcelle 927 et 928) nommées le colombier, mais ce dernier n’existe plus.
Dans la 2e moitié du 19e siècle, vers 1860-1880, peut-être en 1874, date à laquelle François Eoche Duval hérite du château, les ouvertures de la façade principale sont reprises en tuffeau dans un style néo-gothique copiant les ouvertures de la tour. Les traces de reprise autour de ces baies inclinent à y voir le remplacement des anciennes baies (en plus large) : la présence de deux murs de refend séparant le corps principal en trois pièces impliquait autant d’ouvertures anciennes. Au nord, les fenêtres à traverse sont doublées d’une seconde fenêtre en schiste local, tandis qu’une fenêtre à traverse ainsi qu’une porte sont ouvertes dans la tour de service ouest. Les fenêtres et les lucarnes en tuffeau (l’une des lucarnes supprimées à une date inconnue) sur l’élévation nord datent aussi du 19e siècle, mais peut-être d’une campagne plus ancienne : à l’étage, elles éclairent le couloir qui distribue les chambres, résultant d’une nouvelle distribution dans laquelle les chambres sont désormais indépendantes, alors qu’elles communiquaient auparavant. Au rez-de-chaussée, deux portes en plein cintre sont créées dans la pièce sud-ouest, pour desservir cuisine au nord et salon à l’est. De nouveaux communs, remises et logements, sont construits à l’ouest de la cour, tandis que la clôture de la cour disparaît, le portail d’entrée étant désormais sur la route.
En 1911, le manoir change de mains : le médecin nantais Bellouard qui l’achète procède sans doute peu après à la modification des ouvertures de la façade sud-ouest, dans un grès rouge caractéristique de la construction locale à cette période.
Au milieu du 20 siècle, des lambris du 18e siècle provenant d’un château de la Manche sont rapportés dans le salon au rez-de-chaussée.
(C Toscer)
Chargée d'études à l'Inventaire