Probablement situé sur l´emplacement d´un oppidum (vestiges de murs romains du 3e siècle, au bord de l´Oust), l´ancien château fort dominait la route qui franchissait là la rivière.
Les premiers propriétaires connus, les Derval, sont mentionnés en 1149. Les plus anciens vestiges de la construction actuelle - le donjon à l´est et la tour d´angle isolée, au nord-ouest - remontent au 14e ou au 15e siècle. Propriété successive de grandes familles bretonnes (Châteaugiron, Malestroit..), dont les membres fréquentent la cour du duc de Bretagne, puis le parlement à Rennes, la forteresse du Crévy a joué un rôle important durant les guerres de Religion, pendant lesquelles elle appartenait à un partisan d´Henri de Navarre, Pierre Rogier, sénéchal de Ploërmel. En 1644, l'épouse de ce dernier, Jeanne Descartes, y reçoit son frère, le philosophe René Descartes.
Vers 1700, sous l´impulsion de François II Rogier, a lieu une importante campagne de travaux : un logis est construit vers l´ouest à partir du donjon de l'enceinte médiévale et se dote d´une façade à cinq travées déployées sur quatre niveaux : rez-de-chaussée surélevé sur sous-sol, étage carré et étage de comble ; dans sa maçonnerie, l’édifice associe des moellons de schiste enduits avec des encadrements de baies, des bandeaux, une corniche et des lucarnes en pierre de taille de calcaire. A l’ouest, les communs sont édifiés durant la 1ère moitié du 18e siècle ; le parc, dont le réaménagement aurait été prévu par l´atelier de Le Nôtre, n´a pas subsisté. Vers 1750-1760, Pierre-René de Brilhac fait construire les communs est, dont le long bâtiment accosté de deux pavillons voisine avec les écuries.
Vers 1855, le nouveau propriétaire, Auguste du Breil de Pontbriand, fait appel à l'architecte rennais Jacques Mellet pour mettre le château au goût du jour : c’est ainsi que sont bâties les tours ouest du logis, dans un faux style médiéval très apprécié au 19e siècle et que l’on a appelé le style troubadour ; la décoration néogothique des lucarnes y fait écho.
Aujourd’hui, la chapelle est détruite, ainsi que les remparts qui entouraient le château ; l’édifice a subi d’importantes restaurations entre 1970-1980 : couverture du corps de logis principal et des petites tours, remise à neuf des 75 portes et fenêtres, réparation de la charpente de la grosse tour, effondrée en 1970, reprise des parquets, des plafonds et de différents éléments décoratifs… À partir de 1983, le château a abrité un musée du costume civil qui a depuis fermé ses portes.
(M. -D. Menant)
Architecte